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L'interview de Paul Younès (UFF) : "La crise fait aujourd'hui partie du quotidien des investisseurs"
information fournie par Boursorama 26/10/2015 à 15:54

Les Français ont peu modifié leur appétence pour les actions au cours des dernières années, alors que l'investissement locatif et l'assurance-vie convainquent davantage, explique Paul Younès.

Les Français ont peu modifié leur appétence pour les actions au cours des dernières années, alors que l'investissement locatif et l'assurance-vie convainquent davantage, explique Paul Younès.

L’UFF a récemment publié les résultats de son « observatoire », un travail d’enquête réalisé en collaboration avec l’Ifop au sujet de la clientèle patrimoniale. Dans ce cadre, nous nous entretenons avec Paul Younès, directeur général de l’UFF pour revenir sur les résultats de l’enquête et les perspectives des marchés de manière plus générale.

Le premier enseignement relevé dans votre « observatoire » est l’attrait des particuliers français pour les services bancaires en ligne. Quelles sont les principales raisons qui expliquent ce mouvement ?

38% des Français patrimoniaux se déclarent aujourd’hui disposés à réaliser l’intégralité de leurs opérations en ligne. Bien qu’ils soient encore très peu à le faire, le digital s’ancre dans leurs pratiques d’investisseurs et ils souhaitent poursuivre dans ce sens. Sur le modèle de l’ATAWAD (any time, anywhere, any device), les Français patrimoniaux recherchent à la fois la rapidité, la flexibilité et la possibilité de pouvoir réaliser des opérations à toute heure.

En parallèle de cette percée claire, l’Observatoire montre, année après année, une tendance toujours plus forte des Français Patrimoniaux à se tourner vers un conseiller spécialisé ou un conseiller en gestion de patrimoine. Selon moi, il y a donc deux mouvements qui se constituent. D’un côté, les HENRY’s  (High Earning, Not Rich Yet), ces clients jeunes, multibancarisés, qui estiment qu’ils peuvent agir seul grâce aux nouveaux canaux digitaux, et de l’autre, les WENDY’s (Wealthy Enough, Not Digital Yet), qui éprouvent davantage le besoin d’être accompagnés par un spécialiste capable d'apporter une vision globale et de donner du sens à leurs investissements. Je pense que ces deux groupes n’en feront plus qu’un à l’avenir. Indéniablement, la praticité du digital transforme nos modes de consommation pour les opérations courantes, mais pour avoir une vision macroéconomique, savoir quelle solution souscrire et comprendre pourquoi elle répond parfaitement à son projet de vie ; pour cette valeur ajoutée, la rencontre avec un conseiller conservera toute sa pertinence. L’enjeu pour nous sera d’accorder aux services en ligne, toute l’importance qu’ils méritent en gardant à l’esprit que le conseil et la relation client reste l’impératif.

De nos jours, les placements « sans risque » sont devenus très peu rémunérateurs. Quels sont les principaux arbitrages des Français « patrimoniaux » dans ces conditions ?

En effet, les investisseurs patrimoniaux prennent conscience que les placements sans risque n’offrent que peu de rendement. L’enjeu pour eux réside donc, dans le fait de prendre un peu plus de risques pour aller chercher des placements plus rémunérateurs. Ils affichent ainsi une volonté de réaffecter leur patrimoine, en témoignent le recul de l’intérêt pour les produits à capital garanti (-11 points entre 2014 et 2015), les assurances vie en euros (-11 points) ou pour les obligations d’Etat (-17 points) et a contrario, le net regain d’intérêt pour l’assurance vie multisupport (+5 points entre 2014 et 2015) et l’immobilier locatif d’investissement avec le dispositif Pinel (+7 points).

Vous ne citez donc pas directement les actions, vis-à-vis desquelles les Français semblent rester très prudents. Est-ce selon vous lié aux déboires boursiers de l’été, ou cette méfiance reflète-t-elle une tendance plus générale ?

