Ce 14 juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé une augmentation d'un quart de point de ses taux directeurs (1 à 1,25%). Une annonce qui sera suivie, d'après les dirigeants de l'institution, d'une nouvelle hausse d'ici la fin de l'année.
C'est un scénario qui inquiète depuis longtemps maintenant : le risque de crise obligataire qui reste très présent sur le marché américain et sur les marchés européens. « Chaque resserrement de politique monétaire précède une crise économique ou financière : en 1982, il y a la crise de l'Amérique latine, en 1987, c'est le krach action, et au krach asiatique en 1997 », explique Franck Dedieu, professeur d'économie à l'IPAG Business School et invité d'Ecorama le 14 juin dernier.
Si les taux sont bas, le véritable problème réside dans la justification de ces politiques monétaires par les banques centrales. « Des taux aussi bas se justifient par la déflation, or on ne la voit plus, une croissance économique absolument à l'arrêt, et un assainissement des budgets des Etats ou l'on se dit qu'ils n'ont pas de problèmes sur leur capacité à rembourser. »
En Europe surtout, les taux sont particulièrement accommodants dans le but d'éviter la déflation. Une politique monétaire maintenue, au moins jusqu'en 2018, malgré la mauvaise santé économique de certains pays : « L'Italie, qui est tout de même en proie à une dette énorme (132% de son PIB) emprunte à 1,8%. La France elle a même emprunté à des taux négatifs sur cinq ans, c'est-à-dire qu'elle gagne de l'argent ». Une situation improbable qui fait craindre au professeur d'économie un réveil compliqué pour les économies habituées à cette situation depuis 2013.
« Le risque réside désormais sur l'augmentation des taux. »
Une remontée des taux sera en effet inévitable. Si les banques centrales effectuent des manipulations en douceur, elles ne doivent pas tenir de telles politiques trop longtemps. « Vous avez des taux qui sont si bas qu'ils ne reflètent pas la réalité des choses. »
Apparait alors le risque crée par l'effet de la remontée de ces taux : « Nous allons rentrer dans un monde où il y aura moins de facilités monétaires, peut-être un peu d'inflation, il y aura une nouvelle normalité. » Une nouvelle norme qui va dépendre d'une stabilité de l'économie. Le moindre renversement brutal de l'économie, que ce soit une croissance forte où un incident « politique ou financier », changerait ainsi la donne et pourrait entrainer l'économie mondiale vers un nouveau krach boursier.
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