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L'interview de Marc-Antoine Collard (Rothschild & Cie Gestion) : « Il n'y aura pas d’accord sur la Grèce à Riga »
information fournie par Boursorama 23/04/2015 à 17:42

Plus le temps passe, plus la Grèce aura des difficultés à respecter ses échéances financières

Plus le temps passe, plus la Grèce aura des difficultés à respecter ses échéances financières

Une nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros doit être versée à la Grèce dans le cadre du deuxième plan d’aide. Mais les négociations sont dans l’impasse estime Marc-Antoine Collard, chef économiste, responsable de la recherche économique chez Rothschild & Cie Gestion.

Vendredi, le sommet de l’Eurogroupe prévu à Riga va être une fois de plus consacré au dossier grec. En jeu, le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide de 7,2 milliards d’euros à Athènes. Faut-il s’attendre à des avancées concrètes ?

Marc-Antoine Collard : Non. La probabilité d’arriver vendredi à une entente entre la Grèce et ses créanciers est pratiquement nulle. L’échéance qui aurait dû se débloquer vendredi sera vraisemblablement repoussée à la prochaine réunion de l’Eurogroupe, prévue à la mi-mai. De part et d’autre, les créanciers et le gouvernement grec peuvent encore patienter et cherchent à gagner un peu de temps…

On cherche à gagner du temps mais les négociations sont dans l’impasse… Certains évoquent un possible défaut de la Grèce dès le mois de juillet…

M-A.C : C’est exact, mais le gouvernement grec a mis en place de nouvelles initiatives visant à faire face à la pénurie de liquidités, notamment grâce au décret publié en début de semaine visant à obliger les entreprises et les administrations publiques à transférer à la banque centrale leurs surplus de trésorerie. Mais il est vrai que plus le temps passe, plus il sera difficile pour le gouvernement grec de respecter ses échéances. D’autant qu’on ne connaît même pas le niveau des réserves disponibles. Quant au secteur bancaire grec, il suscite des inquiétudes croissantes.

Qu’en est-il plus précisément ?

M-A.C : Semaine après semaine, la BCE augmente les versements de liquidités d’urgence au secteur bancaire (programme ELA). L’encours dépasse aujourd’hui 75 milliards d’euros. Or, les banques grecques font face à de sérieux besoins de liquidités. De décembre à février, les dépôts bancaires ont diminué de 25 milliards d’euros, ce qui fait que les dépôts bancaires détenus par les ménages et les entreprises ont atteint leur plus bas niveau depuis 2005. Le secteur bancaire grec est maintenu à flot par ce programme de liquidités d’urgence fournies par la BCE mais une accélération de la fuite des dépôts pourrait se révéler potentiellement dévastateur.

Au final, les craintes d’un « Grexit » sont-elles à nouveau justifiées ?

M-A.C : Une sortie voulue me paraît très improbable. Les sondages réalisés auprès de la population grecque montrent qu’il ne s’agit pas d’un souhait partagé par les électeurs. Maintenant, un accident est toujours possible. En cas de défaut sur la dette grecque, la BCE arrêterait probablement de fournir des liquidités au système bancaire qui s’effondrerait inexorablement et provoquerait peut-être une sortie de la Grèce de la zone euro. Il ne s’agit pas du scénario principal que nous avons retenu mais il faut toutefois le prendre en compte.

Que peut-il se passer au cours des prochains mois ?

M-A.C : Aujourd’hui, la Grèce fait face à un problème de liquidité. L’Etat grec a besoin d’argent pour rembourser ses créanciers dans le cadre du deuxième plan d'aide. A partir de l’été, c’est le problème de soutenabilité de la dette qui sera remis sur la table. La Grèce devra faire face à de nouvelles échéances cruciales. Comme elle ne pourra pas se financer sur les marchés, un troisième plan d’aide va devoir être négocié. Tout le monde reconnaît qu’en l’état actuel, la dette grecque n’est pas soutenable. Au final, il n’est pas impossible qu’un accord combine à la fois une liste de réformes présentées par le gouvernement grec et un abandon d’une partie de la dette grecque par ses créanciers. Mais le bras de fer va durer encore plusieurs mois. Cela ne fait guère de doutes.

Propos recueillis par Julien Gautier

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