MADRID, 12 mai (Reuters) - Chronologie de la crise entre Barcelone et Madrid. 6 SEPTEMBRE 2017 Au terme d'un débat houleux marqué par le départ des députés hostiles à l'indépendance avant le vote, le parlement de Catalogne adopte une loi autorisant l'organisation d'un référendum sur l'indépendance de la région le 1er octobre. Les indépendantistes font valoir que la Catalogne, qui possède sa langue et sa culture, est une "nation" et non une "nationalité" comme l'affirme la Constitution espagnole de 1978. Ils déplorent aussi que l'"Estatut", le pacte d'autonomie conclu en 2006 entre Madrid et Barcelone, ait été "liquidé" quatre ans plus tard par le Tribunal constitutionnel. Le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy soutient que cette loi est illégale et contraire à la Constitution, qui proclame "l'unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols". Il saisit le Tribunal constitutionnel, qui se prononce le lendemain pour la suspension de la consultation. 1ER OCTOBRE Le référendum d'autodétermination se déroule sous tension, les forces de police tentant d'empêcher l'accès aux bureaux de vote. Il débouche sur une victoire du "oui" avec 90,18% des suffrages exprimés contre 7,83% pour le "non". La participation ressort à près de 2,3 millions d'électeurs, soit environ 43% des inscrits, selon la Généralité de Catalogne. Près de 850 personnes sont blessées par les forces de l'ordre, selon le bilan communiqué par le gouvernement régional. Le lendemain, Carles Puigdemont, président de l'exécutif régional, réclame une médiation internationale et en appelle à l'Union européenne. Bruxelles juge qu'il s'agit d'un problème intérieur et qu'il doit être réglé conformément à l'ordre constitutionnel espagnol. 3 OCTOBRE Dans une allocution télévisée, le roi Felipe VI d'Espagne déplore "l'attitude irresponsable" des dirigeants catalans qu'il accuse d'avoir "bafoué par leurs décisions le système de règles approuvées par la loi, démontrant une inacceptable déloyauté à l'égard des pouvoirs de l'Etat". "Aujourd'hui, la société catalane est fracturée et traversée par un conflit", dit-il, ajoutant que la couronne reste fermement attachée à la Constitution et à la démocratie. 11 OCTOBRE Le gouvernement espagnol donne huit jours à l'exécutif catalan pour abandonner son objectif d'indépendance. Dans le cas contraire, le gouvernement espagnol invoquera l'article 155 de la Constitution, qui permet à Madrid de suspendre l'autonomie d'une région et de la placer sous tutelle. 21 OCTOBRE A l'issue d'un conseil extraordinaire des ministres à Madrid, Mariano Rajoy annonce, en vertu de l'article 155 de la Constitution, le limogeage du gouvernement régional et l'encadrement du Parlement de Catalogne et dit souhaiter la tenue aussi vite que possible d'élections régionales anticipées. Il appartient désormais au Sénat d'approuver ou non la mise en oeuvre de ces mesures d'exception. 26 OCTOBRE A la veille du vote au Sénat, Carles Puigdemont rejette l'option d'élections régionales anticipées, faute de garanties. "J'étais prêt à appeler à des élections si des garanties étaient fournies. Aucune garantie ne justifie d'appeler aujourd'hui à des élections", explique-t-il. 27 OCTOBRE Le Parlement de Barcelone adopte une déclaration unilatérale d'indépendance et se prononce en faveur d'un "processus constituant" afin de séparer la Catalogne du reste de l'Espagne. La motion, présentée par la coalition Junts pel Si (Ensemble pour le oui) et la CUP (Candidature d'unité populaire), est votée par 70 voix pour, dix voix contre, et deux votes blancs. En guise de protestation, les élus régionaux du Parti populaire de Rajoy, du Parti socialiste catalan et de Ciudadanos quittent l'hémicycle avant le vote. Cinq heures plus tard, avec l'accord du Sénat espagnol, Rajoy annonce la destitution de l'exécutif autonome de Catalogne, la dissolution du Parlement régional et la tenue d'élections anticipées le 21 décembre dans la région. "Triste journée où la déraison l'a emporté sur la loi", dit-il en reprochant aux séparatismes leur jusqu'au-boutisme. 2 NOVEMBRE Suivant les réquisitions du procureur général de l'Etat, la juge de l'Audience nationale Carmen Lamela ordonne le placement en détention provisoire de neuf dirigeants catalans, dont l'ancien vice-président Oriol Junqueras, poursuivis pour rébellion, sédition et détournement de fonds publics. Un mandat d'arrêt européen vise Carles Puigdemont, qui a gagné la Belgique le 30 octobre pour, explique-t-il, "placer la question catalane au coeur de l'Union européenne". Ils sont passibles de vingt-cinq ans de prison. 7 NOVEMBRE Le Parti démocrate (PDeCAT) de Puigdemont et la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) de Junqueras ne parviennent pas à constituer un front uni et iront séparément aux urnes. 21 DÉCEMBRE Les partis séparatistes conservent leur majorité en siège aux élections régionales anticipées. Les trois listes indépendantistes obtiennent 70 sièges sur 135, soit deux de plus que la majorité absolue. La liste Junts Per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) de Puigdemont conserve sa position de principale force indépendantiste avec 34 sièges. L'ERC en décroche 32, la CUP 4. Le parti unioniste Ciudadanos (Citoyens), arrivé en tête des suffrages, obtient 37 sièges. Mais les autres forces unionistes font de piètres scores. 17 JANVIER 2018 Le nouveau Parlement de Catalogne tient sa session inaugurale. L'indépendantiste Roger Torrent est élu à sa présidence. 27 JANVIER Le Tribunal constitutionnel d'Espagne estime que Puigdemont ne pourra être investi président de la Généralité de Catalogne que s'il rentre en Espagne et obtient une autorisation d'un juge pour être présent au parlement catalan. Ses partisans avaient avancé qu'il pourrait rester à l'étranger et diriger la Catalogne par lien vidéo. Lui-même avait dit quelques jours plus tôt qu'il ne voyait pas pourquoi il ne pourrait pas gouverner depuis son exil bruxellois. 25 MARS Puigdemont est arrêté dans le nord de l'Allemagne. Le 6 avril, il est remis en liberté sous caution et assujetti à un contrôle judiciaire dans l'attente de l'issue de la procédure. 10 MAI Puigdemont propose la candidature de Quim Torra pour lui succéder à la tête de l'exécutif régional. Agé de 55 ans, cet avocat, écrivain et éditeur est un député de Barcelone peu connu du grand public. 12 MAI Lors du débat d'investiture, Quim Torra promet de travailler "sans relâche" à la constitution d'une République catalane tout en se disant ouvert à un dialogue avec Madrid. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ GRAPHIQUE Résultats des élections du 21 décembre http://tmsnrt.rs/2BykrzV ENCADRE L'article 155 de la Constitution espagnole TEXTE en français de la Constitution espagnole de 1978 https://www.boe.es/legislacion/documentos/ConstitucionFRANCES.pdf ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (édité par Henri-Pierre André, Gilles Trequesser et Danielle Rouquié)
CHRONOLOGIE de la crise entre Barcelone et Madrid
information fournie par Reuters12/05/2018 à 15:46
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