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Réalité virtuelle : les raisons d'être optimiste
information fournie par Edmond de Rothschild AM 10/02/2021 à 08:04

Tribune libre. Par Timothée Au Duong, Gérant de fonds chez Edmond de Rothschild Asset Management


"La technologie devenant accessible à un plus grand nombre stimulera nécessairement une demande pour plus de contenu. Enfin, sous un angle plus conjoncturel, la virtualisation est perçue comme une solution adaptée à la période difficile que nous traversons car elle nous permet de garder contact dans des conditions proches de la réalité."  (crédit photo : Andrea Piacquadio-pexels)

"La technologie devenant accessible à un plus grand nombre stimulera nécessairement une demande pour plus de contenu. Enfin, sous un angle plus conjoncturel, la virtualisation est perçue comme une solution adaptée à la période difficile que nous traversons car elle nous permet de garder contact dans des conditions proches de la réalité." (crédit photo : Andrea Piacquadio-pexels)

Malgré un bilan un peu décevant ces dernières années, les anticipations de croissance de cette technologie sont très prometteuses.

Parmi toutes les technologies innovantes, la réalité virtuelle (RV) est une de celles qui fait le moins souvent parler d'elle. Elle a pourtant l'objectif ambitieux de simuler la présence humaine dans un environnement artificiel au travers d'une expérience immersive. Pour cela, elle a recours à l'utilisation de la 3D, la stimulation des sens (toucher, ouïe) et la possibilité de nombreuses interactions. On l'associe souvent à la réalité augmentée (RA), une technologie cousine qui vise à inclure des éléments virtuels dans le monde réel. Ces dernières ont suscité un fort intérêt il y a 5 ans, à la suite de la sortie du casque Oculus Rift et du jeu Pokémon Go, qui ont créé la surprise en dévoilant ce nouvel univers au grand public. Les spécialistes semblaient alors convaincus de leur décollage imminent. Pourtant, celui-ci ne s'est pas produit et aujourd'hui, ces dernières semblent être restées au stade des curiosités, effacées de la liste des grandes thématiques d'avenir. Pourtant, de nombreux atouts demeurent présents, et les perspectives de croissance futures sont bien réelles.

Des débuts difficiles

Les ventes de casques de RV se sont avérées assez décevantes au cours des dernières années. Les raisons de cette déception sont multiples. Tout d'abord, il s'agit d'une technologie qui peut être lourde de prérequis en termes d'équipement et d'installation, ce qui la limite à un public restreint d'initiés tandis que la majorité des consommateurs s'oriente plutôt vers des solutions mobiles et ergonomiques. Ensuite, elle peut nécessiter un investissement financier certain : en 2016, les casques Oculus Rift et HTC Vive coutaient respectivement 700 euros et 900 euros, et en y ajoutant le coût d'une machine suffisamment puissante pour une expérience optimale, la barrière du prix a pu représenter un sérieux obstacle.

Un atout pour les entreprises

La réalité virtuelle ne cible pas uniquement le marché du divertissement, elle a le grand avantage de proposer des solutions innovantes aux entreprises de tout secteur d'activité. Selon une étude de Goldman Sachs, ces dernières représenteraient d'ailleurs près de la moitié de la taille totale du marché. L'un des secteurs les plus représentatifs est sans doute celui de la santé, qui l'utilise aussi bien en thérapie, pour exposer les patients atteints de phobies à des situations de stress contrôlé, ou en chirurgie, pour permettre des opérations simulées sur des cobayes virtuels. Dans le e-commerce, la technologie propose au consommateur une expérience tant immersive qu'interactive et proche des conditions réelles du magasin.

Elle permet par exemple de visualiser un meuble dans son environnement, de s'assurer des dimensions d'un bien électroménager, ou d'essayer virtuellement des vêtements. Toutes ces possibilités apportent une réelle valeur ajoutée à un domaine déjà en pleine expansion. Enfin, dans l'industrie automobile, la technologie est placée au cœur du processus de transformation. Ford Motors s'en sert par exemple pour évaluer le ressenti du conducteur dans des prototypes virtuels, lui permettant ainsi de s'affranchir de la fabrication de modèles physiques et la société Wayray utilise la réalité augmentée pour afficher sur le pare-brise des hologrammes d'assistance à la conduite qui analysent la signalisation et les obstacles de la route en temps réel. Ainsi, quel que soit le domaine, la réalité virtuelle permet aux entreprises de proposer de nouveaux services, de se différencier et de gagner en compétitivité. Selon Capgemini, 82% des sociétés qui ont mis en œuvre des solutions de réalité virtuelle ou augmentée ont affiché des résultats conformes ou supérieurs aux attentes. Ces dernières sont donc mécaniquement moins dissuadées par le coût potentiellement élevé de la technologie.

