Après des années de blocages, la Tour Montparnasse fermera ses portes pour travaux le 31 mars 2026

Les copropriétaires réunis en Assemblée générale extraordinaire doivent voter ce vendredi matin en faveur de cette date butoir, envisagée depuis des mois. Mener à son terme la rénovation du bâtiment emblématique ne sera pas une mince affaire.

Une étape importante du projet de rénovation de la Tour Montparnasse va être franchie ce vendredi matin. Selon nos informations, une Assemblée générale des copropriétaires est convoquée à 10h30. À l’ordre du jour de la réunion, une seule et unique résolution : la date de fermeture du bâtiment. Elle est fixée au 31 mars 2026. Il reste donc un peu plus de trois mois aux sociétés qui ont encore des activités sur place pour faire leurs cartons et partir.

Sauf coup de tonnerre, cette résolution devrait passer sans la moindre difficulté, avec sans doute un score insolent, comme c’est toujours le cas dans cette copropriété hors-norme où les poids lourds que sont La Financière Patrimoniale d’Investissement (LFPI), Séché Environnement, AXA, la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) mais aussi l’homme d’affaires Xavier Niel détiennent ensemble la quasi-totalité des tantièmes. Parce qu’ils ont immobilisé beaucoup d’argent dans le bâtiment le plus haut et la plus controversée de la capitale, ils veulent maintenant aller de l’avant pour rentabiliser leurs investissements. Les «petits» copropriétaires ont, eux aussi, fini par se lasser des «stop-and-go» et divers blocages qu’a connus le projet. « Tout le monde a envie que les travaux commencent », confie un de nos interlocuteurs.

Une rénovation titanesque

Selon le projet présenté lors de l’AG de juillet dernier, cette rénovation titanesque coûtera plus d’un demi-milliard d’euros : 624 millions d’euros HT comme l’avait révélé alors Le Figaro. À la clé, la promesse d’une façade sans comparaison avec l’actuelle parce que non monolithique, la création d’un hôtel de luxe, un hall d’entrée digne de ce nom, une serre agricole en haut de l’édifice, 10 % de surface supplémentaires grâce à une deuxième peau placée sur les façades de l’édifice, etc. Un permis de construire modificatif a été déposé le 21 novembre. Car les ambitions ont été revues à la baisse par rapport au premier projet, beaucoup trop onéreux. La Tour ne gagnera finalement que 12 mètres de hauteur, contre 23 mètres prévus initialement.

Cette date du 31 mars 2026 n’est pas vraiment une surprise. Elle avait déjà fait l’objet d’un vote en Assemblée générale l’été dernier. Mais, en l’assortissant de conditions. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. À entendre un copropriétaire qui a requis l’anonymat, la décision n’aurait donc rien à voir avec les mises en garde récentes des préfets d’Île-de-France et de Paris dans une lettre datée du 14 novembre 2025 révélée par CF News et que Le Figaro s’est procurée. Il est question dans la missive du système de sécurité incendie dispersant « dans l’air des poussières d’amiante » en cas d’« activation intempestive ».

« Par conséquent, la fermeture rapide du bâtiment au public s’impose, au plus tard au début de l’année 2026 », font valoir les représentants de l’État. « Il convient que les travaux de rénovation de la Tour soient réalisés en site inoccupé », ajoutent-ils encore. Le syndic de la Tour aurait fait savoir aux représentants de l’État que leurs demandes n’étaient pas justifiées. Même s’il reste de la fibre à quelques endroits, 250 millions d’euros ont déjà été dépensés pour le désamiantage du bâtiment, lequel est un des plus contrôlés de Paris, via notamment le comité amiante qui inspecte très régulièrement le bâtiment.

Si la Tour Montparnasse n’est effectivement frappée d’aucun arrêté, le coup de pression des préfets semble tout de même avoir contribué à faire bouger les choses. Dans une sorte d’alignement des planètes, le Conseil de Paris a également validé mercredi le projet d’aménagement de l’espace public qui jouxte la Tour, ainsi que le centre commercial et la tour CIT qui le surplombe. Le projet de rénovation de la Tour Montparnasse est cher à la maire de Paris, Anne Hidalgo . Elle caressait l’espoir d’une rénovation pour les JO de 2024. C’était sans compter sur l’ampleur du projet et les mésententes au sein du syndicat, entre les gros investisseurs et, de l’autre, des «petits» copropriétaires désireux de défendre leurs intérêts, l’Observatoire panoramique de la Tour Montparnasse en tête (OPTM). Car, la rénovation de la Tour ne peut être possible sans de nombreux échanges et rachats de lots.

Ascenseurs mis à l’arrêt, fermeture d’une entrée

Au cours des dernières années et des derniers mois, OPTM, qui jouit de l’usage exclusif du toit-terrasse et redoute notamment de devoir le partager avec une serre qui ferait concurrence à ses activités, avait vu se multiplier les manœuvres destinées à gêner considérablement ses affaires en compliquant singulièrement les visites de ses clients désireux d’embrasser Paris depuis le haut de la Tour : fermeture de l’entrée d’accès à la Tour réservée à ses clients, mises à l’arrêt des ascenseurs, test de désenfumage nécessitant la fermeture de la tour unilatéralement fixé lors d’un week-end de très fortes affluences touristiques à Paris, etc. Cette société a multiplié ces dernières années les procédures contre le syndicat des copropriétaires de la Tour afin de préserver son activité. Les dernières ont été lancées l’été dernier.

Le départ du président du Conseil syndical, Frédéric Lemos, débarqué en novembre de la présidence de LFPI Reim par le fondateur du groupe LFPI pourrait contribuer à faire avancer les discussions dans le bon sens. Voire rebattre totalement les cartes. La Lettre évoquait récemment l’éventuelle arrivée de Frédéric Lemos dans l’écurie de Xavier Niel. Les deux hommes se connaissent bien. Ils sont déjà conjointement propriétaires d’une partie de la Tour via la société Carrot Cake. Également évoqué, le souhait de LFPI de se séparer des locaux qu’il détient dans la Tour et qui représentent environ 30% de l’ensemble. Ce qui fait de cette foncière le premier copropriétaire de la Tour. Ce serait un nouveau coup de tonnerre. Comme nous le confie une de nos sources, « les prochains mois seront décisifs ».