STRASBOURG, 8 novembre (Reuters) - La Turquie a décidé de réduire sa participation au budget du Conseil de l'Europe dans un contexte de crise entre Ankara et les institutions européennes depuis le coup d'Etat manqué du 15 juillet 2016 et la répression qui a suivi. La Turquie était devenue, en 2016, l'un des six "grands payeurs" du Conseil de l'Europe, un statut par lequel un Etat s'engage à participer à hauteur de 10% au budget (environ 33 millions d'euros) en échange d'un quota accru de fonctionnaires au sein de l'organisation. "J'ai été averti par M. (Mevlut) Cavusoglu (ministre turc des Affaires étrangères), que la Turquie voulait cesser d'être un grand payeur. Il va y avoir un dialogue à ce sujet", a indiqué le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, interrogé lors d'une conférence de presse à Strasbourg. Il a précisé que la Turquie n'avait pas expliqué sa décision. Cette annonce ajoute au climat de crise larvée parmi les 47 Etats de l'organisation de défense de la démocratie et des droits de l'homme, après que la Russie, autre grand contributeur, a elle-même suspendu sa participation au budget. Le Conseil de l'Europe et la Turquie se sont efforcés de maintenir le dialogue depuis deux ans en dépit de l'évolution autoritaire du pays et de son président islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan. Le gouvernement turc n'aurait cependant pas apprécié l'attribution le 9 octobre dernier du prix des droits de l'homme "Vaclav Havel" de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe à l'ancien rapporteur de la Cour constitutionnelle turque, Murat Arslan, emprisonné depuis la tentative de coup d'Etat. Le message de Mevlut Cavusoglu a été reçu lundi, à deux jours d'une rencontre officielle à Strasbourg entre Thorbjorn Jagland et Kemal Kiliçdaroglu, président du principal parti d'opposition turc, le Parti républicain du peuple (CHP). Ce dernier était invité du Forum de la démocratie, organisé par le Conseil de l'Europe, sur le thème du populisme. A l'issue de leur entretien, les deux hommes ont donné une conférence de presse au cours de laquelle ils se sont félicités de la qualité de leur échange et ont dit souhaiter la libération des milliers de membres de la société civile emprisonnés. "Nous apprécions certaines évolutions récentes, mais sommes toujours préoccupés par le fait que de nouvelles personnes sont placées en détention, comme Osman Kavala qui a été associé aux activités du Conseil de l'Europe", a dit Thorbjorn Jagland à propos de l'homme d'affaires et mécène turc placé en détention provisoire le 1er novembre pour "atteinte à la Constitution et à la sûreté de l'Etat". (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)
La Turquie réduit son financement au Conseil de l'Europe
information fournie par Reuters 08/11/2017 à 17:06
Mes listes
Une erreur est survenue pendant le chargement de la liste
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer