Plusieurs experts pointent les effets de la baisse structurelle de la fécondité en France sur les caisses de l'Etat, qui pourraient encore être sous-évalués par rapport à la réalité démographique.
 
    ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )
"Le système de retraite a une sensibilité inouïe à la démographie". Pendant que gouvernement, responsables politiques et partenaires sociaux préparent un nouveau rendez-vous début novembre à l'occasion de la conférence sur le travail et les retraites réclamée par le Premier ministre, plusieurs figures des institutions-clés du secteur ont sonné l'alerte face à la baisse continue de la natalité en France. Celle-ci devrait accentuer les déséquilibres dans le système de retraite malgré les réformes déjà entreprises, ont-ils averti, lors d'auditions à l'Assemblée nationale jeudi 30 octobre.
"60 milliards" de recettes publiques en moins à l'horizon 2070?
Actuellement, les prévisions du COR (Conseil d'orientation des retraites) sont basées sur un taux de fécondité de 1,8, a rappelé son président Gilbert Cette devant la mission d'information de l'Assemblée sur la baisse de la natalité. "On va revenir sans doute sur cette hypothèse dans notre prochain rapport" , car "on est à 1,6" aujourd'hui, a-t-il ajouté.
Or une telle révision du taux de natalité entrainerait mécaniquement un abaissement de la prévision de croissance économique de 0,15 point par an sur les décennies à venir, a indiqué M. Cette. A l'horizon 2070, cela représente "60 milliards d'euros de recettes publiques" globalement en moins, soit "le budget du ministère de la Défense" a-t-il averti.
"Si on dégrade de 1,8 à 1,6 le taux de fécondité, on dégrade le déficit du système (des retraites) de 60% à l'horizon 2070", a de son côté indiqué Nathanaël Grave, un responsable de la prospective à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav)."Le système de retraite a une sensibilité inouïe à la démographie", a confirmé Renaud Villard, le directeur général de la Cnav.
Quelles "atténuations" possibles à une tendance structurelle?
Cette dégradation de la natalité intervient dans un contexte démographique déjà tendu. Même en prenant en compte l'hypothèse d'un taux de fécondité de 1,8, il y aura en 2070 un cotisant pour un retraité pour le régime général, contre 1,5 aujourd'hui, a rappelé M. Villard.
Face au déséquilibre démographique, l'augmentation du taux d'emploi de la population peut être une "atténuation temporaire" du phénomène, a indiqué Gilbert Cette. Renaud Villard a aussi rappelé que l'immigration était un moyen d'augmenter très rapidement le nombre de cotisants. "En général, les migrants sont plutôt de jeunes adultes en âge de travailler", a-t-il indiqué. La tendance est notamment observée de l'autre côté des Pyrénées, en Espagne. Selon l'Institut national de la statistique (INE) espagnol, les étrangers ont ainsi représenté en 2022 et 2023 près de 80% des nouveaux actifs dans le pays.
 
                                            
                                            
                                         
                                            
                                            
                                         
                                            
                                            
                                         
                                            
                                            
                                        
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