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Les statistiques du marché des SCPI et unités de compte immobilières du premier semestre 2024 révèlent une situation contrastée, avec des signes de résilience pour certains acteurs, tandis que d'autres sont toujours en grande difficulté.
L'Aspim (Association Française des Sociétés de Placement Immobilier) et l'IEIF (Institut de l'Épargne Immobilière et Foncière) ont publié les statistiques du marché des SCPI, OPCI et SC immobilières du premier semestre 2024. Celles-ci révèlent une situation contrastée, avec des signes de résilience pour certains acteurs, tandis que d'autres sont toujours en grande difficulté.
Après avoir connu une longue période de croissance soutenue avec des records de collecte, le marché de la pierre-papier traverse depuis près d'un an une phase de crise. Celle-ci a été provoquée par la hausse brutale des taux d'intérêt qui a entrainé la baisse de la valorisation des actifs immobiliers. Cela a déclenché une vague massive de rachats et des difficultés pour certains acteurs à répondre à cette demande. Les SCPI les plus récentes tirent leur épingle du jeu en captant une grande partie de la collecte et en distribuant des rendements élevés. En revanche, les SCPI plus anciennes font face à de nombreuses demandes de rachat que la collecte n'arrive pas toujours à compenser. Le premier semestre 2024 marque un tournant dans cette crise avec des signes de résilience pour certains acteurs, tandis que d'autres connaissent d'importantes difficultés.
Le marché des SCPI
Sur le S1 2024, la collecte brute des SCPI (2,3 milliards d'euros) reste stable par rapport au S2 2023, mais elle repart à la hausse au T2 2024 (1,2 milliard). Les SCPI « diversifiées » dominent le marché, représentant à elles seules 63 % de la collecte brute du T2. Elles devancent les SCPI « bureaux » (19 %), « santé et éducation » (8 %), « logistique et locaux d'activité » (5 %) et « commerces » (2 %). Les SCPI « résidentiel » et « hôtel, tourisme, loisirs » représentent quant à elles respectivement 2 % et 1 % du total des souscriptions.
Même tendance à la stabilité pour la collecte nette du S1 2024 (1,67 milliard), qui reste comparable à celle du S2 2023, avec toutefois une accélération de + 18 % au T2 2024 (907 millions contre 765 millions d'euros au T1 2024). Cela s'explique par la forte baisse des rachats au T2 (- 34 %), passant de 625 millions d'euros au T1 à 412 millions au T2.
Au 30 juin 2024, les parts en attente de retrait représentent 2,6 milliards d'euros, soit 2,9 % de la capitalisation du marché. Mais cette situation cache des situations très contrastées : elles sont concentrées sur seulement 43 % des SCPI (soit 91 SCPI gérées par 17 sociétés de gestion), les 57 % autres (122 SCPI gérées par 44 sociétés de gestion) n'ayant aucune part en attente. De plus, ces dernières captent l'essentiel de la collecte (85 %) du T2 2024.
Les niveau de distribution du S1 sont stables par rapport à ceux de l'an dernier : 37 % des SCPI ont distribué le même montant au S1 en 2024 et 2023, 36 % l'ont augmenté, alors que 27 % l'ont diminué. Le taux de distribution moyen est en légère hausse au S1 à 2,20 %.
Le prix moyen des parts a diminué de -2,16 % sur le S1 : 19 % des SCPI ont diminué leur prix de souscription, 3 % l'ont réhaussé et 78 % l'ont gardé inchangé. Ces niveaux de valorisation devront être confirmés à l'issue des campagnes de réévaluation à mi-année.
Les OPCI et les SC immobilières
Pour les OPCI grand public et les sociétés civiles immobilières en unités de compte (SC), la liquidité est assurée par les assureurs dans le cadre de l'assurance vie. Ces fonds immobiliers ont eux aussi subi les effets de l'environnement macroéconomique tendu. Ce marché montre des signes de ralentissement dans la décollecte nette : au S1, il enregistre un volume d'ordres de rachat bien inférieur à celui du S2 2023, permettant à la décollecte nette de ralentir progressivement, sans toutefois que les flux acheteurs ne parviennent à dépasser les flux vendeurs.
Ainsi, du côté des unités de compte immobilières, la décollecte nette au S1 s'est établie à - 518 millions d'euros (contre -1.700 millions au S2 2023) et - 118 millions au T2 (après - 400 millions au T1). Au S1 2024, la performance globale est de -3,7 %.
Du côté des OPCI, la décollecte nette ralentit et s'établit à -1,3 milliard au S1, en amélioration par rapport au S2 2023 (- 2 milliards). Toutefois, la décollecte se creuse au T2 2024 (- 707 millions) par rapport au T1 (- 553 millions). Au S1 2024, la performance globale est de -3,1 %.
En conclusion, le marché des SCPI, OPCI et sociétés civiles immobilières au S1 2024 reflète un secteur en pleine mutation, marqué par des contrastes importants. Alors que certaines SCPI, notamment les plus récentes, continuent de capter l'intérêt des investisseurs grâce à des rendements attractifs et une collecte solide, d'autres, plus anciennes, doivent faire face à des défis considérables, notamment en matière de demandes de rachat et de valorisation des actifs. Le marché montre toutefois des signes de stabilisation, bien que l'incertitude liée aux taux d'intérêt persiste, rendant l'adaptation et l'innovation indispensables pour les acteurs du secteur.
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