
Marylise Léon à Paris, le 24 septembre 2024. ( AFP / THOMAS SAMSON )
"Le budget a été adopté, ou va l'être, dans des conditions exceptionnelles. Il faut que chacun prenne sa part de responsabilité et se dise : ok, exceptionnellement, je fais un effort et je participe à l'effort global", a justifié la patronne de la CFDT, Marylise Léon, sur France Info ce mardi 4 février.
La taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises prévue dans le projet de budget pour 2025 incite-t-elle à délocaliser ? Pour la patronne de la CFDT, Marylise Léon, la déclaration du PDG de LVMH, Bernard Arnault, est "indécente". Elle a défendu la mesure.
"C'est ce qu'on appelle faire des efforts. Les responsables de grandes entreprises ont peut-être la mémoire courte sur tout ce qui a pu être engagé pour les entreprises et leur maintien au moment du Covid : il y a eu des efforts conséquents, des aides aux entreprises massives. A un moment, quand il faut partager ces efforts quand on n'en a pas l'habitude, ça fait un drôle d'effet", a-t-elle étrillé ce mardi 4 février sur le plateau de France Info. Pour rappel, cette surtaxe d'impôt sur les grandes sociétés est censée rapporter 8 milliards d'euros à l'Etat en 2025.
"Depuis la dissolution, on sait que la question du budget va être compliquée. (...) Je pense que, dans la situation exceptionnelle dans laquelle on se trouve, qu'il y ait des efforts partagés, c'est la moindre des choses. Le budget a été adopté, ou va l'être, dans des conditions exceptionnelles. Il faut que chacun prenne sa part de responsabilité et se dise : ok, exceptionnellement, je fais un effort et je participe à l'effort global", a estimé Marylise Léon.
D'autres grands patrons se sont élevés contre cette taxe.Au même moment, sur BFMTV, Laurent Wauquiez, président du groupe des députés LR à l’Assemblée, les a défendus. "Il est urgent de les entendre. