(Actualisé avec nouvelles déclarations de Zelensky, Kremlin)
par Andrea Shalal et Gram Slattery
Le président américain Donald Trump a déclaré dimanche être "très proche" d'un accord sur le plan de paix pour l'Ukraine à l'issue d'une rencontre avec son homologue ukrainien Volodimir Zelensky, qu'il recevait en Floride, même si les deux dirigeants ont admis que des points épineux restaient encore à régler.
S'exprimant lors d'une conférence de presse conjointe à l'issue de leur réunion, durant laquelle ils se sont également entretenus par téléphone avec des dirigeants européens, Donald Trump et Volodimir Zelensky ont tous deux dit avoir eu des discussions "géniales".
"Nous connaîtrons sous plusieurs semaines l'issue des pourparlers Russie-Ukraine", a dit le président américain, qui a par ailleurs discuté par téléphone avec Vladimir Poutine avant de recevoir Volodimir Zelensky et a indiqué qu'il appellerait à nouveau le président russe par la suite.
Alors que Volodimir Zelensky a annoncé qu'un accord avait été trouvé sur les garanties sécuritaires qui seraient apportées à l'Ukraine dans le cadre du plan de paix avec la Russie, Donald Trump s'est montré plus prudent, déclarant que la question était réglée à "95%". Il a également dit s'attendre à ce que les Européens se chargent d'une "grande partie" de ces garanties sécuritaires, avec le soutien des Etats-Unis.
Volodimir Zelensky a déclaré lundi aux journalistes lors d'un échange via WhatsApp que des garanties de sécurité américaines pour l'Ukraine étaient prévues dans le plan, pour une durée de 15 ans. Le président ukrainien a ajouté qu'il avait demandé à son homologue américain de fournir des garanties de sécurité pouvant aller jusqu'à 50 ans.
Dans la foulée de la réunion entre Donald Trump et Volodimir Zelensky, le président français Emmanuel Macron a reconnu sur X des progrès sur les garanties de sécurité et annoncé une réunion de la "coalition des volontaires" début janvier à Paris "pour finaliser les contributions concrètes de chacun".
En amont de sa venue à Mar-a-Lago, où se trouve l'une des résidences de Donald Trump, Volodimir Zelensky avait dit espérer convaincre le président américain d'assouplir l'une des propositions majeures du plan de paix chapeauté par Washington - le retrait complet des troupes ukrainiennes de la région du Donbass, dans l'est du pays, ce qui signifierait céder à Moscou des territoires toujours contrôlés par Kyiv.
"ON SE RAPPROCHE"
Dimanche, les deux dirigeants ont admis que l'avenir du Donbass n'était pas encore réglé. "Ce n'est pas résolu, mais l'on se rapproche", a dit Donald Trump devant les journalistes. "C'est une question très difficile", a-t-il ajouté, après avoir dit qu'il restait "un ou deux points épineux".
Les États-Unis ont proposé de créer une zone économique franche si l'Ukraine quittait la région du Donbass mais le fonctionnement concret de cette zone reste flou. Volodimir Zelensky a indiqué que les discussions à ce sujet se poursuivaient et que l'idée devaient être présentée aux Ukrainiens.
Volodimir Zelensky et Donald Trump n'ont pas donné non plus beaucoup d'indications sur les accords conclus concernant la sécurité de l'Ukraine après la fin du conflit. Moscou a déclaré que tout déploiement de troupes étrangères en Ukraine serait inacceptable.
Le dirigeant ukrainien a indiqué que tout accord de paix devrait être approuvé par le Parlement ukrainien ou par référendum. Selon ses messages aux journalistes sur WhatsApp, un cessez-le-feu d'au moins 60 jours serait nécessaire pour organiser un référendum. Donald Trump s'est dit prêt à s'adresser au Parlement à Kyiv.
Une réunion entre représentants ukrainiens et américains aura lieu la semaine prochaine, a déclaré par ailleurs Volodimir Zelensky, annonçant également la tenue en janvier à Washington d'une rencontre avec Donald Trump à laquelle ont également été conviés des dirigeants européens.
Le président ukrainien a fait savoir lundi qu'une rencontre avec la Russie ne serait possible qu'après que Donald Trump et les dirigeants européens se furent mis d'accord sur un cadre de paix. Il a dit espérer que des garanties de sécurité soient fournies par les partenaires dès la signature d'un accord.
Peu avant l'arrivée de la délégation ukrainienne en Floride, Donald Trump s'est entretenu par téléphone avec le président russe Vladimir Poutine.
Le président américain a décrit leur échange comme "très productif", tandis qu'un conseiller du Kremlin a déclaré que le ton entre les deux dirigeants avait été "cordial" et que la discussion avait duré une heure et quinze minutes.
MOSCOU DEMANDE UNE "DÉCISION COURAGEUSE" SUR LE DONBASS Vladimir Poutine a dit lors de cet entretien téléphonique que la proposition d'une trêve de 60 jours, formulée par l'Ukraine et l'Union européenne, aurait uniquement pour effet de prolonger la guerre, a rapporté Iouri Ouchakov.
Il faut que Kyiv prenne rapidement une "décision courageuse" à propos du Donbass, a ajouté le conseiller en politique étrangère de la présidence russe.
La Russie, qui contrôle 90% du Donbass, insiste pour que l'Ukraine retire intégralement ses troupes de la région.
Au cours du week-end, l'armée russe a intensifié ses attaques aériennes contre l'Ukraine, frappant dimanche la capitale ainsi que d'autres régions du pays avec des centaines de missiles et de drones. Le chauffage et l'électricité ont été coupés dans certains quartiers de Kyiv.
Volodimir Zelensky a décrit les attaques menées par la Russie au cours du week-end comme une réponse de Moscou aux négociations de paix. Donald Trump a toutefois dit dimanche penser que Vladimir Poutine était sincère dans sa volonté de paix.
"Nous avons de quoi parvenir à un accord", a assuré le président américain au moment d'entamer sa réunion avec Volodimir Zelensky. "Nous avons deux pays de bonne volonté. Nous sommes dans la phase finale des discussions".
Le Kremlin a fait savoir lundi qu'un appel entre Vladimir Poutine et Donald Trump aurait lieu très prochainement.
S'agissant de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, l'administration américaine a proposé que Russie et Ukraine s'en partagent le contrôle. Volodimir Zelensky a déclaré lundi que la question de Zaporijjia restait pour le moment en suspens.
Sur place, les travaux de réparation des lignes électriques ont débuté après un nouveau cessez-le-feu local négocié par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a indiqué cette dernière dimanche. Selon Donald Trump, les négociateurs ont progressé sur le sort de la centrale, qui peut "redémarrer presque immédiatement", a-t-il dit.
Depuis le lancement en février 2022 de ce que le Kremlin a présenté comme une "opération militaire spéciale", la Russie a pris le contrôle d'environ 12% du territoire ukrainien, après avoir annexé la péninsule de Crimée en 2014.
(Andrea Shalal à Palm Beach, Gram Slattery à Washington, avec la contribution de Dan Peleschuk et Vladyslav Smilianets à Kyiv, Anastasia Lyrchikova à Moscou; Yuliia Dysa; version française Jean Terzian et Blandine Hénault, avec Etienne Breban)

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