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Ukraine-Moscou est sceptique sur le cessez-le-feu proposé par les USA-sources
information fournie par Reuters 12/03/2025 à 10:54

par Guy Faulconbridge et Marina Bobrova

Il est peu probable que Vladimir Poutine accepte en l'état la proposition américaine de cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, ont déclaré mercredi des sources russes, ajoutant que tout accord devrait prendre en compte les avancées de Moscou sur le terrain et répondre à ses préoccupations.

L'Ukraine a accepté mardi cette proposition des Etats-Unis, ainsi que l'ouverture de négociations en vue de parvenir à une paix durable. Washington a rétabli dans la foulée son aide militaire au pays et son partage de renseignements avec Kyiv, suspendus la semaine dernière par le président américain Donald Trump à la suite d'une vive altercation avec son homologue ukrainien Volodimir Zelensky.

Une source russe de haut rang a déclaré à Reuters que la Russie aurait besoin de négocier les termes d'un éventuel cessez-le-feu et d'obtenir des garanties.

"Il est difficile pour Poutine d'accepter cela sous sa forme actuelle", a déclaré à Reuters cette source, qui a requis l'anonymat. "Poutine est en position de force car la Russie progresse."

La Russie contrôle un peu moins d'un cinquième de l'Ukraine et progresse lentement sur le terrain depuis des mois. L'Ukraine s'est quant à elle emparée d'une partie de l'ouest de la Russie en août, mais son emprise sur cette zone s'affaiblit, selon des cartes en libre accès et des estimations russes.

La source russe a ajouté que la position de la Russie risquait de rapidement s'affaiblir en l'absence de garanties accompagnant un cessez-le-feu et que l'Occident pourrait alors reprocher à Moscou de ne pas avoir réussi à mettre fin à la guerre.

Une autre source russe de haut rang a déclaré que, du point de vue de Moscou, la proposition de cessez-le-feu semblait être un piège, car Vladimir Poutine aurait du mal à arrêter la guerre sans garanties ou engagements concrets.

Selon une troisième source russe, les États-Unis avaient globalement accepté de rétablir leur aide militaire et l'échange de renseignements avec l'Ukraine, ce qu'ils ont assorti d'une proposition de cessez-le-feu.

MOSCOU ATTEND L'ISSUE DES DISCUSSIONS EN ARABIE SAOUDITE

Le Kremlin a déclaré mercredi qu'il devait être informé par les Etats-Unis de l'issue de leurs négociations avec des représentants ukrainiens en Arabie saoudite avant de se prononcer sur l'acceptabilité d'un cessez-le-feu.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a également déclaré aux journalistes qu'il n'excluait pas la possibilité d'un appel entre Vladimir Poutine et Donald Trump qui, selon lui, pourrait être organisé très rapidement si nécessaire.

Le président russe a écarté à plusieurs reprises le principe d'un cessez-le-feu de court terme.

"Nous n'avons pas besoin d'une trêve, mais d'une paix à long terme assortie de garanties pour la Fédération de Russie et ses citoyens. La question de savoir comment assurer ces garanties est difficile", a-t-il déclaré en décembre.

En juin, Vladimir Poutine a exposé ses conditions pour qu'une paix soit conclue, déclarant que l'Ukraine devait officiellement abandonner ses ambitions d'intégration de l'Otan et retirer ses troupes des quatre régions ukrainiennes revendiquées et désormais en grande partie contrôlées par la Russie.

La Russie contrôle 75% des régions de Donetsk, Zaporijjia et Kherson et plus de 99% de celle de Louhansk, selon les estimations russes.

Moscou affirme que l'intégralité de ces quatre régions font désormais légalement partie de la Russie et qu'elles ne seront jamais restituées à l'Ukraine. Kyiv affirme pour sa part qu'elles ont été annexées illégalement et qu'elle ne reconnaîtra jamais la souveraineté russe.

LA RUSSIE N'ACCEPTERA PAS DE TROUPES DE L'OTAN, DIT LAVROV

Le conflit dans l'est de l'Ukraine a commencé en 2014 après le renversement d'un président pro-russe et l'annexion de la Crimée par la Russie, les forces séparatistes soutenues par la Moscou combattant les forces armées ukrainiennes.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré dans une interview accordée mardi mais publiée mercredi que la Russie n'accepterait pas de troupes de l'Otan "sous quelque drapeau que ce soit, à quelque titre que ce soit, sur le sol ukrainien".

La chaîne de télévision publique russe Rossiya 24 a qualifié de "plutôt naïfs" les propos du secrétaire d'État américain Marco Rubio selon lesquels l'Ukraine était prête à discuter, tandis qu'un député russe influent a déclaré que tout accord de paix ne serait conclu qu'aux conditions de Moscou.

Alors que les Etats-Unis étaient le principal allié de l'Ukraine face à l'invasion lancée par la Russie en février 2022, avec des dizaines de milliards de dollars d'aides fournis par l'administration de l'ancien président américain Joe Biden, la donne a changé à Washington avec le retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier dernier.

Le président américain, qui a répété son intention de mettre fin rapidement au conflit entre l'Ukraine et la Russie, a adopté un ton conciliant avec Moscou, renouant le contact avec Vladimir Poutine, et exercé des pressions sur Kyiv pour accepter ses conditions en vue d'un accord de paix.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie, lancée en 2022, a fait des centaines de milliers de morts et de blessés, déplacé des millions de personnes et déclenché la plus grande confrontation entre Moscou et l'Occident depuis la crise des missiles de Cuba, en 1962.

(Avec Dmitry Antonov à Moscou et Lidia Kelly à Melbourne, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)

10 commentaires

  • 12 mars 11:41

    Et lorsque les américains seront sur place pour exploiter les terres rares en Ukraine, on imagine mal les Russes aller les chatouiller.


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