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ECLAIRAGE-L'essor des ETF se poursuit, non sans craintes
information fournie par Reuters 10/10/2017 à 15:06

    * Les ETF loués pour leur transparence et leur simplicité 
    * Leur popularité grandit et la gamme s'élargit 
    * Un produit séduisant mais non testé en cas de crise 
    * Certaines variantes éveillent la méfiance des régulateurs 
 
    par Patrick Vignal 
    PARIS, 10 octobre (Reuters) - Formidable innovation pour les 
uns, facteur potentiel de risque systémique pour les autres, les 
fonds indiciels cotés dits ETF (exchange-traded funds) ont 
bouleversé en quelques années le paysage de la finance et tout 
indique que leur essor va se poursuivre, non sans soulever 
quelques inquiétudes pour la stabilité des marchés. 
    Accessibles à peu de frais et séduisants par leur apparente 
simplicité, les ETF sont, dans leur version la plus basique, des 
fonds cotés en Bourse et adossés à un indice comme le CAC 40 ou 
le S&P 500 dont ils ont pour objectif de répliquer la 
performance. Leur gestion est passive, c'est-à-dire qu'elle se 
réalise automatiquement, sans intervention humaine. 
    L'encours total de ces "trackers", comme on les appelle 
encore, atteint presque les 4.500 milliards de dollars, soit un 
peu moins de deux fois le produit intérieur brut (PIB) de la 
France, contre 1.500 milliards de dollars en 2011 et moins de 
500 milliards en 2005, selon les chiffres du cabinet spécialisé 
ETFGI. 
    "C'est une croissance extrêmement régulière qui a eu 
tendance à se maintenir avec la crise de 2008 malgré la hantise 
des investisseurs pour la nouveauté financière", explique Régis 
Yancovici, conseiller financier spécialiste des ETF et fondateur 
d'ETFinances.fr.  
    Depuis 2008, aux Etats-Unis, la gestion active a décollecté 
1.000 milliards de dollars pendant que la gestion indicielle 
collectait 1.400 milliards, ajoute-t-il pour étayer son propos. 
    "En termes de simplicité et de transparence, il n'y a 
quasiment pas mieux", prolonge Mourtaza Asad-Syed, directeur des 
investissements et fondateur de Yomoni, une "fintech" qui 
propose à ses clients des portefeuilles de produits d'épargne 
investis intégralement en ETF. "C'est un produit facile à  
appréhender qui permet de se focaliser sur ce qui crée de la 
valeur à long terme sans se perdre dans les détails." 
           
    LA PALETTE S'ÉLARGIT 
    Lancés au début des années 1990 aux Etats-Unis par State 
Street et son SPDR (on prononce spider) S&P 500, les ETF ont 
fait leur apparition en Europe fin 2000 avec Lyxor, filiale de 
Société Générale  SOGN.PA , et n'ont cessé depuis de s'étendre 
et de se diversifier. 
    Plus de 200 sociétés de gestion dans le monde en proposent 
mais le marché reste néanmoins très concentré, les trois leaders 
(BlackRock  BLK.N  avec sa plate-forme iShares, Vanguard et 
State Street), tous américains, en contrôlant près de 70%. 
    L'engouement pour les fonds indiciels est tel que de plus en 
plus de sociétés spécialisées dans la gestion active comme 
Candriam, qui a lancé en juin une gamme de cinq ETF sous la 
marque IndexIQ, ont décidé de s'aventurer dans cet univers. 
    "L'ETF n'est qu'une enveloppe", explique Koen van de Maele, 
responsable global des solutions d'investissement chez Candriam 
Investors Group. "C'est un véhicule qui est différent, qui est à 
la mode et dans l'air du temps. Mais l'important, ce n'est pas 
l'enveloppe, c'est ce qu'il y a dedans." 
    L'un des reproches souvent faits aux ETF est que la plupart 
sont pondérés en fonction de la capitalisation boursière des 
actions qui composent leur panier, et sont donc très exposés à 
des titres à la valorisation élevée susceptibles de connaître 
une correction, comme par exemple les valeurs technologiques 
américaines. 
    Pour y remédier, Candriam et d'autres ont recours à la 
stratégie dite "smart beta", qui permet de sélectionner les 
titres en fonction d'autres critères jugés plus fiables comme la 
taille du bilan, les bénéfices, le chiffre d'affaires ou les 
flux de trésorerie. 
    La mode des ETF a de beaux jours devant elle et pourrait 
même connaître un coup d'accélérateur début 2018 avec l'entrée 
en vigueur de la directive européenne MIF II imposant aux 
marchés d'instruments financiers davantage de transparence et 
notamment une justification plus précise de leurs coûts, ce qui 
n'est pas pour avantager la gestion active.  
     
