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« Gouvernement économique de la zone euro : réalité ou fantasme » par Jean-Paul Pollin du Cercle des économistes
information fournie par Boursorama 27/07/2015 à 11:25

Contrairement aux intentions initiales, la monnaie unique a renforcé les économies puissantes et affaibli les économies fragiles.

Contrairement aux intentions initiales, la monnaie unique a renforcé les économies puissantes et affaibli les économies fragiles.

Ragaillardi par le récent accord sur la Grèce auquel il a contribué, François Hollande n’a pas attendu pour proposer de renforcer la construction européenne. Parmi les projets du président de la République : la création d’un gouvernement économique de la zone euro. Jean-Paul Pollin pèse les différents arguments présents dans la balance.

Pour tenter de minorer, voire de positiver, les déchirements entre pays européens que la crise grecque a déclenchés, François Hollande a proposé la création d’un gouvernement économique de la zone euro. C’est dans son principe une idée salutaire tant il est apparu que l’union monétaire, en manque de souveraineté politique, était intenable. C’est d’ailleurs pourquoi certains économistes avaient, en temps opportun, jugé irresponsable le lancement de l’euro sans union politique. D’autres faisaient alors le pari que l’instauration de la monnaie unique contraindrait les pays partenaires à s’engager sur la voie du fédéralisme. Mais les uns comme les autres avaient bien compris qu’il ne pouvait y avoir d’union monétaire sans mécanismes de partage des risques et donc de solidarité, entre ses membres.

L’idée d’un gouvernement économique est du reste si pertinente qu’elle a déjà été proposée un bon nombre de fois, et depuis longtemps. En particulier elle était à l’origine de la création de l’Eurogroupe lorsqu’il est apparu souhaitable d’avoir une coordination des politiques économiques (budgétaires notamment) face à la BCE, la seule institution fédérale. L’impératif d’une gouvernance de la zone a aussi été claironné au début de la crise financière quand on s’est aperçu que la discipline du pacte de stabilité était sinon « stupide » (pour reprendre l’expression de monsieur Prodi), du moins très insuffisante. Malheureusement, aucune de ces initiatives n’a permis de remédier au vice originel de l’union monétaire.

Cette idée de gouvernement économique, qui semble raisonnable et juste, n’a donc jamais réussi à se concrétiser. Comment l’expliquer ? Sans doute parce que l’on minore les divergences d’intérêts et de conceptions entre les pays membres de la zone. Ces divergences s’enracinent dans des modèles économiques et sociaux, des architectures politiques et institutionnelles, des visions du rôle de l’Etat et des marchés très dissemblables et qui s’enracinent dans une histoire longue.

Mais alors peut-on penser que le psychodrame que l’on vient de vivre a suscité une prise de conscience et une volonté de mieux faire dans les pays de la zone, ou du moins chez ceux qui en assument le leadership ? On aimerait le croire, mais ce serait nier la réalité. Car la violence des débats autour du cas grec, et donc de l’avenir de la zone euro, n’a pas seulement révélé des dissensions, il les a exacerbées. Contrairement à l’idée naïve de ses partisans qui pensaient que la monnaie unique rapprocherait les économies et finalement les nations, elle les a en fait divisées.

Car la mécanique même de l’euro – mais aussi la façon dont il a été géré – a renforcé les économies les plus fortes et affaibli les plus fragiles. Y compris, d’ailleurs, dans ses premières années d’existence, durant lesquelles les divergences de taux d’intérêt réels ont stimulé exagérément l’endettement public et / ou privé dans les pays de la périphérie. C’est ce qui explique la montée de l’euroscepticisme, des populismes et plus généralement des radicalités politiques.

Dans ces conditions, il faudrait donc se forcer quelque peu pour croire que les opinions publiques sont prêtes à accepter des transferts de souveraineté ou simplement des solidarités renforcées entre pays partenaires. Un gouvernement économique de la zone euro ? Une excellente et indispensable idée, mais aujourd’hui totalement hors de propos.

Jean-Paul Pollin

Jean-Paul Pollin est professeur à l’Université d’Orléans et également président de la Commission « Système financier et financement de l’économie » du Conseil national de l’information statistique.

Ses principaux domaines d’expertise sont les monnaies, la banque et la finance.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

5 commentaires

  • 28 juillet 09:58

    le cercle des économistes disparus ^^


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