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Delfingen : le cycle automobile n'est plus ce qu'il était...
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 14/09/2017 à 10:00

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Delfingen Industry est un équipementier automobile spécialiste des gaines de protection des réseaux embarqués. (crédit : Adobe Stock)

Delfingen Industry est un équipementier automobile spécialiste des gaines de protection des réseaux embarqués. (crédit : Adobe Stock)

La conjoncture, ça va, ça vient, c'est bien connu. Et c'est aussi un mot plus facile à utiliser que "économie" qui, pourtant, décrit exactement la même chose. Mais voilà : l'économie, ça fait un peu peur, parce que ça évoque les récessions, la crise, la dépression des années 30, bref, des réalités désagréables, et, pour peu que l'on pousse un peu plus la note, les drames (littéraires) de Germinal et de L'Assommoir, dont nous avons tous été abondamment nourris à l'école.

Mais voilà, l'économie a des cycles, des hauts et des bas, et c'est la nature qui veut ça. Et même si les gouvernements et les autorités monétaires s'emploient à en limiter les effets négatifs, notamment en luttant contre le chômage quand ça va mal, et en limitant la surchauffe et l'inflation quand tout va très bien, on ne peut pas y échapper complètement.

Etablir un scénario macroéconomique

Ceci vaut aussi pour la Bourse : les investisseurs doivent vivre avec le cycle, puisque celui-ci influe, plus ou moins selon les cas, sur les résultats des entreprises, et donc leurs valorisations et leurs cours de Bourse. Le gérant de portefeuilles se doit donc d'élaborer un scénario macroéconomique qui plante le décor dans lequel il sélectionne ses valeurs, et qui indique aussi le "timing", le bon moment, pour prendre les décisions d'achats ou de ventes. Pour ce faire, il peut s'appuyer sur le discours des stratégistes, qui s'appuient eux-mêmes sur les économistes, dont le métier est de faire des prévisions.

Et ceci vaut encore plus, on s'en doute, pour l'économie réelle : gérer, c'est anticiper, et les directions des entreprises doivent aussi avoir un scénario économique, et un scénario pour le secteur dans lequel celles-ci opèrent pour faire leurs budgets, et affiner leurs stratégies.

Des récessions difficiles à anticiper

Jusqu'ici tout va bien, mais il y a un problème : il est très difficile de prévoir quand se déclenchent les récessions et les reprises économiques, et donc de prévoir combien de temps ces phases de décroissance et de croissance de l'activité générale vont durer.

Etant entendu qu'une récession doit être la plus courte possible (quelques trimestres), et ne se produire qu'après une longue phase de croissance économique (de nombreuses années, si possible, merci !). De fait, les économistes dans leur grande majorité n'ont pas su anticiper la récession des années 2000-2001, et encore moins la Grande Récession de 2008-2009.

Certains secteurs sont plus cycliques que d'autres

Ceci étant, les prévisions n'engagent que ceux qui les croient, et c'est à chaque décisionnaire de se faire une opinion sur où en est le cycle, et tout particulièrement dans son secteur d'activité, et de gérer en conséquence : on ne peut de toute façon compter que sur soi-même, c'est bien connu.

Certains secteurs sont plus cycliques que d'autres, et le secteur automobile constitue un bon exemple à cet égard, avec une récession mémorable en 2008-2009 marquée par une chute sans précédents de l'activité des constructeurs automobiles américains et européens, vraisemblablement démoralisés par la panique bancaire, et logiquement des équipementiers qui les fournissent, de l'automne 2008 jusqu'à l'été 2009 : les volumes de véhicules légers produits chez les uns et chez les autres ont de fait reculé de respectivement -34% et -16% pour l'année 2009, dont -50% et -34% au premier trimestre 2009 !

Cette récession a été suivi d'une reprise lente aux Etats-Unis, et d'une stagnation durable en Europe, pour revenir seulement ces dernières années à de très bons niveaux d'activité (tout finit toujours par rentrer dans l'ordre, c'est bien connu aussi) : en 2016, les volumes battaient leur record historique sur le marché américain à 17,9 millions de véhicules, et l'Europe retrouvait son niveau d'avant crise avec plus de 21,5 millions d'unités produites. Une tendance favorable qui se confirme cette année, les immatriculations progressant encore de +4,7% au premier semestre 2017 dans la zone euro.

