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Ukraine, asile, état de droit : la Hongrie d'Orban prend la tête de l'Union européenne sur fond de défiance
information fournie par Boursorama avec Media Services 01/07/2024 à 13:19

La Hongrie, membre de l'Union européenne (UE) depuis 2004, en prend lundi la présidence tournante sur fond de forte dégradation des relations avec Bruxelles et ses 26 partenaires. Tour d'horizon des points de désaccord, qui se sont accumulés en quatorze années de pouvoir du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.

( AFP / MIGUEL MEDINA )

( AFP / MIGUEL MEDINA )

Contre l'aide à l'Ukraine

Seule contre tous, la Hongrie tente de bloquer systématiquement chaque initiative pouvant déplaire à la Russie engagée dans l'offensive en Ukraine.

M. Orban, le seul à renforcer les liens, politiques comme économiques de son pays avec le Kremlin, s'efforce constamment d'adoucir les sanctions contre Moscou.

En parallèle, il use de son droit de veto pour entraver l'aide militaire à Kiev.

Il s'est aussi farouchement opposé à toute discussion d'adhésion avec l'Ukraine, jugeant que son voisin n'était pas prêt. Il avait finalement accepté de quitter la table du Sommet des dirigeants des Vingt-Sept en décembre, le temps que ses homologues décident d'ouvrir les pourparlers.

Le nationaliste de 61 ans, vétéran des dirigeants du bloc, reproche à l'UE et l'Otan "d'entraîner son pays dans la guerre", réclame un cessez-le-feu et des négociations pour la paix, qu'il dit être le seul à encourager.

Mais Budapest ne fait pas cavalier seul que sur l'Ukraine: il soutient l'ancien président américain Donald Trump et a bloqué des déclarations communes sur la Chine ou la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

Contre le droit d'asile

Ne manquant jamais une occasion de dénoncer un remplacement ethnique selon lui en cours dans les pays d'Europe occidentale, le Hongrois incarne aussi la figure de proue des opposants à l'arrivée de migrants extra-européens.

Depuis la crise de 2015, il a barricadé son pays en érigeant des clôtures à ses frontières, disant vouloir "défendre" une Europe "chrétienne".

Épilogue d'un feuilleton de près d'une décennie sur le sujet, une condamnation historique de la Cour de justice de l'UE a été infligée à la Hongrie en juin, à hauteur de 200 millions d'euros, pour son non-respect des traités.

M. Orban s'est par ailleurs opposé au Pacte européen sur la migration et l'asile, adopté en mai après d'interminables négociations, qui va l'obliger à contribuer à un mécanisme de solidarité envers les Etats membres confrontés à une pression migratoire.

Atteintes à l'Etat de droit

Budapest remet désormais ouvertement en cause la primauté du droit européen sur celui de la Hongrie et use de tous les recours pour retarder au maximum les mises en application des règles communautaires.

La justice a été la première victime de sa "révolution illibérale", mais ce sont tous les contre-pouvoirs qui ont été progressivement soumis à son emprise.

Code électoral, culture, médias, ONG, éducation, religion, famille: aucun domaine n'échappe à la menace "systémique" pesant sur les valeurs de l'UE selon le Parlement européen.

Ce dernier a déclenché "l'article 7" du traité de l'UE contre la Hongrie en septembre 2018, un mécanisme pouvant déboucher sur une suspension du droit de vote, mais qui n'a toujours pas abouti.

Car quand il le faut, M. Orban donne des gages et recule au cas par cas.

Ces inquiétudes sur l'Etat de droit ont aussi poussé Bruxelles à geler des milliards d'euros destinés à la Hongrie. Si une partie a été débloquée fin 2023, quelque 19 milliards restent en suspens.

La Hongrie fait par ailleurs l'objet de plusieurs procédures d'infraction. L'une porte sur une loi de 2021 jugée homophobe qui interdit d'évoquer auprès des mineurs "le changement de sexe et l'homosexualité"; l'autre sur la mise en place d'une autorité de surveillance censée prévenir "les interférences étrangères", une menace pour la démocratie selon Bruxelles.

Corruption

Pour les eurodéputés, la Hongrie n'est plus une démocratie mais un "régime hybride d'autocratie électorale" et la corruption est souvent invoquée pour illustrer sa dérive.

"Nous savons que c'est la famille même d'Orban qui récupère les fonds européens", a déclaré l'écologiste française Gwendoline Delbos-Corfield en 2022, en présentant un rapport adopté à une large majorité.

Budapest ne participe pas au parquet européen et pour l'ONG Transparency International, la Hongrie est devenue en 2023 la lanterne rouge de l'UE.

Passation de marchés publics, conflits d'intérêts: l'ami d'enfance de M. Orban, Lorinc Meszaros, ou son gendre, Istvan Tiborcz, sont devenus des oligarques qui contrôlent aujourd'hui de larges pans de l'économie.

4 commentaires

  • 01 juillet 14:36

    Comme en Hongrie avec Orban, il est clair qu'avec Marine Le Pen et ses acolytes, c'est Moscou qui entre de plain-pied dans les rouages de l'Etat et des médias français.


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