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L'interview de Frédéric Dodard (SSgA) : des perspectives 2015 mitigées
information fournie par Boursorama 05/01/2015 à 13:20

Pour Frédéric Dodard, "il ne faut pas être naïf" vis-à-vis des perspectives de l'UE.

Pour Frédéric Dodard, "il ne faut pas être naïf" vis-à-vis des perspectives de l'UE.

Alors que l’année 2015 vient de débuter, Frédéric Dodard, responsable du pôle solutions d’investissement chez SSgA, nous confie ses impressions sur les perspectives des marchés au cours de l’année à venir.

Parlons tout d’abord de la Grèce. En janvier auront lieu les élections législatives qui font peser quelques incertitudes à court terme. Qu’en pensez-vous ?

F.D. : J’aurais une réponse pondérée. D’une part, c’est un événement qui ne devrait pas avoir assez d’impact pour modifier profondément la tendance des marchés mondiaux. Néanmoins, cela met de l’huile sur le feu en Europe en rajoutant de l’incertitude politique et économique. Ce n’est pas bon, mais le problème reste local pour le moment. Il n’empêche que le sujet provoque une remontée de l’aversion au risque de la part des investisseurs et le retour de primes de risque sur certains actifs de la zone euro.

Surtout, les élections grecques ne sont pas les seules élections à venir en 2015. Il y aura plusieurs autres échéances électorales qui pourraient provoquer de l’incertitude. Ce sera notamment le cas au Royaume-Uni où les discours eurosceptiques pourraient, eux aussi, jeter de l’huile sur le feu. Dans un contexte européen qui ne s’améliore pas, un choc supplémentaire pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

À propos d’incertitudes, on pense également à la Russie. Pensez-vous que la situation pourra s’améliorer l’année prochaine ?

F.D. : Nous sommes prudents à négatifs sur les émergents. En ce qui concerne la Russie, les difficultés ne semblent pas prêtes à s’arrêter tout de suite avec la poursuite du conflit en Ukraine et les faibles prix du pétrole. Il est difficile de donner un avis sur l’évolution à venir du rouble, mais il semblerait que la monnaie russe se stabilise un peu. On peut même envisager un léger rebond après la forte chute de ces dernières semaines. Ce genre de pari reste néanmoins réservé aux audacieux. Nous préférons rester très peu exposés sur ce type de marché.

Dans ce cas, quels marchés et quelles classes d’actifs privilégiez-vous ? Votre préférence va peut-être plutôt aux actions américaines ?

F.D. : Nous avons beaucoup réduit nos prises de risques depuis le mois d’octobre, notamment sur notre exposition aux marchés d’actions. Plusieurs indicateurs ont commencé à inciter à la prudence en faisant ressortir une certaine détérioration de l’environnement économique.

Nous restons investis sur les actions américaines mais également sur les marchés d’Asie-Pacifique. La bonne dynamique de l’Asie-Pacifique devrait notamment être soutenue par la baisse des matières premières dont dépend beaucoup cette région. Même si nous restons investis sur les actions américaines, nous avons tout de même réduit notre exposition du fait de la valorisation déjà élevée des marchés américains. En même temps, il ne faut pas forcément voir cette forte valorisation comme un frein : cela vient aussi de la bonne dynamique des marchés américains où le S&P500 bat des records historiques même si le Nasdaq n’a pas retrouvé son niveau de l’année 2000.

Nous sommes en revanche négatifs sur les actions européennes. Il ne faut pas être naïf sur les incertitudes de long terme liées à la direction économique et politique de l’UE.

Vos perspectives sur l’Europe ne sont-elles pas contrebalancées par la baisse de l’euro face au dollar ?

F.D. : Les entreprises européennes exportatrices en dollars devraient certes bénéficier d’une amélioration de leurs résultats grâce à un effet de change positif. La baisse du pétrole sera également bénéfique. L’impact est surtout attendu sur les résultats du premier trimestre 2015 davantage que sur les résultats 2014, la baisse de l’euro et du pétrole étant surtout intervenue en fin d’année.

En même temps, beaucoup d’entreprises se sont protégées à moyen terme sur les marchés pour se prémunir des variations. C’est par exemple le cas des compagnies aériennes dont Air France qui en a peu bénéficié jusque- là. Par ailleurs, il faut aussi penser aux entreprises exportatrices vers la Russie, qui pâtiront quant à elles de la dévalorisation de la monnaie russe.

Qu’attendez-vous de la BCE ?

F.D. : La BCE va bien sûr conserver ses taux bas au cours de l’année à venir. Pour autant, l’inflation étant presque nulle en zone euro, les taux d’intérêt réels ne sont pas si faibles. Avec la chute des prix de l’énergie, l’inflation pourrait même encore se contracter de plusieurs dizaines de points de base.

Quant au quantitative easing, ce n’est pas la panacée pour résoudre les problèmes. Cela reste avant tout une arme à activer en cas de crise, en quelque sorte une arme de dissuasion pour calmer les marchés lorsque cela est ou sera nécessaire.

Côté américain, pensez-vous que le rythme de croissance actuel de 3% et plus pourra être conservé ? On s’interroge aussi sur le fait que l’exploitation du pétrole de schiste ne serait pas forcément rentable au prix actuel du baril.

F.D. : On peut encore attendre un ou deux trimestres de très bonne qualité aux Etats-Unis début 2015. Peu de choses pourraient freiner la croissance, en-dehors d’une très mauvaise nouvelle non escomptée et qui paraît très peu probable aujourd’hui. L’année dernière, l’hiver très rigoureux avait pénalisé l’activité. Cette année,  l’hiver est pour le moment plutôt doux mais il ne fait que commencer.

Quant au pétrole de schiste, il faudra sans doute attendre le second semestre 2015 pour savoir si les exploitations sont rentables ou non en fonction de l’évolution du pétrole. Si ce n’est pas le cas, cela pourrait éventuellement être une mauvaise nouvelle qui pourrait provoquer une baisse des marchés et davantage de volatilité.

Propos recueillis par Xavier Bargue

2 commentaires

  • 06 janvier 16:45

    Tout ça pour dire qu'il faut s'abstenir! Les sanctions empêchent le business avec la Russie sans résoudre le problème. Quant au QE et un taux BCE à 0.05% on baigne dans l'économie "casino", les banques n'ayant toujours pas été bridées. La France va trinquer durement lorsqu'ils remontent les taux un jour et enfoncent le déficit.


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