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Surtaxes de Trump: préoccupée, la filière champagne veut croire à l'apaisement
information fournie par Boursorama avec AFP 03/04/2025 à 16:50

( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

( AFP / FRANCOIS NASCIMBENI )

"Tous préoccupés": dans la Marne, le secteur du champagne encaisse jeudi l'annonce choc de 20% de droits de douane américains supplémentaires sur tous les produits importés de l'Union européenne, mais veut croire à la négociation et à l'apaisement.

Mi-mars, le président américain Donald Trump avait même menacé de taxer les vins et autres alcools européens à 200% et avait spécifiquement mentionné le champagne, dont les États-Unis sont le premier marché à l'export.

"Donc là ,nous passons de 200% à 20%, sans précisions d'un secteur particulier", relève Vitalie Taittinger, présidente de la grande maison de champagne Taittinger, interrogée jeudi par l'AFP à Reims, au-dessus de ses caves historiques creusées dans la craie.

Donald Trump a parlé mercredi de droits de douane "réciproques": un mot "flou" qui "peut laisser penser qu'il y a aussi de l'espoir et de la marge de négociation", interprète la cheffe d'entreprise.

Le marché américain représente "10% des volumes totaux de la maison" et son deuxième marché à l'export, avec 600.000 bouteilles, indique-t-elle.

Elle espère que des négociations entre l'UE et les États-Unis aboutiront grâce à un "dialogue très précis" et "mesuré", en évitant une "surréaction politique" et des "jeux d'image".

- "Une contrainte de plus" -

"Nous sommes tous préoccupés par les décisions prises par le président américain", résume dans un communiqué David Chatillon, le coprésident du Comité Champagne.

"La filière est entièrement mobilisée face à cette taxation" qui "met en péril notre présence sur le marché américain" et par conséquent toute l'économie du champagne et de sa région, abonde Maxime Toubart, l'autre coprésident de l'organisation cité dans le communiqué.

Avec "près de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et près de 30.000 emplois directs", le champagne est "un acteur essentiel de l'économie français", rappelle encore le comité.

Près de 30 millions de bouteilles de champagne ont été exportées vers les États-Unis en 2023, pour 810 millions d'euros.

"Ces 20% de taxes, ça veut dire une baisse des volumes, mais ça ne veut pas dire que le marché [américain] est fini, ce qui aurait peut-être été un peu plus le cas avec 200%", estime aussi Christine Sévillano, présidente des vignerons indépendants de Champagne.

Mais ces surtaxes américaines représentent "une contrainte en plus de toutes celles qu'on connaît d'ores et déjà", souffle celle qui gère une exploitation de près de 8 hectares à Vincelles, sur des coteaux au cœur de la vallée de la Marne.

La viticulture souffre déjà "du changement climatique, de la suradministration (...). Les États-Unis c'est quand même un marché hyper important qui était en progression en volume et en valeur ces derniers temps", souligne-t-elle, depuis l'ancienne école communale au milieu des vignes qu'elle a transformée en lieu d'accueil de son exploitation.

- "On n'abandonne pas" -

Pour les vignerons indépendants, "quand on investit à l'export, ce sont des coûts importants" et "on n'a pas l'agilité de grosses structures pour repartir sur un autre marché", prévient encore Mme Sévillano, qui réalise "8 à 10%" de son chiffre d'affaires aux États-Unis.

"Quand on commence à prospecter un marché comme celui-ci, c'est au moins trois ans de travail (...) parce qu'il faut y aller, s'y déplacer, envoyer des échantillons", puis il faut continuer à "aller au contact du consommateur final", énumère la vigneronne.

"Est-ce que cet argent que j'ai investi, ce n'est pas de l'argent pour rien? Est-ce que mes nouveaux partenaires vont quand même travailler avec moi? Je n'en sais rien", s'inquiète-t-elle.

Mais "on n'abandonne pas, parce que c'est quand même beaucoup d'argent".

"J'espère vraiment que nos responsables politiques des deux côtés de l'Atlantique vont trouver une solution" et opter pour une "désescalade", ajoute la vigneronne.

Le ministre chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin sera vendredi dans la Marne, notamment pour parler du soutien à la filière du champagne, a-t-on appris jeudi de son cabinet.

"Pous nous, la priorité c'est qu'il n'y ait pas de conséquences sur l'emploi" déclare à l'AFP Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de l'intersyndicale CGT Champagne.

Il dit notamment craindre que les surtaxes américaines n'amplifient encore le recours de la filière champagne à des travailleurs sous-traitants venant "souvent des pays de l'Est", au détriment de la main-d'oeuvre locale.

2 commentaires

  • 03 avril 22:56

    Pas grave, Trump achètera du mousseux de Crimée


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