Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

L'interview de Philippe Waechter (Natixis AM) : « La Fed a permis d'éviter un effondrement de l'économie américaine »
information fournie par Boursorama 30/10/2014 à 18:50

La fin du QE3 était programmée. Son annonce officielle n'a pas surpris les marchés.

La fin du QE3 était programmée. Son annonce officielle n'a pas surpris les marchés.

L’action de la Fed a permis à l’économie américaine de ne pas connaître un scénario catastrophe comparable à celui de la crise de 1929. La fragilité de la dynamique globale ne devrait toutefois pas précipiter un relèvement trop brutal des taux selon Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis AM.

Janet Yellen a annoncé mercredi soir la fin du QE3, la troisième édition du programme d’assouplissement quantitatif, sans provoquer de panique sur les marchés financiers. Rappelons que ce programme massif d’achats d’actifs a permis de réduire les taux d’intérêt et soutenu notamment la reprise du marché immobilier outre-Atlantique. Votre réaction ?

Philippe Waechter : La fin du QE3 n’est pas une surprise. La Fed dit ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dit. D’une base d’achats mensuels de 85 milliards de dollars d’actifs (obligations du Trésor, créances titrisées etc.) sur les marchés, la banque centrale américaine a procédé dès la fin 2013 à une diminution graduelle de ses achats (le fameux « tapering »). Le QE3 s’éteindra logiquement fin octobre mais le bilan de la Fed ne va pas diminuer pour autant. Si la Fed n’achète plus d’actifs, elle va maintenir ses stocks à des niveaux élevés pour ne pas déséquilibrer les prix des actifs.

En portant son bilan à près de 4.500 milliards de dollars, la Fed a-t-elle vraiment réussi son pari ?

P.W : Bien sûr, le bilan est élevé… mais la dynamique globale reste fragile et il faut se souvenir d’où l’on vient. L’activisme de la Fed a permis en partie d’éviter une répétition de la crise du début des années 1930. Il a fallu accompagner le choc subi par l’économie américaine en 2008, potentiellement bien supérieur à celui de 1929. Le PIB par tête a retrouvé ses niveaux d’avant-crise. Entre décembre 1928 et décembre 1929, la richesse des ménages américains n’avait baissé que de 3%. Entre décembre 2007 et décembre 2008, celle-ci a chuté de 16%. Face à un choc d’une telle ampleur, tous les moyens ont été mis en œuvre pour éviter une récession majeure. Les ménages se sont désendettés et l’économie américaine a retrouvé progressivement des marges de manœuvre. Le chômage est tombé en septembre sous la barre des 6% contre 8% au moment du lancement du QE3 en septembre 2012.

En l’absence d’inflation aux Etats-Unis (inférieure en moyenne annuelle à 2%), croyez-vous à une remontée des taux courts en 2015 ?

P.W : Elle est envisageable mais plutôt au second semestre 2015. L’amélioration de la situation du marché du travail devrait se poursuivre. Attention toutefois au précédent de février 1994 quand la Fed avait remonté ses taux en voulant prévenir des risques inflationnistes. Un constat qui n’était pas partagé par le marché et qui avait provoqué un krach obligataire. Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, la Fed restera très prudente et ne prendra aucun risque en ce sens.

Les dernières statistiques allemandes ne sont-ils pas le signe que le moteur économique européen a calé pour de bon ?

P.W : Le ralentissement de l’économie allemande n’est pas vraiment une surprise. La première puissance économique européenne, largement tributaire de son commerce extérieur, paye l’atonie de la demande européenne et une croissance chinoise moins dynamique, installée désormais en-dessous de 7%.

La France est-elle l’homme malade de l’Europe ?

P.W : Non, c’est l’Italie ! Le PIB par tête de la Péninsule est revenu à ses niveaux de 1998. L’économie italienne a subi un recul inquiétant depuis 2008. On peut toutefois espérer une amélioration de la conjoncture en Europe liée à la baisse des prix du pétrole. Avec une remontée prévisible des taux aux Etats-Unis en 2015, la baisse de l’euro pourrait également se poursuivre et donner un peu d’air à l’économie européenne. Les contraintes sont en passe de se desserrer progressivement.

Propos recueillis par Julien Gautier

6 commentaires

  • 01 novembre 08:53

    Il a raison.. Mais en bourse, on ne vous demande pas d'avoir raison mais d'être intelligent. Olivier Delamarche avait raison, mais il n'a pas eu l'intelligence d'acheter en 2009!


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.