Harris ou Trump: comment l’immobilier de luxe français est impacté par les élections américaines

information fournie par Le Figaro •06/11/2024 à 06:00

(Crédits: Unsplash - Matt Lamers)

Si la clientèle américaine est revenue en France depuis des mois, elle attend le résultat des élections pour concrétiser ses achats immobiliers. Voici ce que les spécialistes des logements haut de gamme attendent selon le candidat victorieux.

Si les sondeurs américains ont toutes les peines du monde à départager les deux candidats à la présidence, les professionnels de l'immobilier de luxe français s'avancent prudemment quand il s'agit de savoir qui de Kamala Harris ou de Donald Trump aura l'impact le plus favorable sur les ventes. Une chose est sûre: ce scrutin devrait permettre de sortir prochainement de l'attentisme dont font preuve les ressortissants américains depuis plusieurs mois, eux qui restent les plus grands amateurs étrangers de la pierre haut de gamme.

«Comme c'est le cas pour les Français, les Américains hésitent à acheter en période pré-electorale, souligne Alexander Kraft, PDG du réseau Sotheby's International Realty France. Cette clientèle était pourtant présente en France depuis des mois et a effectué bon nombre de visites mais ces dossiers ne se sont pas concrétisés. Ce n'est que depuis une quinzaine de jours que les plus impatients franchissent le pas et que des promesses de vente sont à nouveau signées.» Cet attentisme de la clientèle américaine, Thibault de Saint-Vincent, président de Barnes qui passe 4 mois par an aux États-Unis, l'observe des deux côtés de l'Atlantique lui qui revient tout juste de New York .

La crainte des impôts

«La période n'est pas très dynamique, reconnaît-il, mais je doute que le résultat des élections ait un gros impact sur le marché. Ce qui compte vraiment sur place, ce sont les taux d'intérêt qui restent bien plus élevés qu'en France. Et avec le poids et l'indépendance de la Fed, la donne politique n'y changera pas grand-chose à court terme.» Selon lui, ce qui compte désormais plus que le président ou la présidente, ce sont les facteurs locaux. «Les dynamiques sont très différentes selon les régions, les villes, l'action du maire ou la fiscalité locale, explique-t-il. À San Francisco les prix s'effondrent quand ils explosent à Miami, les taxes sont réduites en Floride et très lourdes à New York...» Au vu de toutes ces incertitudes locales, il doute donc d'un impact très précis en France.

Même circonspection pour Eric Donnet, directeur général de Féau. «Les Américains représentent la moitié de notre clientèle étrangère, souligne-t-il, ils sont donc très importants mais distinguer l'impact spécifique qu'aurait l'élection d'un candidat plutôt qu'un autre me semble délicat.» Il faut dire qu'à l'image des Américains, les acheteurs d'immobiliers de luxe sont très partagés. «La clientèle de Floride est souvent trumpiste alors qu'à New York la sensibilité démocrate l'emporte généralement» , souligne Thibault de Saint-Vincent. De son côté Sébastien Kuperfis, PDG de Junot, repère des impacts positifs possibles dans les deux cas de figure. «Il est possible que si Kamala Harris l'emporte, certains investisseurs craignent une hausse des impôts chez eux et se tournent vers la France, explique-t-il. Nous avons eu le cas de manière assez marquée avec une clientèle britannique qui fuit les mesures socialistes de son gouvernement. À l'inverse, si Trump l'emporte, des démocrates apeurés et/ou écœurés pourraient choisir de venir s'exiler en France.»

Situation paradoxale

«La situation risque d'être assez paradoxale si Trump l'emporte, estime pour sa part Alexander Kraft. La clientèle la plus aisée regarde Trump avec bienveillance estimant qu'il est favorable au business. Et en même temps d'un point de vue international, le retour de Trump peut inquiéter les marchés et conduire à une situation très volatile, au gré de ses décisions impulsives.» Au final, le principal impact de cette élection pourrait bien être le climat international qui en résulte: la gestion des dossiers ukrainien ou israélo-palestinien notamment. Car la confiance dans l'avenir reste le premier moteur du marché immobilier. Et a contrario, la pire situation serait celle d'une incertitude prolongée par une élection sans vainqueur clair.