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Colère et chagrin à Mossoul après la destruction d'Al Nouri
information fournie par Reuters 22/06/2017 à 18:09

    par Kawa Omar 
    MOSSOUL, Irak, 22 juin (Reuters) - Près de 850 ans après son 
édification, le minaret Al Habda qui surplombait Mossoul n'était 
plus jeudi qu'un amoncellement de ruines au lendemain de sa 
démolition par des combattants du groupe Etat islamique acculés 
dans la vieille ville. 
    Selon le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, cette 
destruction est synonyme de défaite pour l'Etat islamique (EI) 
dans la deuxième plus grande ville du pays. 
    "Tôt ce matin, je suis monté sur le toit de ma maison et 
j'ai été stupéfait de voir que le minaret Al Habda avait 
disparu", raconte Nashwan, un travailleur journalier qui vit 
dans le quartier de Khazraj, non loin de la mosquée Al Nouri. 
    "J'ai eu l'impression d'avoir perdu un fils." 
    Des propos qui témoignent du choc et de la colère ressentis 
par beaucoup après la destruction de la mosquée Al Nouri et de 
son célèbre minaret, parfois affectueusement surnommé "le bossu" 
par les Irakiens. 
    La mosquée a été dynamitée mercredi soir alors que les 
forces irakiennes s'approchaient du lieu de culte qui revêt une 
importance symbolique aux yeux des djihadistes. C'est de là 
qu'au plus fort de la domination territoriale de l'EI Abou Bakr 
al Baghdadi à proclamé en juin 2014 l'avènement du califat. 
  
    Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre 
l'effondrement du minaret et l'implosion de bâtiments attenants 
projetant un épais nuage de sable et de poussière. 
     
     CAPITULATION 
    La Russie a affirmé jeudi pouvoir affirmer "avec un haut 
degré de certitude" qu'Abou Bakr al Baghdadi est mort, même si 
le chef de l'EI a été donné pour mort ou blessé à maintes 
reprises.   
    Ce qui semble certain, en revanche, c'est qu'Abou Bakr al 
Baghdadi a fui depuis longtemps Mossoul et qu'il y a confié le 
commandement militaire à des lieutenants. Il se cacherait dans 
de vastes zones désertiques à la frontière irako-syrienne. 
  
    Selon certains spécialistes, la destruction de la mosquée Al 
Nouri pourrait accélérer l'élimination des combattants de Daech 
dans ce qui fut leur plus grand bastion urbain en Irak. 
    Haïdar al Abadi va plus loin en assimilant la démolition de 
l'édifice pluricentenaire à une capitulation et en annonçant la 
défaite imminente de l'EI. 
    "C'est une question de quelques jours avant que nous 
annonçions la libération totale de Mossoul", a-t-il déclaré 
jeudi à des journalistes, selon la chaîne de télévision Sumaria. 
    Les insurgés auraient en effet préféré détruire la mosquée 
que voir leur drapeau noir abaissé par les forces irakiennes 
soutenues par la coalition conduite par les Etats-Unis qui 
progressent lentement dans le dédale de rues étroites de la 
vieille ville de Mossoul. 
    "Ils ont dit qu'ils se battraient jusqu'à leur dernier 
souffle pour défendre la mosquée", rappelle Safaa al A'sam, un 
spécialiste de la sécurité basé à Bagdad. 
    "De fait, ils ne sont plus en mesure de faire face aux 
forces gouvernementales irakiennes", poursuit-il, tout en 
indiquant que cette destruction donnera davantage de liberté de 
mouvement aux insurgés qui n'ont désormais plus à se soucier de 
l'intégrité de la mosquée. 
     
     "SYMBOLE D'IDENTITÉ" 
    Constitué de sept bandes de briques décoratives dessinant 
des formes géométriques complexes, le minaret présentait des 
similitudes avec des édifices construits en Perse et en Asie 
centrale, mais son inclinaison et un entretien défaillant 
l'avaient rendu particulièrement vulnérable. 
    Porte-parole de la coalition emmenée par les Etats-Unis, le 
colonel Ryan Dillon a déclaré à Reuters que les forces 
irakiennes poursuivaient leur assaut, neuf mois après le début 
de l'offensive. 
    "Il ne reste plus que deux km2 dans la partie ouest de 
Mossoul avant la libération totale de la ville." 
    La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a déploré 
la destruction de la mosquée et de son minaret, rappelant qu'ils 
"figuraient parmi les sites emblématiques de la ville et étaient 
un symbole d'identité, de résilience et d'appartenance". 
    "Cette nouvelle destruction approfondit encore les blessures 
d'une société déjà affectée par une tragédie humanitaire sans 
précédent, marquée par trois millions de personnes déplacées et 
6,2 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire 
d'urgence". 
     
     "BARBARES" 
    La mosquée tire son nom de Nourouddine al Zanki, un seigneur 
qui a combattu les Croisés sur un territoire qui couvrait la 
Turquie, la Syrie et l'Irak modernes. Le bâtiment avait été 
construit en 1172-1173 peu de temps après la mort d'Al Zanki et 
il a abrité un établissement d'enseignement islamique. 
    L'histoire militaire et religieuse de la mosquée épouse 
celle de Mossoul, une ville conservatrice majoritairement 
sunnite qui a longtemps envoyé d'importants contingents 
d'officiers à l'armée irakienne et ce jusqu'à la chute de Saddam 
Hussein dans la foulée de l'invasion américain de 2003. 
    Cette chute coïncide avec la montée en puissance de la 
majorité chiite irakienne, largement tenue à l'écart des 
affaires politiques par le régime baasiste. 
    Beaucoup de combattants originaires de la ville ont alors 
rejoint les groupes d'insurgés qui combattaient l'armée 
américaine, ses alliés et le nouveau pouvoir irakien. Certains 
d'entre eux sont ensuite allés grossir les rangs de l'EI. 
    Et lorsque les djihadistes se sont emparés de la ville, ils 
ont été favorablement accueillis par une population lasse de 
subir les humiliations et les mauvais traitements des nouveaux 
maîtres de l'Irak. 
    La destruction de la mosquée et de son minaret est 
intervenue dans les derniers jours du mois sacré du ramadan au 
cours duquel les musulmans sont invités à observer le jeûne et 
l'ascèse.  
    Cette démolition est également la dernière en date d'une 
longue série de destructions de sites religieux musulmans, 
chrétiens ou encore assyriens, en Irak et Syrie, et dont 
certains dataient de l'Antiquité. 
    "Beaucoup d'ennemis différents ont contrôlé la ville au 
cours de 900 dernières années, mais aucun d'entre eux n'a osé 
détruire Al Habda", rappelle Ziad, un étudiant en beaux-arts. 
    "En dynamitant le minaret, ils ont prouvé qu'ils étaient les 
pires de tous les barbares de l'Histoire." 
 
 (Avec Ahmed Rasheed à Bagdad, Nicolas Delame pour le service 
français, édité par Gilles Trequesser) 
 

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