(NEWSManagers.com) - fin de pousser les Etats à
adopter un comportement responsable et respecter les accords de
réduction de CO2 dans le sillage de la COP 21, Abdeldjellil Bouzidi,
économiste, enseignant à l'université Paris 3 et dirigeant de Emena
Advisory, propose la création d'obligations souveraines carbone. Le taux
d'intérêt de ces obligations serait lié aux objectifs de réduction de
CO2. Par exemple, les gouvernements pourraient fixer un taux de
rendement sur leurs obligations qui rémunérerait davantage les
investisseurs lorsque la proportion d'énergies renouvelables sur un an
tombe en-deçà d'un objectif exprimé en pourcentage, a expliqué
Abdeldjellil Bouzidi lors d'une table ronde organisée par le Forum pour
l'Investissement Responsable (FIR). A l'inverse, plus un gouvernement
réduit ses émissions de CO2, moins il versera d'intérêt.
L'idée
est que " les Etats utilisent la dette pour " promettre " aux
investisseurs qu'ils respecteront leurs politiques, et ce à coût zéro
pour eux s'ils respectent leurs promesses " , expliquent Abdeldjellil
Bouzidi et Michael Mainelli ,
executive chairman de Z/Yen Group, dans un article publié
conjointement. Pour eux, il y a ainsi une incitation claire pour
l'émetteur à réduire le CO2 quelle que soit la méthode utilisée.
Toutefois,
la relation inverse entre réussite et rendement suscite la perplexité
de la communauté des investisseurs " responsables " rapidement sondés
lors de cette table ronde. " Pour moi, ce n'est pas un produit pour un
investisseur responsable " , affirme Philippe Zaouati ,
directeur général de Mirova. " Nous déployons une énergie considérable
auprès des investisseurs pour expliquer que l'investissement responsable
doit être performant. Nous aurions donc du mal à expliquer qu'ils vont
obtenir davantage si l'émetteur échoue " , poursuit-il. D'autres ont du
mal avec l'idée de " récompenser " des Etats pour des objectifs auxquels
ils se sont astreints.
Philippe Zaouati
appelle en revanche de ses voeux le développement d'obligations vertes
souveraines, qui viendraient combler un vide sur ce segment de marché.
Pour lui, ce serait une solution " plus évidente " . Pour Dominique
Bureau, professeur à l'École Polytechnique, délégué général du Conseil
économique pour le développement durable (CEDD), l'objectif du
dispositif des obligations souveraines carbone est de " renforcer le
lien entre extra-financier et dette souveraine " . De plus, pour lui, "
la finance dans son ensemble a besoin que les Etats soient crédibles sur
leurs politiques climatiques " .
En tout cas, l'idée aurait reçu
un accueil positif de la part de l'Unep (Programme des Nations Unies
pour l'Environnement). Si elle se concrétise, elle mettra du temps à
voir le jour. Et produit davantage solidaire que responsable
s'adresserait davantage aux assureurs.
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