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Quand les patients notent leur médecin sur Internet
information fournie par Le Figaro 15/04/2019 à 19:33

À la façon des comparateurs d’hôtels ou de restaurants, un nouveau site, MediEval4i.com, se lance sur le créneau de la notation de médecins. L’Ordre des médecins juge cette évaluation «simpliste».

Encore embryonnaire en France, la pratique est très répandue dans certains pays. Aux États-Unis, les patients ont pris l’habitude de noter leur médecin et de laisser un avis, bon ou mauvais, sur Internet, comme on le fait pour un hôtel ou un restaurant. Depuis quelques années, des dizaines de sites d’évaluation de praticiens fleurissent ainsi sur le web américain, dont l’un des plus connus, RateMDs.com («Note mes docteurs»), dénombre plus de 2,6 millions de commentaires sur des professionnels de santé.

En France, ces dix dernières années, plusieurs sites se sont lancés comme Notetondoc.com, Note2bib.com, Demica.com ou encore Quiconnaitunbon.com, avant de fermer les uns après les autres. Aujourd’hui, c’est désormais Google qui décerne les bons et les mauvais points. En tapant le nom d’un médecin, on voit apparaître, à droite de l’écran, la géolocalisation de son cabinet, ses coordonnées, mais aussi les avis laissés par ses patients. Bien décidé à s’imposer, un petit nouveau, baptisé MediEval4i.com, débarque ce lundi sur ce créneau.

À la façon de TripAdvisor

À la façon de TripAdvisor, comparateur d’hôtels et de restaurants en ligne, les patients sont invités à «partager leur expérience», à évaluer l’accueil d’un médecin, la ponctualité, l’écoute, l’explication d’un traitement et le temps qui leur est consacré. Pour simplement consulter la réputation du praticien sur Internet, l’utilisateur peut faire une recherche via son nom ou sa spécialité, ou selon la ville ou la localisation du cabinet. «On ne joue pas contre les médecins. Mais nous proposons un service gratuit et indépendant, exclusivement au service des patients qui ne sont pas toujours bien pris en charge» explique son fondateur, Mathias Matallah. À ce jour, 190.000 praticiens, toutes spécialités confondues, sont répertoriés. Pour l’instant, ce sont les commentaires et les notes affichées sur Google qui apparaissent. MediEval4i est amené à être enrichi d’un comparateur en optique, qui sera cette fois-ci payant. À terme, les services d’hôpitaux devraient aussi être soumis à l’évaluation des patients.

Pour les patients justement, ce type de site répond à une réelle attente. «Les patients ont besoin de partager leur expérience. Quand les médecins savent qu’ils sont évalués, ça peut changer les choses. Il est légitime de noter une structure où notre vie est en jeu» juge Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé, un réseau qui regroupe 85 associations de patients. Ce collectif prévoit d’ailleurs de lancer à son tour, d’ici la fin de l’année, un site d’évaluation des médecins et des services hospitaliers, de partage d’expériences des patients et du suivi médical qui s’appellera «Moi patient».

Pour les premiers concernés, le fait d’être noté comme un hôtel ou un restaurant pose problème. «On veut évaluer les médecins sur des critères simplistes», juge Jean-Christophe Calmes, secrétaire général adjoint de MG France, syndicat des médecins généralistes. «L’acte médical c’est beaucoup plus. Une consultation longue ou prise à l’heure ne veut pas dire qu’elle soit bonne et précise. Il y a énormément de facteurs qu’on ne peut évaluer», complète le docteur Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l’ordre des médecins, pour qui ces sites risquent «d’altérer la relation de confiance entre le médecin et le patient».

Sans nier que la prise en charge n’est pas toujours optimale, faute de praticiens dans certains endroits, ce qui engendre une surcharge de travail pour les autres, le syndicat des médecins généralistes mise sur des mesures portées par le plan santé d’Agnès Buzyn. Comme la création des 4000 postes d’assistants médicaux d’ici à 2022, censés décharger les médecins libéraux et leur redonner du temps médical. Ou encore la création de 1000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui visent à inciter les médecins à travailler et s’organiser ensemble au sein d’un bassin de vie. «J’espère que le ressenti des patients diminuera» ajoute le secrétaire général adjoint de MG France.

En attendant, les professionnels de santé sont de plus en plus sensibilisés à leur e-réputation. Dans ce sens, l’Ordre des médecins a publié en septembre 2018 un guide pratique pour «préserver sa réputation numérique». «On conseille aux praticiens de se rapprocher des ordres départementaux car la procédure est souvent longue et difficile, précise le docteur Faroudja. D’autant que le médecin ne peut pas riposter. Cela irait à l’encontre du secret médical. À l’inverse, il aurait des comptes à rendre s’il incitait son patient à lui mettre une bonne note», rappelle-t-il.

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