La Thaïlande se dirige vers des élections anticipées après que le roi a approuvé vendredi la demande du Premier ministre Anutin Charnvirakul de dissoudre le Parlement, permettant au gouvernement d'éviter une potentielle motion de censure, alors même que fait rage le conflit frontalier avec le Cambodge.
Après qu'Anutin Charnvirakul a annoncé jeudi soir qu'il allait "rendre le pouvoir au peuple", le roi Maha Vajiralongkorn a approuvé la requête du Premier ministre de dissoudre le Parlement, montre un décret publié dans la nuit de jeudi à vendredi au Journal officiel.
Le scrutin anticipé devrait avoir lieu en février, la loi prévoyant un délai de 45 à 60 jours pour la tenue d'élections anticipées.
Le processus déclenché par Anutin Charnvirakul intervient dans un contexte de regain des affrontements frontaliers depuis cinq jours avec le Cambodge, lors desquels au moins 20 personnes ont été tuées et près de 200 autres blessées, tandis que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées.
Intervenu en juillet dernier pour chapeauter un cessez-le-feu entre Bangkok et Phnom Penh, le président américain Donald Trump a de nouveau exprimé jeudi son intention de s'entretenir sous peu avec les dirigeants thaïlandais et cambodgien afin de mettre fin aux hostilités.
S'exprimant vendredi devant des journalistes, Anutin Charnvirakul a déclaré que sa décision de dissoudre le Parlement ne nuirait pas à la capacité de Bangkok de gérer le conflit avec le Cambodge.
Un porte-parole du gouvernement a déclaré à la télévision publique que l'administration intérimaire avait "pleine autorité".
Moins de 100 jours après avoir été investi à la tête d'un gouvernement minoritaire, Anutin Charnvirakul a pris la décision de dissoudre le Parlement face à la menace que le Parti du peuple, principale force politique de la chambre, puisse déposer une motion de censure sur fond de fortes tensions politiques.
La tenue d'élections anticipées laisse entrevoir une crise politique encore plus grande en Thaïlande où, depuis deux décennies, nombre de gouvernements et de partis ont été renversés par des putschs et des décisions de justice, illustrations d'une impitoyable lutte de pouvoir entre des élites rivales et des puissances progressistes.
Anutin Charnvirakul a été élu Premier ministre par le Parlement en septembre dernier après que Paetongtarn Shinawatra a été démise de ses fonctions sur décision de justice, une arrivée au pouvoir rendue possible uniquement grâce à un accord avec le Parti populaire, lequel a réclamé en échange qu'Anutin lance un processus de révision de la Constitution avant de dissoudre le Parlement en début d'année 2026.
Mais des débats pour définir les modalités de ce processus ont donné lieu jeudi à un chaos, le chef de file de l'opposition Natthaphong Ruengpanyawut reprochant au Premier ministre de ne pas respecter ses engagements, laissant présager d'une motion de censure.
(Kitiphong Thaicharoen et Panarat Thepgumpanat; version française Jean Terzian)

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