
(Crédits photo : Unsplash - Jonathan Mast )
Les fruits objets de sa colère étaient vendus dans un supermarché situé à 2 kilomètres seulement de son exploitation. Ce professionnel souhaite faire passer un message plus général sur la condition des agriculteurs français.
C'est un autre fruit de la discorde. Samedi, un arboriculteur de la Drôme - Joris Miachon - a poussé un coup de gueule sur les réseaux contre le supermarché Super U de Saint-Sorlin-en-Valloire, qui propose des poires d'Argentine.
« Bravo U Les Commerçants. En plein cœur d'une zone de production, vous n'avez pas honte de proposer de la poire d'Argentine ? », a-t-il écrit sur le réseau social Twitter.
«La spécialité de la région est la poire. On a commencé la récolte, le conditionnement et la vente, on a des employés qui se tuent à la tâche pour ramasser des poires sous 45 degrés» , nous explique Joris Miachon, qui est également responsable de la section jeunes du syndicat «Coordination rurale».
«Ce supermarché est situé à 2 kilomètres de mon exploitation. C'est choquant pour tout le monde d'y trouver de la poire de l'hémisphère sud en pleine récolte» , poursuit-il. Aux côtés des poires d'Argentine, le magasin proposait également des poires d'Afrique du Sud.
L'arboriculteur explique avoir contacté le directeur du supermarché. «On l'a appelé pour lui expliquer notre mécontentement. Il a réagi en retirant les poires qui venaient de l'hémisphère sud et nous a dit que c'était proposé par la centrale d'achat» .
«Un décalage de saison», explique l'enseigne
Contacté par Le Figaro , le groupe Système U met l'accent sur la saisonnalité des fruits et légumes. «Normalement nous nous débrouillons pour que les produits récoltés en France se substituent aux produits d'importation. Cette année, les poires françaises étaient en avance et nous avions encore des poires d'importation. Nous terminions l'écoulement des poires d'importation et les poires françaises allaient prendre leur place en rayon. C'est une question de décalage de saison» , justifie l'enseigne.
Système U explique par ailleurs «comprendre que l'image soit difficilement compréhensible pour certains sans l'explication du contexte» .
Au-delà de cette affaire, Joris Miachon souhaite faire passer un message. «Pendant le confinement, on était un peu les 'héros de la nation'. Aujourd'hui on a l'impression d'avoir été utilisés» , expose-t-il. Début juin, le ministre de l'Agriculture d'alors, Didier Guillaume, expliquait notamment qu'il était «important d'acheter français» . « On a vraiment l'impression qu'on est un outil de communication. La finalité, c'est que ce n'est pas respecté et ça nous scandalise un peu» , poursuit Joris Miachon.
«Soit on considère qu'on doit être soumis à la concurrence, mais nous n'avons pas toutes les cartes en main pour rivaliser. Soit on considère que l'agriculture a une valeur économique et qu'il faut la soutenir. Pas à coups de subventions mais en nous achetant notre marchandise à des prix rémunérateurs» , estime l'arboriculteur. Selon lui, il faut jouer la carte de la préférence nationale ou locale. Dès lors, le rôle des centrales d'achat mais aussi des consommateurs s'avère crucial.
Pour les consommateurs, le prix est évidemment une donnée fondamentale. Dans le cas des poires, celles en provenance de l'hémisphère sud sont plus chères que les productions françaises, si l'on en croit Joris Miachon. Dans le Super U de Saint-Sorlin-en-Valloire, les poires d'Afrique du Sud et d'Argentine étaient respectivement affichées à 3,35 euros et 3,55 euros le kilo, comme on peut le voir sur sa photo postée sur Twitter. «Pour une poire de calibre moyen, je viens d'avoir une proposition à 1,35 euro le kilo, sachant qu'en général le prix est doublé en rayon donc autour de 2,70 euros le kilo» , conclut l'arboriculteur.
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