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Faut-il se laisser tenter par les placements ISR en 2023 ?
information fournie par Café de la Bourse 18/01/2023 à 10:10

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

De plus en plus d'épargnants souhaitent donner du sens à leur épargne et les professionnels de la finance l'ont bien compris en multipliant les supports d'investissement de la finance responsable, reconnaissables grâce à leur label, et notamment au label ISR, présent depuis de nombreuses années déjà dans le paysage de l'épargne en France. Il est par exemple depuis la loi Pacte obligatoirement présent parmi les supports en unités de compte des contrats d'assurance-vie, ce placement chouchou des Français.

Le label ISR a largement séduit les Français. En 2022 ? c'est plus de 1 000 fonds labellisés ISR qui étaient proposés au grand public. Alors qu'une grande réforme du label ISR est prévu pour l'été prochain, est-il pertinent d'investir via ce label en 2023 ? Quels sont les atouts du label ISR ? Quelles sont les limites de cette réforme ? L'investisseur particulier en sortira-t-il gagnant ? Toutes nos explications.

Investissement socialement responsable : la révision du label ISR par Bercy

Créé en 2016 par le Ministère de l'Economie et des Finances, le label ISR permet aux épargnants d'identifier facilement les fonds respectant les principes de l'investissement socialement responsable. Depuis sa création, le label ISR peut concerner l'ensemble des véhicules de gestion collectives (ETF, OMPCVM classiques) mais aussi depuis 2020 les fonds immobiliers comme par exemple les SCPI, les OPCI ou les SCI. Depuis la même année, le label ISR peut aussi s'appliquer aux mandats de type institutionnels.

Depuis 2021, une nouvelle gouvernance a été mise en place dont la mission est de permettre au label ISR « de s'adapter aux nouvelles attentes des épargnants et des investisseurs et de demeurer un outil d'envergure pour orienter l'épargne vers le financement d'une économie durable ». L'État, qui est le propriétaire du label ISR, et est donc seul décisionnaire quant aux évolutions du label a prévu une grande réforme à l'été 2023.

Toutefois, il existe aussi au niveau européen une volonté de rendre plus accessible et transparente la finance durable au travers du SFDR (« Sustainable Finance Disclosure Regulation ») et notamment son Article 9 qui désigne les produits ayant un objectif d'investissement durable, c'est-à-dire qui investissent dans une activité économique contribuant à un objectif environnemental et/ou social. Cet Article 9 qui reste très évasif sur la définition même d'investissement durable pose d'ailleurs problème dans la mesure où il peut prêter à de nombreuses interprétations. De plus, l'inscription à cette catégorie Article 9 ne repose que sur une auto-évaluation des gérants de fonds.

Finance responsable : le nouveau label ISR fait la traque au greenwashing

Le greenwashing est un véritable problème pour la finance durable qui parfois manque de crédibilité malgré l'existence des différents labels de référence, qu'ils soient nationaux ou européens. On peut regretter que des fonds estampillés finance durable soient investis dans des énergies fossiles, le nucléaire ou l'armement et/ou dans des entreprises qui n'ont pas une politique claire en matière de critères ESG.

La label ISR se veut plus exigeant que le SFDR avec un double objectif : limiter le greenwashing et assurer la crédibilité du label. C'est déjà le cas actuellement dans la mesure où le processus de labellisation du label ISR correspond à un cahier des charges assez précis, avec 6 catégories d'exigences, et où les certifications sont délivrées par un tiers puisque trois organismes indépendants certifiés par le Comité français d'accréditation le délivrent : Afnor Certification, EY France et Deloitte. Cependant, des abus ont pu exister, pointés d'ailleurs en 2021 par l'Inspection général des finances.

C'est dans ce contexte qu'aura lieu la grande réforme du label ISR prévue en 2023 qui rendra plus difficile l'obtention du précieux label puisque de nombreuses mesures supplémentaires entreront en vigueur et notamment :

- les candidats à la labellisation devront soumettre un plan d'action concret concernant la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre ;

- les sociétés appartenant au secteur des énergies fossiles et du charbon seront exclues ;

- des indicateurs devront obligatoirement être mis en place pour mesurer l'impact réel des portefeuilles sur les questions sociales, environnementales et de bonne gouvernance.

Cette réforme devrait permettre de proposer aux épargnants un label plus fiable et mieux encadré avec un « référentiel précis et exigeant », dixit Michèle Pappalardo, Présidente du Comité du label ISR qui confiait en décembre 2022 à l'AGEFI : « le grand intérêt du label ISR est d'éviter les écueils liés à SFDR ».

Investissement socialement responsable : un label en forme de mille-feuilles, de plus en plus contraignant

Si la réforme du label ISR qui devrait entrer en vigueur à l'été 2023 nous semble être de bon augure pour les épargnants qui pourront investir en toute confiance dans ce label en étant à peu près certain que leur argent sera placé dans des fonds vertueux, respectant les critères ESG, cette réforme n'est pas forcément vue d'un bon œil par les professionnels de la finance, qui émettent à juste titre de nombreuses réserves. En effet, la réforme est indispensable et son objectif louable. Toutefois, on peut regretter une trop grande rigidité dans le dispositif. Quid aussi de l'accompagnement des entreprises qui ont davantage besoin d'être prises par la main que confrontées à des objectifs irréalistes ?

Certaines mesures peuvent même s'avérer contre-productives, notamment en ce qui concerne les exclusions. Par exemple, en termes d'émission de CO2 ou de respect des critères ESG, plutôt que d'imposer d'emblée des exclusions, peut-être aurait-il mieux valu inciter les entreprises à faire évoluer leur modèle ? Ou même inciter les sociétés de gestion à inciter les entreprises à faire évoluer leur modèle en valorisant leur engagement actionnarial. C'est dans cet esprit que plusieurs sociétés de gestion, dont Meeschaert Asset Management et La Financière de l'Échiquier, ont demandé au groupe Total de se conformer à l'accord de Paris sur le climat.

Il nous semble toutefois important de saluer la mise en place d'un « label à niveaux » avec un socle de base et plusieurs niveaux d'exigence optionnels qui permet de proposer une grille de lecture claire pour l'épargnant tout en accompagnant l'ensemble des entreprises vers un modèle plus durable.

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