Le milliardaire tchèque Babis en passe de réussir son pari

information fournie par Reuters •21/10/2017 à 15:38

    PRAGUE, 21 octobre (Reuters) - Le parti ANO de l'homme 
d'affaires Andrej Babis est arrivé en tête des élections 
législatives en République tchèque avec 29,1% des suffrages, 
selon des projections diffusées samedi. 
    Il devance les libéraux du Parti démocratique civique (ODS), 
la formation d'extrême droite SPD (Liberté et démocratie 
directe) et la version tchèque du Parti pirate, crédités de 
scores compris entre 10,4 et 11%. 
    Les sociaux-démocrates (SSD) du Premier ministre sortant, 
Bohuslav Sobotka, sont donnés à 7,4% des suffrages, soit leur 
pire score électoral depuis 1993 et la dissolution pacifique de 
la Tchécoslovaquie. Les chrétiens démocrates (KDU-SL), 
partenaire de coalition de Sobotka, ne remporteraient eux que 
5,9% des voix. 
    Ces estimations diffusées par l'agence Median sont basées 
sur le dépouillement de 8,8% des suffrages exprimés lors du 
scrutin étalé sur deux jours. 
    D'après cette projection, huit partis sont en mesure de 
franchir le seuil de représentation parlementaire fixé à 5% des 
voix. 
    Les opérations de vote, qui avaient débuté vendredi, ont 
pris fin samedi à 14h00 locales (12h00 GMT). 
    La République tchèque jouit d'une bonne croissance 
économique, d'un budget de l'Etat en équilibre et du plus faible 
taux de chômage de l'Union européenne, mais les électeurs sont 
las des acteurs traditionnels de la scène politique, et le parti 
de Babis, tout comme d'autres mouvements de protestation, 
avaient le vent en poupe. 
    ANO affiche une position de méfiance envers l'UE et se 
montre hostile à l'immigration. Il maintient sa rhétorique 
anti-système, bien qu'il ait fait partie de la coalition 
sortante avec les sociaux-démocrates et avec les 
chrétiens-démocrates centristes (KDU-SL). 
    Bien que l'immigration soit pratiquement inexistante dans le 
pays, ce dossier a joué un rôle important dans la campagne, 
presque tous les partis s'engageant à refuser des quotas de 
migrants que voudrait imposer l'Union européenne. 
    Une préoccupation partagée par d'autres pays de la région, 
comme l'ont prouvé les élections législatives autrichiennes de 
dimanche dernier, où la droite et l'extrême droite ont recueilli 
plus de 57% des suffrages. 
    ANO, qui signifie "oui" en tchèque et a été fondé en 2011 
par Babis, a su séduire à droite comme à gauche par ses 
promesses de réduire les impôts, de lutter contre la corruption 
et de contrôler les frontières du pays. 
    Andrej Babis, 63 ans, est le fondateur d'un empire financier 
qui a fait de lui la deuxième fortune et le premier employeur du 
pays, à la tête d'Agrofert, une société de plus de 200 
entreprises opérant dans l'agroalimentaire et la pétrochimie. 
 
 (Jan Lopatka et Jason Hovet; Guy Kerivel, Eric Faye et 
Henri-Pierre André pour le service français)