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Un déficit public autour de 4,7% du PIB visé
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Diminution de €6 mds sur le train de vie de l'État
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La "taxe Zucman" et l'ISF pas envisagés
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La réforme de l'assurance-chômage jugée prioritaire
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Pas de nouveau conclave sur la réforme des retraites
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"Sans changement majeur, nous censurerons", prévient le PS
(Actualisé avec réaction du PS)
Le Premier ministre Sébastien Lecornu s'est engagé vendredi à présenter un projet de budget "robuste" pour 2026, évoquant des économies sur le train de vie de l'Etat et écartant toute austérité ou "régression sociale".
"Je présenterai un projet robuste aux alentours de 4,7% [de déficit public par rapport au PIB, NDLR], compte tenu du fait que j’ai décidé de ne pas imposer aux Français de renoncer à deux jours fériés sans être rémunérés", déclare le chef du gouvernement dans une interview au Parisien.
Son prédécesseur François Bayrou, renversé à l'Assemblée nationale après l'échec d'un vote de confiance, avait proposé un effort budgétaire de 44 milliards d'euros pour 2026 afin de ramener le déficit public à 4,6% du PIB l'an prochain.
"Il y a des attentes sociales fortes dans notre pays, il est donc hors de question de préparer un budget d’austérité et de régression sociale", souligne Sébastien Lecornu qui s'est attelé depuis sa nomination à Matignon le 9 septembre à consulter les forces politiques et syndicales pour tenter de trouver un compromis sur le budget.
"Je souhaite continuer à travailler le projet de budget. Les ministres qui veulent rentrer au gouvernement vont devoir l’endosser. C’est le 'quoi' avant le 'qui'," ajoute le Premier ministre en promettant de présenter une équipe gouvernementale avant le début des travaux parlementaires le 1er octobre.
Le nouveau chef du gouvernement promet que les moyens consacrés aux retraites augmenteront de six milliards d’euros l'an prochain, ceux pour la santé de cinq milliards d’euros.
Prié d'expliquer comment son gouvernement parviendrait à un déficit autour de 4,7%, Sébastien Lecornu ne fournit pas de détails, soulignant que "les efforts ne seront compris que s’ils sont partagés et justes". Il assure que ces efforts doivent commencer par l'Etat, "qui doit donner l'exemple".
"Je vais donc proposer une diminution de six milliards d’euros sur l’État et son train de vie", indique le Premier ministre.
Interrogé sur la mise en oeuvre d'une "taxe Zucman" sur les hauts patrimoines en France défendue par la gauche, Sébastien Lecornu "ne croit pas" qu'il s'agisse de la "bonne réponse", sans écarter un débat sur "plus de justice fiscale".
"Je ferai donc une proposition de budget dans laquelle certains impôts augmenteront, mais d’autres diminueront", déclare-t-il.
NON AU RETOUR DE L'ISF
Alors que le débat sur la "justice fiscale" bat son plein, avec un possible retour de l'impôt sur la fortune (ISF), supprimé en 2017, Sébastien Lecornu dit qu'une telle mesure n'est pas pour le moment envisagée, même si dans le bloc central l'idée n'est plus un tabou, selon Le Parisien.
S'agissant de l'abrogation ou de la suspension de la réforme des retraites, réclamée par les oppositions, le Premier ministre semble exclure une telle démarche.
"Aucun gouvernement n'a jamais remis en cause une réforme des retraites d'un gouvernement précédent", dit-il, ajoutant que "personne ne veut d'un nouveau conclave" sur ce dossier, faisant référence à celui mis en oeuvre par son prédécesseur François Bayrou, qui s'était soldé par un échec.
Sébastien Lecornu admet néanmoins qu'il ne peut "pas dire aux femmes et aux personnes qui font un métier pénible qu’ils ne méritent pas que ces questions soient traitées".
Sur la réforme de l'assurance-chômage, le chef du gouvernement se montre en revanche plus ouvert, indiquant qu'il veut s'y atteler en priorité avec les partenaires sociaux, car c'est "un énorme sujet d’avenir".
CRITIQUES DE LA GAUCHE
"Sébastien Lecornu avait promis "la rupture", il fait aujourd'hui le choix du jusqu'au boutisme", a réagi dans un communiqué le Parti socialiste, accusant le Premier ministre d'avoir balayé toutes les propositions du PS et de préférer celles de l'extrême-droite.
"Sans changement majeur d'orientation, nous censurerons ce gouvernement", prévient le PS.
"Quand je lis cette interview, je m'étouffe. Qui est ce Premier ministre qui veut faire la même chose que son prédécesseur ?", avait réagi plus tôt Arthur Delaporte, député PS, au micro de RTL.
"Je ne vois pas ce qui change dans ce que promet Sébastien Lecornu par rapport à ce que voulait faire François Bayrou. La même trajectoire budgétaire et donc les mêmes coupes qui seront imposées si on dit que derrière, on ne veut pas augmenter la fiscalité sur les plus fortunés", avait-il développé.
Le Parti socialiste a présenté récemment un projet de budget prévoyant de réduire de 21,7 milliards d'euros le déficit public en 2026 via notamment l'instauration d'une taxe "Zucman" de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros - une mesure qui pourrait rapporter 15 milliards d'euros selon le PS.
Du côté de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur le réseau social X: "Les nigauds sont servis : Lecornu fait du Macron. Ni plus ni moins. Au moins c'est franc. Il est temps pour la gauche de l'hémicycle de rallier la censure insoumise."
(Rédigé par Blandine Hénault et Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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