L'automobile en plein boom en Inde et en Chine

On notera cependant que l'automobile n'est un secteur cyclique que dans les pays développés, là où les marchés sont saturés depuis longtemps, et où le renouvellement du parc dépend en bonne partie du moral des ménages, qui n'est franchement bon que quand la conjoncture est franchement bonne aussi.

Ailleurs, dans les pays émergents, principalement la Chine et l'Inde, l'automobile est en plein boom depuis un certain temps déjà, et si l'on raisonne sur la base du marché automobile mondial, on constate que celui-ci est en croissance année après année, soit +4,4% en 2016, avec 93 millions de véhicules produits, et +3,8% par an en moyenne depuis 2010.

Une société qui développe en permanence de nouveaux produits

Ce raisonnement n'a pas échappé, apparemment, à Delfingen Industry, un équipementier automobile spécialiste des gaines de protection des réseaux embarqués (fils électriques et câble informatique : environ 70% des ventes) et des tubes techniques pour le transfert des fluides (air, huile, essence, etc…) : Delfingen est une PME familiale, avec un chiffre d'affaires de 210 millions d'euros attendu pour cette année et 2.100 salariés environ, basée dans le Doubs, mais une PME qui n'a pas peur de se développer mondialement, avec 38 sites, dont 26 usines, dans 20 pays en tout, dont, justement, la Chine et l'Inde, et plus de 60% de son activité hors d'Europe.

Et pour cause : la société travaille avec presque tous les équipementiers globaux de rang 1, de Valeo à Delphi en passant par Lear, Sumitomo et Magneti Marelli, le premier client du groupe étant le câbleur japonais Yazaki. Ses équipements se retrouvent dans les moteurs et sous les carrosseries des voitures produites par la plupart des grands constructeurs, de Audi à Toyota, en passant par Renault, Peugeot, Volkswagen, GM, Ford, Fiat Chrysler, SAIC, Suzuki, etc… : Delfingen développe en permanence de nouveaux produits à la demande de ses clients, livre en juste à temps, et sait même répondre aux urgences grâce à plusieurs centres de R&D, un outil industriel très standardisé et un système d'information sophistiqué qui permet une gestion globale de l'ensemble quasiment en temps réel (la gestion du cash y compris).

L'histoire n'est pas terminée...

La société n'a pas peur non plus de procéder à des acquisitions, toujours de taille raisonnable, pour accélérer sa croissance, stratégie qui fonctionne bien, a priori, même si elle pèse de temps à autre sur le bilan, puisque le chiffre d'affaires de la société a progressé de +8,6% par an en moyenne, soit plus de deux fois le marché mondial, depuis 2010.

Et l'histoire n'est pas terminée en principe : la direction s'est donné un objectif de taille de 260 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021, soit une croissance de plus de +5% par an, pour une marge opérationnelle de 9% à cet horizon, soit plus de deux points par rapport à la marge attendue pour cette année.

Comme nombre de valeurs de son secteur, Delfingen Industry a surperformé en Bourse depuis deux ans, avec une progression du cours de +66% en 2016, et de +26% depuis le début de l'année : parce que la conjoncture est toujours bonne pour l'automobile en général, y compris sur les vieux marchés d'Amérique du Nord et d'Europe, parce que les résultats sont là, et aussi parce que le secteur est éventuellement en pleine mutation.

Une mutation qui profite à Delfingen

Rappelons que toute la profession ne jure plus que par la propulsion électrique et/ou hybride, voire la voiture autonome, alors que, de plus, l'automobile de base se complexifie avec toujours plus de multimédia/infotainment et d'aides à la conduite.

Une mutation qui devrait donner plus de travail à Delfingen, dont la direction estime que les 2,5km de câblage intégrés en moyenne dans chaque véhicule aujourd'hui devraient augmenter de plus de +60% ces prochaines années, dont +25% pour les connexions, et +140% pour les systèmes électriques.

Et une mutation qui donne tellement de travail à la profession dans son ensemble que, pour le moment en tout cas, elle ne voit pas la conjoncture automobile se dégrader avant un certain temps.

En d'autres termes, le fameux cycle n'est plus ce qu'il était. Ce qui devait arriver un jour, même si c'était difficile à prévoir.

Jérôme Lieury, analyste senior
Olier Etudes & Recherche www.olier-etudes-recherche.fr -
Membre du Cercle des analystes indépendants

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