* Corsica Linea a tenté de déstabiliser le repreneur de la SNCM * Les syndicats satisfaits par le jugement du tribunal de commerce * La fusion entre le repreneur et ses anciens rivaux menacée par Jean-François Rosnoblet MARSEILLE, 1er mars (Reuters) - Le tribunal de commerce de Marseille a jugé lundi "manifestement illicite" l'ouverture en janvier dernier d'une ligne de fret entre Bastia et Marseille par Corsica Linea, une entité crée par deux anciens candidats malheureux à la reprise de la SNCM pour déstabiliser le repreneur désigné de la compagnie maritime. Il a enjoint Corsica Linea, conjointement lancée par Corsica Maritima et l'armateur Daniel Berrebi, de "cesser immédiatement toute activité de transport de fret" pendant une durée de six mois à compter du 20 novembre dernier. C'est à cette date à laquelle les juges consulaires avaient choisi le transporteur corse Patrick Rocca pour reprendre les actifs de la SNCM devenue MCM, une décision que ses anciens rivaux ont tenté de torpiller grâce à leur ligne de fret. Dans son jugement que Reuters a consulté, le tribunal a fixé une astreinte de 150.000 euros par infraction constatée. "On est très satisfait de ce jugement qui va aider à remettre les choses à l'endroit dans ce dossier et permettre à Patrick Rocca de faire tourner l'entreprise sans être confronté à une concurrence illicite et frontale", a réagi le secrétaire CGT du Comité d'entreprise de MCM, Jean-François Simmarano. Le tribunal a estimé que l'ouverture de la nouvelle ligne a eu "nécessairement des conséquences économiques sur le volume de fret" transporté par l'ex-SNCM et a causé un "trouble manifestement illicite" contribuant à davantage fragiliser la situation de la nouvelle compagnie Maritima Ferries (MCM). Le tribunal s'est appuyé sur le non respect par Corsica Maritima d'une lettre de confidentialité liant les repreneurs potentiels de la SNCM. FREIN A LA FUSION La décision du tribunal de commerce de Marseille est un frein à la volonté de fusion annoncée entre le repreneur de l'ex-SNCM et son ancien rival Corsica Maritima. L'accord entre les deux parties prévoit la cession de 100% des actifs de Patrick Rocca, qui a choisi de transiger. En contrepartie, le propriétaire de MCM entre au conseil d'administration de CM Holding, une entité créée par le consortium Corsica Maritima, dont il est devenu jeudi l'un des 15 principaux actionnaires. "L'OPA lancée par Corsica Maritima sur MCM est tout aussi illicite car elle relève de la même logique", a souligné Jean-François Simmarano. "Le jugement est une avancée considérable vers la prochaine étape qui est une ouverture du capital de la compagnie n'excédant pas les 49%, conformément au plan de reprise du 20 novembre". Pour les syndicats, l'ouverture totale du capital ne peut se faire sans l'autorisation du tribunal de commerce, ce que contestent les avocats de MCM et de Corsica Maritima. La fusion entre les anciens rivaux s'inscrit dans la volonté de la collectivité territoriale de Corse (CTC), dirigée par les nationalistes, de créer d'ici l'été une compagnie régionale pour assurer les liaisons entre la Corse et le continent. "On n'a aucun tabou sur ce que peut devenir la compagnie, à condition que cela se fasse dans un cadre raisonnable et raisonné et en respect avec les engagements pris", a dit le délégué CFE CGC Pierre Maupoint de Vandeul. L'interdiction par le tribunal des dessertes entre la Corse et le continent par Corsica Linea est limitée à six mois, durée de la clause de confidentialité, ce qui en théorie pourrait permettre une reprise des rotations le 20 avril. "Personne n'a intérêt à mettre la saison qui s'annonce en péril, ni les armateurs, ni la collectivité de Corse. Ce serait une erreur économique et politique majeure", a conclu le secrétaire CGT du Comité d'entreprise. MCM, qui compte aujourd'hui 903 salariés contre près de 1.500 avant la reprise de l'ex-SNCM par Patrick Rocca, présente une trésorerie d'environ 3 millions d'euros après paiement des salaires au mois de février et prévoit un exercice également excédentaire en mars. (Edité par Yves Clarisse)
La concurrence de Corsica Linea jugée illicite pour l'ex-SNCM
information fournie par Reuters 01/03/2016 à 11:35
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