
Un immeuble de bureaux doit être construit dans un hôtel particulier situé dans le XVIIe arrondissement de Paris (illustration). (Dan Novac / Pixabay )
Un projet d'immeuble de bureaux au sein d'un hôtel particulier dans le XVIIe arrondissement de Paris est en cours. Elus et riverains protestent contre la construction de ce bâtiment commandé par l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern). Le permis de construire est « passé sous les radars », selon l'adjoint à l'urbanisme à la marie.
C'est un cauchemar qui pourrait devenir réalité pour les défenseurs du patrimoine. Un immeuble flambant neuf de cinq étages pourrait voir le jour au sein d'un bel hôtel particulier du XIXe siècle situé dans le quartier chic de la Plaine-Monceau, dans le XVIIe arrondissement de Paris, relate l' AFP .
Cet ancien hôtel particulier a été construit en 1889 et se compose de deux bâtiments de style néogothique, en brique, reliés par un portique de deux arches avec des grilles en fer forgé. Dans la cour se trouvent deux charmants ouvrages d'époque : un ascenseur à pompe et un garage à fiacre... contre lequel doit bientôt se dresser un immeuble de bureaux de cinq étages dont le blanc lumineux et la forme en escalier font tâche au milieu de l'ensemble.
Un bâtiment commandé par le Cern
La nouvelle construction a été commandée par l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern), un centre de recherche privé situé à Genève (Suisse). Si le bâtiment contesté n'est pas encore sorti de terre, les travaux entamés en septembre 2021 ont déjà laissé quelques cicatrices : lanterne et grille portées disparues, morceaux d'arche arrachés puis colmatés, affaissement de la cour et, côté rue, d'une fenêtre au-dessus d'une nouvelle ouverture.
Ces éléments ont conduit à l'arrêt momentané des travaux, estime le radiologue Rodolphe Gombergh, 71 ans, premier opposant à la construction du bâtiment dans la cour de son immeuble. Le médecin a ainsi lancé plusieurs recours juridiques contre le projet.
Un permis de construire « passé sous les radars »
Le projet a été validé par la Ville de Paris dans un bâtiment qui, s'il n'est pas classé monument historique, est tout de même protégé au titre du plan local d'urbanisme (PLU). Selon Emmanuel Grégoire, l'adjoint (PS) à l'urbanisme cité par l' AFP , le permis de construire est « passé sous les radars » parce que « totalement légal, ce qui fait qu'il n'a été traité ni par la mairie du XVIIe ni par mon cabinet » . « Nous avions un avis réservé et nous avions demandé au propriétaire de consulter les riverains » , affirme le maire (LR) de l'arrondissement, Geoffroy Boulard, qui dit avoir reçu un permis initial « extrêmement succinct » .
En août 2019, la Commission du Vieux Paris, dont l'avis est consultatif, n'a rien vu à redire au projet, qui comportait alors un étage de moins. Un an plus tard, le permis modificatif a été délivré dans la foulée des élections municipales, à un moment où la commission met « un certain temps à être remise en place » , justifie son président, Jean-François Legaret. En résumé, « il y a eu des trous dans la raquette à tous points de vue » , regrette Karen Taïeb, adjointe (PS) au patrimoine et élue du XVIIe arrondissement, dont la mairie a réagi dès février 2021 en demandant un nouvel examen à la Commission du Vieux Paris. Ce que cette dernière a fait mi-juin 2022, réclamant la modification du projet.
Une « conciliation » prévue en septembre
Mais « le permis est purgé de tout recours » , souligne Emmanuel Grégoire, pour qui l'espoir est « modéré, voire faible » de voir le Cern accepter. Contacté par l' AFP , ce dernier ne s'est pas prononcé sur une éventuelle modification du projet, soulignant que son permis avait été « dûment obtenu » et affirmant avoir « toujours répondu favorablement à toute demande de réunion et d'échanges » .
Ses responsables « ne se rendent pas très disponibles » , même si une première réunion de « conciliation » est prévue en septembre, rétorque toutefois l'adjoint à l'urbanisme Emmanuel Grégoire. « Que de temps perdu » , regrette de son côté Geoffroy Boulard, pour qui ce dossier souligne « les carences de la Ville en matière de contrôle d'urbanisme et de patrimoine » . « Cette reconstruction d'un immeuble de bureaux dans un quartier excédentaire en bureaux n'a aucune légitimité » , insiste encore l'élu de droite, qui veut tout autant éviter « un massacre sur le plan esthétique » .
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