    ET EN CAS DE CRISE ? 
    Parfaitement à l'aise dans un marché haussier, l'ETF n'a 
jamais été testé en période de crise majeure. Un retournement 
brutal du marché pourrait-il entraîner un vague de rachats 
immédiats de la part d'investisseurs en ETF, ce qui menacerait 
de créer un décalage entre la performance des fonds et celle de 
ses valeurs sous-jacentes ? 
    Souvent posée, la question a besoin d'une crise pour avoir 
sa réponse mais elle mérite cependant d'être nuancée, fait 
valoir Koen van de Maele.    
    "Je ne crois pas qu'il faille surestimer le risque 
systémique lié aux ETF", dit-il. "Les gros volumes sont dans des 
indices relativement liquides sur lesquels il y a même des 
contrats à terme". 
    Dès 2011 pourtant, plusieurs régulateurs, dont le Conseil de 
stabilité financière (FSB), avaient tourné leurs regards vers 
les ETF, visant particulièrement l'émergence de versions plus 
complexes dites à réplication synthétique, qui utilisent des 
"swaps", soit un échange avec un autre acteur financier qui 
s'engage à "coller" au plus près de l'indice, avec du collatéral 
en garantie. Si ce type d'ETF est plus avantageux en matière de 
coûts et d'écarts de suivi, il expose l'investisseur en ETF à un 
double risque, à la fois sur le collatéral et sur la 
contrepartie du swap, qui pourrait faire défaut.  
    Théoriques, ces risques n'en rappellent pas moins 
furieusement ceux à l'origine de la crise financière avec des 
produits considérés au départ comme transparents et sains qui 
s'étaient transformés pour devenir opaques et toxiques.  
    "On pointe du doigt ce risque de collatéral sur les ETF mais 
il n'y a rien dans ce que font les ETF que ne peuvent pas faire 
les gérants actifs", tempère Régis Yancovici. 
    "Les deux risques pointés du doigt sont les swaps et les 
prêts de titres, sauf que les volumes sont tels sur les ETF que 
le contrôle des risques chez Lyxor, Amundi ou Deutsche Bank est 
certainement mieux suivi que dans les sociétés de gestion de 
petite taille", ajoute-t-il. 
    A la demande d'investisseurs inquiets des risques, des 
sociétés de gestion comme Lyxor n'en ont pas moins tendance à 
réduire la part de leurs ETF synthétiques pour augmenter leur 
exposition à la réplication physique, rapporte l'expert. 
     
    BIENVENUE À DISNEYLAND 
    Si les ETF n'ont jamais provoqué pour l'instant d'accident 
de taille sur les marchés, ils ont cependant connu une petite 
frayeur, le 24 août 2015, lorsque des fonds indiciels cotés ont 
été impliqués dans un décrochage brutal de quelques minutes à 
Wall Street. 
    Le décalage, ce jour-là, de plusieurs ETF, qui se sont mis 
soudainement à perdre nettement plus que leurs sous-jacents, 
s'explique par un incident de cotation, à savoir l'absence de 
mise à disposition des teneurs de marché par la Bourse de New 
York de prix indicatifs des valeurs avant l'ouverture, explique 
Régis Yancovici. Un tel événement n'aurait pas pu se produire en 
Europe en raison d'une réglementation plus stricte, ajoute-t-il. 
    "Le marché américain, c'est Disneyland, il y a tous les 
produits du monde, le marché est profond, il y a beaucoup 
d'investisseurs particuliers mais la réglementation est 
relativement légère et il y aussi beaucoup de trading haute 
fréquence qui parasite le marché sans apporter de réelle 
liquidité. Il peut donc y avoir des incidents de cotation",   
explique Mourtaza Asad-Syed. 
    Si les ETF en tant que tels sont considérés par la plupart 
des gérants comme des produits fiables, certains mettent tout de 
même en garde contre l'élargissement de la palette vers des 
indices de marchés actions exotiques ou des actifs risqués et 
volatils comme de la dette émergente en monnaie locale ou des 
paniers de matières premières. 
    L'endettement des investisseurs, leur recherche de la 
rentabilité à tout prix et la tendance de certains à vendre en 
panique dès la première alerte sont des facteurs de risque 
autrement plus importants pour les marchés que les ETF, qui 
offrent de nombreuses garanties à condition d'être utilisés à 
bon escient, s'accordent à dire la plupart des experts.   
    "Je me fais quand même un peu de souci sur le nombre d'ETF 
qui existent", confie Koen van de Maele. "Certains sont très 
exotiques avec des sous-jacents très peu liquides, surtout dans 
des ETF avec un effet de levier négatif ou positif vis-à-vis du 
marché. C'est plus du casino que de l'investissement et là, on 
va avoir des accidents tôt ou tard, c'est écrit dans le marbre." 
 
 (édité par Blandine Hénault) 
 

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Cette analyse a été élaborée par Reuters et diffusée par BOURSORAMA le 10/10/2017 à 15:06:29.

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