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SYNTHÈSE-Pourparlers à Genève sur un plan US pour l'Ukraine, Trump accuse Kyiv d'ingratitude
information fournie par Reuters 23/11/2025 à 19:52

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Concessions territoriales et limitations militaires-plan US

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Une contre-proposition européenne au plan américain

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Le chancelier allemand affirme qu'il faudra du temps

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Bons progrès dans les discussions à Genève-Marco Rubio

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Nous sommes reconnaissants de tous les efforts, dit Zelensky

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par Olivia Le Poidevin et Emma Farge

Des responsables européens, américains et ukrainiens se sont réunis dimanche à Genève pour discuter d'un projet de plan présenté par Washington visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, après que Kyiv et ses alliés ont exprimé leurs inquiétudes face à ce qu'ils considèrent comme des concessions majeures concédées à la Russie.

Le président américain Donald Trump, qui a défendu vigoureusement ce plan en 28 points, a déclaré dimanche que l'Ukraine n'avait pas été reconnaissante des efforts américains déployés pendant la guerre, alors même que les armes américaines continuent d'affluer à Kyiv via l'Otan et que l'Europe continue d'acheter du pétrole russe.

Son plan, présenté comme une proposition non définitive, prévoit que l'Ukraine cède des territoires, accepte des restrictions sur ses forces armées et renonce à ses ambitions d'adhésion à l'Otan.

Pour de nombreux Ukrainiens, y compris des soldats qui se battent en première ligne, ces conditions équivaudraient à une capitulation après près de quatre ans de combats dans le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Sous la direction du secrétaire d'État américain Marco Rubio, les principales discussions entre responsables américains et ukrainiens ont débuté dimanche après-midi à Genève dans une atmosphère tendue, peu après que Donald Trump se soit plaint sur son réseau social Truth Social du manque "gratitude" des dirigeants ukrainiens.

"L'Ukraine est reconnaissante envers les Etats-Unis, envers chaque Américain et en particulier envers le président Trump pour l'aide qui, à commencer par les missiles Javelin, sauve des vies ukrainiennes", a réagi Volodimir Zelensky, sur la messagerie Telegram.

Le président ukrainien a également remercié l'Europe et les dirigeants du G7 et du G20 pour leur aide, affirmant que les efforts déployés pour maintenir ce soutien étaient importants.

"C’est pourquoi nous travaillons avec tant de soin sur chaque point, chaque étape vers la paix", a-t-il écrit.

"Tout doit être mis au point correctement afin que nous puissions véritablement mettre fin à cette guerre et empêcher qu'elle ne se reproduise", a-t-il ajouté.

Les discussions à Genève ont pour le moment été "productives et même concluantes dans certains domaines", a noté un responsable américain auprès de Reuters.

Marco Rubio, de son côté, a dit dimanche soir avoir réalisé de bons progrès dans les discussions lors des échanges avec la délégation ukrainienne.

"Je pense donc que le principal enseignement à tirer de cette réunion est qu'il s'agit d'une réunion et d'une journée très importantes, probablement la meilleure que nous ayons eue jusqu'à présent dans tout ce processus, depuis notre entrée en fonction en janvier", a-t-il dit à la presse.

CONTRE-PROPOSITION EUROPÉENNE

Pour le chancelier allemand Friedrich Merz l'objectif des pourparlers à Genève est d'élaborer un plan acceptable pour l'Ukraine et qui pourrait servir de base à une négociation avec la Russie.

"Pour l’instant, je ne suis pas encore convaincu que nous allons trouver la solution que souhaite le président Trump dans les prochains jours", a-t-il dit en marge d’une réunion du G20 à Johannesburg.

Selon un document consulté dimanche par Reuters, les Européens ont soumis une version modifiée du plan américain pour l'Ukraine, qui remet en cause les limites proposées aux forces armées de Kyiv et les concessions territoriales envisagées.

"Notre objectif partagé est d’obtenir une paix robuste. Il faut donc des garanties de sécurité solides. C’est le rôle de la coalition des volontaires dont le rôle est essentiel pour obtenir une paix qui respecte la souveraineté de l’Ukraine et garantisse la sécurité européenne", a déclaré une source au sein de la délégation française.

Avant de se rendre à Genève, Marco Rubio a insisté sur X sur le fait que Washington était l'auteur du plan, certains sénateurs américains ayant suggéré le contraire.

Le sénateur Angus King a par exemple déclaré que Marco Rubio avait indiqué aux sénateurs que ce plan ne reflétait pas la position de l'administration, mais qu'il s'agissait "essentiellement de la liste de souhaits des Russes".

Depuis l'annonce du plan, une confusion importante règne sur les acteurs impliqués dans son élaboration. Les alliés européens affirment ne pas avoir été consultés.

"Il n'y a pas de scénario dans lequel la dignité et la liberté de l'Ukraine sont négociables", a souligné dimanche sur FranceInfo Alice Rufo, ministre française déléguée auprès de la ministre des Armées et des Anciens Combattants.

"Le président Zelensky s'est exprimé dans un discours le 21 novembre dans lequel il a martelé la question de la dignité et de la liberté, le jour de la dignité et de la liberté", a-t-elle ajouté.

MOMENT PÉRILLEUX POUR L'UKRAINE

Le plan américain, qui reprend bon nombre des principales exigences de la Russie et n'offre que de vagues assurances à l'Ukraine quant à de "solides garanties de sécurité", intervient à un moment périlleux pour Kyiv.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré dimanche que les frontières de l'Ukraine ne pouvaient être modifiées par la force, que son armée ne pouvait être diminuée, la rendant vulnérable à une attaque, et que l'Union européenne devait jouer un rôle central dans un accord de paix en Ukraine.

Volodimir Zelensky a lui-même averti que l'Ukraine risquait de perdre sa dignité et sa liberté – ou le soutien de Washington – à cause du plan américain. Il a cependant salué les initiatives diplomatiques déployées à Genève, disant espérer qu'elles aboutiront à un résultat.

Les dirigeants européens et occidentaux ont déclaré que le plan de paix américain constituait une base mais qu'il nécessitait des "travaux supplémentaires".

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a dit qu'il s'entretiendrait lundi avec son homologue russe Vladimir Poutine au sujet de l'Ukraine et qu'il partagerait les résultats de cette discussion avec ses alliés européens et américains.

Vladimir Poutine a présenté ce plan comme la base d'une résolution du conflit, mais Moscou pourrait s'opposer à certaines propositions, notamment le retrait de ses forces de certaines zones qu'elles ont conquises.

(Olivia Le Poidevin, Emma Farge à Genève, Andreas Rinke à Berlin, Julia Payne à Johannesburg et Anastasiia Malenko à Kyiv; version française Nicolas Delame et Claude Chendjou, avec la contribution de Sybille de La Hamaide et Michel Rose)

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