Les Français patrimoniaux sont de moins en moins sensibles aux évolutions de l'environnement économique. L’étude a été faite fin août - début septembre, soit juste après le pic de la crise grecque et au cœur de la crise chinoise, et pourtant 70% d'entre eux déclarent ne pas modifier leur comportement d'investissement en fonction de la conjoncture. C'est le plus haut niveau constaté depuis 7 ans. La crise fait aujourd’hui partie du quotidien des investisseurs. Cette attitude plus sereine des Français patrimoniaux traduit une certaine maturité vis-à-vis des aléas de conjonctures, alors que les marchés financiers, eux, semblent à chaque fois sur-réagir.

Si les Français patrimoniaux sont plus matures dans leurs comportements de placements, leur niveau d’ouverture au risque reste toujours très faible. Je crois que l’appétit individuel au risque est davantage lié à des critères structurels comme l’âge, la condition sociale ou encore sa propre expérience du risque. Ce que l’on constate aussi, c’est que l’attrait pour les actions est stable depuis 3 ans. Les intentions d'investissement indiquent cependant, que les patrimoniaux ont pris la mesure de la baisse inexorable du rendement des actifs sans risques et pensent que c'est le bon moment d'investir dans des placements susceptibles d’apporter un surcroit de rendement en échange d’une prise de risque relative et calculée.

À propos des marchés financiers, quel est votre regard à moyen terme sur l’évolution des places européennes ? La tendance haussière à l’œuvre depuis 2009 est-elle remise en cause par les inquiétudes sur la Chine, la croissance et la production industrielle mondiale ?

La psychologie des marchés a changé depuis cet été. D'une tendance relativement claire avec un 1er semestre performant, alimentée par le soutien des banques centrales, nous sommes entrés dans un monde plus incertain dans lequel les craintes semblent l'emporter sur les bonnes nouvelles.

Au cours de l'été les marchés ont pris conscience du fait que la dynamique de la croissance mondiale était fragile. On peut citer en particulier : les incertitudes autour de l'intensité du ralentissement de l'économie chinoise, une économie américaine certes en redressement mais sous son potentiel de long terme (en dépit du soutien sans limite de la FED depuis 5 ans), et une légère embellie sur le vieux continent mais à un rythme trop faible pour résoudre les déséquilibres nés de la crise de 2008.

Concernant les marchés européens, il est vrai que les facteurs de soutien paraissent nombreux : pragmatisme de la BCE qui a lancé un programme de rachats d'actifs en janvier (et qui pourrait même l'intensifier dans les prochains mois), dépréciation de l'euro restaurant la compétitivité des entreprises européennes à l'export, cours du pétrole bas favorisant une amélioration des marges des entreprises... Cela devrait, en toute logique, favoriser les actifs risqués européens et notamment les actions à horizon moyen-terme.

Pour autant, les premiers résultats des entreprises européennes (qui étaient encore attendus en nette amélioration il y a quelques semaines) vont sans doute traduire une plus grande prudence à venir des chefs d'entreprises et des analystes.

En résumé, si les actions européennes présentent selon nous un réel potentiel, nous pensons que des accès de volatilité au cours des prochains mois ne sont pas à écarter.

Dans ce cadre, à l’UFF, quelles ont été vos récentes réallocations d’actifs au sein des fonds que vous gérez ?

Dans ce contexte global, nous avons véhiculé un message de prudence à nos clients en les incitant, dès le mois de mars, à acter leurs plus-values latentes au sein des leurs PEA ou leur assurance-vie. Depuis septembre, nous incitons nos clients à réinvestir sur les actions européennes de façon progressive afin de minimiser les risques de timing défavorables à court terme.

Cette prudence constructive se retrouve dans la gestion de nos gestions flexibles et patrimoniales. En effet, depuis la fin du mois d'août, si les actions européennes représentent l'essentiel de l'exposition actions de ces portefeuilles, l'équipe de gestion a mis en œuvre et maintient toujours des instruments de couverture afin de limiter l'impact de toute nouvelle correction potentielle.

Propos recueillis par Xavier Bargue

1 commentaire

  • 26 octobre 16:29

    c'est quoi l'UFF ??


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