Un environnement porteur

Les avis quant à la croissance future de la réalité virtuelle et augmentée restent partagés, mais certains éléments plaident désormais en faveur d'une importance grandissante au sein de la société. Premièrement, les avancées technologiques prévues dans des domaines tels que la 5G ou l'Intelligence Artificielle pourraient bien lui permettre de repousser ses limites. Dans un futur proche, la 5G sera synonyme d'un débit de données jusqu'à 10 fois plus rapide ainsi que d'une connexion plus stable. Les interactions à distance pourront donc se faire quasiment en temps réel, ce qui représente un avantage majeur pour les utilisateurs. Deuxièmement, au fur et à mesure que celle-ci se développe, le matériel devient plus abordable tout en offrant une meilleure expérience. La nouvelle version de l'Oculus Quest de Facebook en est un exemple concret, celui-ci étant plus léger, plus rapide et 25% moins cher.

La technologie devenant accessible à un plus grand nombre stimulera nécessairement une demande pour plus de contenu. Enfin, sous un angle plus conjoncturel, la virtualisation est perçue comme une solution adaptée à la période difficile que nous traversons car elle nous permet de garder contact dans des conditions proches de la réalité. Les entreprises ont bien saisi le potentiel social de la technologie, comme en attestent les nombreux développements au sein du secteur. En guise d'exemple récent, nous pouvons citer Apple, qui a racheté NextVR, une société spécialisée dans la retransmission immersive d'événements sportifs, de concerts et de conférences. Nous pouvons également citer L'Oréal, qui a développé une gamme de maquillage virtuel uniquement disponible lors des appels vidéo.

Des acteurs engagés

Aujourd'hui, les anticipations de croissance de la réalité virtuelle et augmentée sont prometteuses, ce qui contraste avec la déception des premières années. La taille de son marché est estimée à 570 milliards de dollars en 2025 selon Allied Market Research, soit à peut près dix fois sa taille d'aujourd'hui. Il aurait même le potentiel d'atteindre 1500 milliards en dollars en 2030 selon PWC. L'opportunité se situe donc davantage sur le long terme que pour cette année ou la suivante. En effet, les coûts requis en recherche et développement ne se traduisent pas en une rentabilité immédiate pour les entreprises, ce qui a pour effet de limiter le nombre de ses acteurs. Sans surprise, les principaux ne sont autres que les géants technologiques Google, Apple, Facebook, Samsung et Microsoft, auxquels s'ajoutent certains éditeurs de logiciels comme Unity Software ou Dassault Systèmes.

L'innovation reste le moteur de la technologie et l'on compte un nombre important de projets de recherche qui ont comme ambition d'imaginer l'étendue des possibilités offertes par la technologie. Ces derniers sont d'ailleurs accessibles au grand public lors d'évènements comme le salon français du Laval Virtual, qui centralise l'état de l'art de la technologie dans tous les secteurs existants : du divertissement à l'immobilier, en passant par la formation et la défense. Ce dernier secteur, la défense, représente d'ailleurs un bénéficiaire évident des progrès apportés par technologie : les casques de RV pouvant par exemple retransmettre aux officiers des cartes du terrain en temps réel afin de faciliter leurs décisions militaires. Ce genre d'usage lui confère une dimension stratégique qui incite les Etats à être attentifs à ses développements futurs.

Une opportunité de long terme

Ainsi, il est fort probable que, comme pour toutes les technologies émergentes, l'intégration de la réalité virtuelle et augmentée au sein de notre société ne se fasse pas du jour au lendemain. Si l'intérêt des professionnels de l'investissement a perdu en intensité au cours des dernières années, ce n'est pas le cas de celui des entreprises et de certains acteurs du domaine public qui continuent d'y investir massivement, à l'instar de la ville chinoise de Qingdao qui a récemment décidé d'y consacrer un montant équivalent à 500 millions d'euros. Chaque secteur d'activité peut trouver en cette technologie de nombreux axes de développement, ce qui lui confère un potentiel de croissance considérable sur le long terme.

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