
( AFP / SEBASTIEN BOZON )
L'humanité est victime d'une "épidémie de chaleur extrême", a alerté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
C'est l'une des conséquences très préoccupantes du dérèglement climatique. Le nombre de travailleurs exposés à la chaleur excessive augmente partout, mais c'est en Europe et en Asie centrale qu'il a progressé le plus fortement en 20 ans, révèle un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) dévoilé jeudi 25 juillet.
Le rapport montre que les régions qui n'étaient pas habituées à des chaleurs extrêmes sont confrontées à des risques accrus, tandis que les travailleurs des climats déjà chauds sont confrontés à des conditions de plus en plus dangereuses. L'humanité est victime d'une "épidémie de chaleur extrême", a alerté de son côté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en appelant à prendre des mesures pour limiter les impacts des canicules qui se multiplient en raison du changement climatique.
"La chaleur excessive crée des défis sans précédent"
Globalement, plus de 70% des travailleurs étaient exposés à une chaleur excessive en 2020, soit 8,8% de plus qu'en 2000. Cette proportion reste encore faible en Europe/Asie centrale (29%) par rapport à l'Afrique (92,9%), les États arabes (83,6%), l'Asie-Pacifique (74,7%) et les Amériques (70%). Mais le climat en Europe s'est réchauffé à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale depuis les années 1980, avaient indiqué l'an dernier l'ONU et le programme européen Copernicus.
Aussi, la région Europe/Asie centrale a enregistré entre 2000 et 2020 la plus forte augmentation de l'exposition à la chaleur excessive au travail, la proportion de travailleurs concernés ayant augmenté sur cette période de 17,3%, soit près du double de l'augmentation moyenne mondiale, selon l'OIT. Parallèlement, les régions des Amériques et d'Europe/Asie centrale ont enregistré la plus forte hausse des accidents du travail dus au stress thermique depuis l'an 2000, avec des augmentations respectives de 33,3% et 16,4%. L'OIT souligne que "cela est peut-être dû à des températures plus élevées dans des régions où les travailleurs ne sont pas habitués à la chaleur" .
"La chaleur excessive crée des défis sans précédent pour les travailleurs du monde entier tout au long de l'année, et pas seulement pendant les périodes de canicules intenses", a déclaré dans un communiqué Vera Paquete-Perdigao, directrice du département de la gouvernance de l'OIT, qui a produit le rapport.
"Tueur invisible"
Pour l'OIT, le "stress thermique est un tueur invisible et silencieux qui peut rapidement provoquer une maladie, un coup de chaleur ou même la mort". Avec le temps, il peut également entraîner de graves problèmes cardiaques, pulmonaires et rénaux. En avril, l'OIT avait affirmé dans un rapport que le changement climatique a créé un "cocktail" de risques sanitaires graves pour environ 2,4 milliards de travailleurs exposés à une chaleur excessive dans le monde. Ce rapport indiquait que la chaleur excessive était à elle seule à l'origine de 22,85 millions d'accidents du travail et de la perte de 18.970 vies chaque année.
"Nous avons besoin de plans d'action contre la chaleur tout au long de l'année et d'une législation pour protéger les travailleurs", a affirmé Manal Azzi, cheffe d'équipe de l'OIT pour la sécurité et la santé au travail, dans le communiqué. "Il s'agit d'une question de droits de l'homme, de droits des travailleurs et d'une question économique, et les économies à revenu intermédiaire sont les plus touchées", a-t-elle estimé. Au total, 231 millions de travailleurs ont été exposés aux vagues de chaleur en 2020, soit une augmentation de 66% par rapport à 2000. Néanmoins, le rapport souligne que neuf travailleurs sur dix dans le monde ont été exposés à une chaleur excessive en dehors d'une vague de chaleur et que huit accidents du travail sur dix dus à une chaleur extrême se sont produits en dehors des vagues de chaleur.
Selon l'étude, l'amélioration des mesures de sécurité et de santé pour prévenir les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail pourrait permettre d'économiser jusqu'à 361 milliards de dollars (333 milliards d'euros dans le monde) en perte de revenus et en frais de traitement médical. Le rapport recommande notamment de mettre en place des toitures et des murs végétalisés, des toits blancs ou réfléchissants ou encore de favoriser le refroidissement naturel des bâtiments.
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