Le président américain n’est «pas sûr» que la France et les autres pays de l’Otan viendraient en aide aux États-Unis en cas de «problème». L’Histoire a pourtant prouvé que la France avait répondu présent par le passé, au prix de lourds sacrifices.
La nouvelle administration américaine aime visiblement prendre des libertés avec les faits. Mardi 4 mars, le vice-président J.D. Vance avait déjà implicitement insulté l’engagement de milliers de soldats français et britanniques , après avoir déclaré que le projet de Paris et Londres d’envoyer un contingent de 20.000 soldats de maintien de la paix en Ukraine était l’initiative de «pays quelconques» qui ne s’étaient «pas battus depuis 30 ou 40 ans» . «Les quelque 600 soldats morts pour la France méritent le respect», avait répondu le ministre des Armées Sébastien Lecornu en réponse . Ce jeudi 6 mars, Donald Trump a, lui, remis en cause la solidarité française en matière militaire : «Si les États-Unis avaient un problème et qu’on appelait la France ou d’autres pays que je ne nommerais pas en disant ’on a un problème’, vous pensez qu’ils viendraient nous aider, comme ils sont censés le faire ? Je n’en suis pas sûr...»
Le président américain semble sous-entendre que la France, et plus globalement les pays de l’Otan, ne se tiendraient pas aux côtés des Américains en cas d’attaque, comme le prévoit l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord . Emmanuel Macron lui a cette fois répondu en personne, exigeant du «respect» et rappelant la contribution du marquis de Lafayette à l’indépendance des États-Unis. «Nous avons toujours été là l’un pour l’autre» , a-t-il souligné. Outre ce chapitre ancien de l’histoire commune des deux pays, la France a également contribué bien plus récemment à la sécurité de l’Amérique, après le 11 septembre 2001, payant au passage un lourd tribut.
90 morts et des centaines de blessés
Les attentats du World Trade Center ont débouché sur une guerre ouverte en Afghanistan, déclenchée en coalition par le fameux article 5. Sa seule utilisation de l’histoire. Pour rappel, ce texte n’oblige aucun pays à fournir une assistance militaire à l’un de ses alliés . Chaque pays membre est libre de déterminer la façon dont il souhaite contribuer. Mais la France n’a pas hésité à y engager des hommes et des moyens militaires importants, dans deux opérations distinctes : au sein de la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) sous commandement de l’Otan, et de l’opération Enduring Freedom sous commandement américain. Dès novembre 2001, le porte-avions Charles de Gaulle est envoyé dans l’océan Indien, avec des frégates et un sous-marin nucléaire d’attaque. Une force aérienne est également déployée.
En janvier 2002, les premiers soldats français posent le pied sur le sol afghan. Jusqu’au retrait définitif des troupes en 2012 et 2013, 50.000 militaires ont été envoyés en Afghanistan, dont 4000 au plus fort du déploiement. Pour «aider» les États-Unis, pour reprendre la terminologie de Donald Trump, la France a perdu 90 hommes en 11 ans, dont quatre commandos marine et 12 légionnaires. Sans compter les centaines de blessés, dont la plupart ont présenté un état de stress post-traumatique. L’année 2011 fut la plus meurtrière pour l’armée française, avec 26 soldats tués en opération. Outre le coût humain, cette participation de la France à la guerre d’Afghanistan a eu un réel coût financier pour l’armée. En 2010, le surcoût des opérations extérieures s’est élevé à 867 millions d’euros, dont 470 pour le seul théâtre afghan, soit près de 1,3 million d’euros par jour, comme le soulignait à l’époque le spécialiste des questions militaires Jean-Dominique Merchet .
Au XXIe siècle, la France a d’ailleurs toujours fait preuve d’une coopération stratégique constante avec les États-Unis. Outre l’Afghanistan, l’Hexagone s’est engagé en Libye aux côtés des Américains en 2011, ainsi qu’au sein de la grande coalition contre Daech, depuis 2014. La guerre d’Irak reste à ce jour le seul conflit auquel la France a refusé de s’associer, par la voix de son président Jacques Chirac.
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