Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

France-De comparse à prévenu vedette, Dekhar garde son mystère
information fournie par Reuters 17/11/2017 à 14:56

    * Abdelhakim Dekhar s'était fait oublier pendant 15 ans 
    * Des fréquentations à l'extrême gauche en 1994 
    * Presse et capitalisme, ses cibles revendiquées en 2013 
    * Entre affabulation et revendication politique 
 
    par Emmanuel Jarry 
    PARIS, 17 novembre (Reuters) - Deux décennies après sa 
condamnation à quatre ans de prison dans le procès des amants 
"tueurs de flics" Rey-Maupin, dont il ne fut qu'un comparse, 
Abdelhakim Dekhar revient devant la cour d'assises de Paris en 
prévenu vedette mais garde son mystère. 
    Cet homme de 52 ans, qui serait d'allure anodine si son 
front dégarni, ses cheveux gris mi-longs et frisés, ses lunettes 
rondes et son épais chandail ne lui donnaient un look d'intello, 
est jugé depuis vendredi matin pour tentatives d'assassinat.  
    Il lui est reproché d'avoir menacé le 15 novembre 2013 des 
journalistes et un agent de sécurité de BFM TV avec un fusil à 
pompe, blessé grièvement trois jours plus tard un photographe 
dans le hall du quotidien Libération et tiré le même jour sur 
les locaux de la Société générale à la Défense, près de Paris.  
    Il avait ensuite contraint sous la menace un automobiliste à 
le conduire sur les Champs-Elysées et n'avait été arrêté que le 
20 novembre 2013, sur dénonciation d'un ami. 
    Sébastien Simonian-Lemoine, âgé maintenant de 36 ans, avait 
mené les policiers jusqu'à un parking de Bois-Colombes 
(Hauts-de-Seine) et à la voiture de sa soeur, dans laquelle ils 
avaient trouvé Abdelhakim Dekhar dans un semi-coma 
médicamenteux. 
    Le procureur François Molins a fait état le lendemain d'une 
lettre non datée dans laquelle Abdelhakim Dekhar dénonçait "un 
complot fasciste", le capitalisme et la gestion des banlieues. 
    Le prévenu y accusait aussi les médias de "participer à la 
manipulation des masses" et les journalistes d'être "payés pour 
faire avaler aux citoyens le mensonge à la petite cuiller". 
    Sébastien Simonian-Lemoine, qui avait hébergé Abdelhakim 
Dekhar, a avoué que celui-ci lui avait dit vouloir mettre fin à 
ses jours, éventuellement en se faisant tuer par la police.  
    Aujourd'hui sous contrôle judiciaire et employé comme 
contrôleur de gestion, il est pour sa part jugé pour recel de 
malfaiteur et destruction de preuves. 
     
    ÉQUIPÉE SAUVAGE 
    Né à Algrange, en Moselle, Abdelhakim Dekhar vivait depuis 
15 ans en Grande-Bretagne, où il a notamment travaillé à Londres 
dans la restauration et comme agent d'entretien et a rencontré 
la mère de ses deux enfants, dont il est séparé depuis 2008. 
    Il était revenu en France trois mois et demi avant les 
attaques de novembre 2013. Mais il était en réalité connu depuis 
1994 par la police et la justice. 
    Cette année-là, il côtoyait un couple d'étudiants marginaux, 
Audry Maupin et Florence Rey, avec lesquels il fréquentait les 
milieux d'extrême gauche, anarchistes et alternatifs. 
    C'est lui qui achète un des fusils à pompe utilisés par les 
deux jeunes gens un soir d'octobre 1994 quand ils attaquent la 
pré-fourrière de Pantin pour voler des armes.  
    L'équipée vire au massacre : dans leur fuite, Maupin et Rey 
tuent trois policiers et un chauffeur de taxi, blessent trois 
autres policiers et deux passants. Maupin est lui-même abattu. 
    Florence Rey désignera Abdelhakim Dekhar comme étant le 
troisième homme de l'attaque de Pantin, chargé de faire le guet. 
Ce que le surnommé "Toumi" niera avec constance, tout en 
dénonçant des militants d'extrême gauche qui seront innocentés. 
    Il ne sera finalement condamné en septembre 1998 que pour 
association de malfaiteurs et sortira rapidement de prison, 
ayant accompli l'essentiel de sa peine en détention provisoire.  
    Il disait alors pour sa défense travailler pour les services 
secrets algériens et français, qui l'auraient chargé d'infiltrer 
l'extrême gauche française.  
     
    MYTHOMANE ? 
    Selon des éléments biographiques réunis lors de l'enquête 
sur l'affaire Rey-Maupin, il a fait dans les années 1980 un 
passage par l'armée française, dont il a été réformé, et un 
séjour de six mois en Algérie. 
    Ses assertions ont néanmoins été mises en 1994 sur le compte 
de tendances à l'affabulation et à la mythomanie.  
    Mais c'est la version que ce fils d'un ouvrier sidérurgiste 
algérien ancien agent de liaison du FLN pendant la guerre 
d'Algérie redonnera aux enquêteurs en 2013. 
    Sébastien Simonian-Lemoine, qui l'a rencontré en 1999 en 
Angleterre et s'est lié avec lui au point d'assister à son 
mariage en Turquie et d'être le parrain de son fils, a admis à 
la barre que son ami était "parfois incohérent" lors de leurs 
discussions sur la philosophie, l'Histoire et la géopolitique. 
    Abdelhakim Dekhar prenait des positions "parfois un peu 
extrêmes", a-t-il également déclaré, tout en reconnaissant ne 
pas toujours avoir cru ce qu'il disait. 
    "Il y a un côté de sa personne auquel je ne pouvais pas ou 
ne voulais pas avoir accès", a-t-il ajouté, devant un Abdelhakim 
Dekhar en apparence impassible.  
    Le procès doit durer une semaine. Abdelhakim Dekhar, en 
détention provisoire depuis novembre 2013, encourt la réclusion 
à perpétuité et Sébastien Lemoine trois ans de prison. 
 
 

Valeurs associées

Euronext Paris +0.56%

BOURSORAMA est une filiale à 100% de Société Générale

0 commentaire

Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.