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Tunisie-Arrestation de l'opposant Ahmed Néjib Chebbi, la répression s'intensifie
information fournie par Reuters 04/12/2025 à 15:23

par Tarek Amara

La police tunisienne a arrêté jeudi Ahmed Néjib Chebbi, farouche opposant au président Kaïs Saïed, pour faire exécuter une peine de 12 ans de prison pour complot prononcée à son encontre, a déclaré sa famille.

Ahmed Néjib Chebbi, âgé de 82 ans, est l'une des figures de proue de l'opposition tunisienne depuis près d'un demi-siècle. Son arrestation est la dernière illustration en date d'une intensification de la répression exercée par le pouvoir.

Une cour d'appel a prononcé vendredi des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 45 ans à l'encontre de quarante dirigeants de l'opposition, hommes d'affaires et avocats à l'issue de l'un des plus grands procès politiques de ces dernières années en Tunisie.

La police tunisienne avait déjà arrêté samedi l'opposante Chaïma Issa, lors d'une manifestation dans la capitale Tunis, au lendemain de sa condamnation à 20 ans de prison pour complot contre Kaïs Saïed.

Ahmed Néjib Chebbi avait déclaré la semaine dernière à Reuters qu'il avait accepté son incarcération, exhortant les Tunisiens à "intensifier les manifestations pour sauver la démocratie, que M. Saïed cherche à supprimer".

"Ils l'ont arrêté, mais ils ne pourront pas arrêter le compte à rebours de l'heure de la liberté", a déclaré son fils Louay Chebbi.

Dirigeant du Front de salut national, coalition fondée en 2022, Ahmed Néjib Chebbi s'est précédemment opposé au premier président tunisien, Habib Bourguiba, puis au deuxième, Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 à la suite du "printemps arabe".

Les autorités tunisiennes chargées de la sécurité affirment que les accusés condamnés vendredi, parmi lesquels figure l'ancien chef des services de renseignement Kamel Guizani, ont tenté de déstabiliser le pays et de renverser son président.

"TRAÎTRES ET TERRORISTES"

Les groupes de défense des droits de l'homme ont dénoncé une répression accrue de la part Kaïs Saïed à l'encontre de ses rivaux politiques et d'autres opposants depuis qu'il s'est attribué des pouvoirs extraordinaires en 2021.

Des critiques du régime, des journalistes et des militants ont également été incarcérés, tandis que des ONG indépendantes ont été suspendues.

L'opposition affirme que les accusations sont fabriquées de toutes pièces et visent à réprimer les détracteurs du président par le biais du système judiciaire.

Kaïs Saïed assure pour sa part qu'il lutte contre des années de corruption endémique au sein de l'élite politique tunisienne et que toute personne impliquée sera tenue de rendre des comptes, indépendamment de son nom ou de sa fonction. Il nie par ailleurs tout immixtion dans le travail du système judiciaire.

Lorsque les accusations de complot à son encontre ont éclaté en 2023, Kaïs Saïed a qualifié les hommes politiques prétendument impliqués de "traîtres et de terroristes", ajoutant que les juges qui les acquitteraient seraient leurs complices.

(Reportage de Tarek Amara, version française Benjamin Mallet, édité par Kate Entringer)

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