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Un mystérieux pied fossilisé découvert en Ethiopie met sous les projecteurs un contemporain de Lucy
information fournie par AFP 26/11/2025 à 18:39

Photo non datée, diffusée par l'Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona, montrant une partie de la mâchoire juvénile de l'Australopithecus deyiremeda, un ancien parent de l'homme, découverte dans la région Afar, en Éthiopie ( Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona / Stephanie MELILLO )

Photo non datée, diffusée par l'Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona, montrant une partie de la mâchoire juvénile de l'Australopithecus deyiremeda, un ancien parent de l'homme, découverte dans la région Afar, en Éthiopie ( Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona / Stephanie MELILLO )

Un mystérieux pied fossilisé découvert en Ethiopie met sous les projecteurs un ancêtre de l'Homme peu connu, contemporain de l'espèce de la célèbre Lucy, selon une étude scientifique publiée mercredi.

Cette découverte, dernier rebondissement dans l'histoire de l'évolution humaine, pourrait même jeter un doute sur le statut de l'espèce de Lucy, Australopithecus afarensis, en tant qu'ancêtre direct de l'Homo sapiens.

Jusqu'à la découverte de ce pied à Burtele, dans le nord-est de l'Ethiopie, en 2009, l'espèce de Lucy était considérée comme le seul ancêtre de l'homme, ayant vécu dans cette région il y a plus de trois millions d'années.

Mais ce pied n'appartient manifestement pas à l'espèce de Lucy, car il possède un orteil opposable, similaire à un pouce, qui permettait à son propriétaire de s'agripper aux branches des arbres, comme les singes.

L'équipe de scientifiques qui a découvert ce pied en a déduit en 2015 l'existence d'une espèce jusqu'alors inconnue d'hominidé, l'Australopithecus deyiremeda, sur la base de mâchoires vieilles d'environ 3,4 millions d'années trouvées elles aussi à Burtele.

Cette annonce avait été accueillie avec un certain scepticisme dans les milieux scientifiques, prompts à débattre des tentatives d'ajouter une nouvelle branche à l'arbre généalogique de l'Humanité.

L'équipe n'avait jusqu'ici pas été en mesure d'affirmer de façon certaine que les os de ce "pied de Burtele" appartenaient à cette nouvelle espèce Australopithecus deyiremeda.

Mais dans leur nouvelle étude publiée dans la revue Nature mercredi, les scientifiques annoncent que de nouveaux fossiles, dont une mâchoire comportant 12 dents trouvée sur le site, montrent que le pied appartenait bien à un Australopithecus deyiremeda.

"Nous n'avons aucun doute quant au fait que le pied de Burtele appartient à la même espèce que ces dents et cette mâchoire", a déclaré à l'AFP l'auteur principal de l'étude, Yohannes Haile-Selassie, de l'université de l'Arizona.

- Ancêtre de l'Homo sapiens? -

Les chercheurs ont découvert de nouveaux indices d'un lien entre cette espèce et l'Homo sapiens.

Un scanner des dents découvertes suggère ainsi que l'Australopithecus deyiremeda était plus primitif que sa cousine Lucy, selon l'étude. Son régime alimentaire se composait principalement de feuilles, de fruits et de noix provenant des arbres.

Photo non datée, diffusée par l'Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona, montrant le pied de Burtele, qui reste un mystère depuis sa découverte dans la région Afar en Éthiopie en 2009, avec ses différents éléments en position anatomique ( Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona / Yohannes HAILE-SELASSIE )

Photo non datée, diffusée par l'Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona, montrant le pied de Burtele, qui reste un mystère depuis sa découverte dans la région Afar en Éthiopie en 2009, avec ses différents éléments en position anatomique ( Institut des origines humaines de l'Université d'État de l'Arizona / Yohannes HAILE-SELASSIE )

Son gros orteil préhensile suggère également que ce parent de l'Homo Sapiens passait plus de temps dans les arbres.

Or, les gros orteils ont joué un rôle important dans l'évolution humaine, conduisant l'Homme à quitter les arbres et à marcher sur deux jambes.

La question de la cohabitation entre Australopithecus deyiremeda et l'espèce de Lucy ne cesse cependant d'interroger les chercheurs.

Les nouvelles recherches suggèrent que l'espèce des Australopithecus deyiremeda passait son temps dans la forêt, souvent dans les arbres, tandis que les Australopithecus afarensis comme Lucy passaient plus de temps au sol, une différence qui leur a permis de cohabiter, selon les chercheurs.

Cela démontre que "la coexistence est profondément ancrée dans notre ascendance", souligne le chercheur Yohannes Haile-Selassie.

- A la recherche de nos racines -

John McNabb, archéologue spécialiste du paléolithique à l'université britannique de Southampton, qui n'a pas participé à l'étude, a salué ces nouvelles recherches.

"Il y aura toujours des sceptiques, mais je pense que ces nouvelles découvertes, ainsi que la validation des précédentes, aideront de nombreux chercheurs à mieux accepter l'Australopithecus deyiremeda", a-t-il déclaré à l'AFP.

Cela "ajoute un nouvel élément à l'équation" dans la recherche de l'identité de notre véritable ancêtre, se dit certain M. McNabb.

L'espèce de Lucy reste l'ancêtre privilégié, en raison de son pied plus proche de celui de l'Homme, par rapport à l'Australopithecus deyiremeda, plus primitif, concèdent les deux scientifiques.

Mais cette découverte "ouvre la possibilité que nous puissions encore trouver d'autres espèces datant de cette période, car il semble que les australopithèques expérimentaient le fait d'être bipèdes", souligne M. Haile-Selassie.

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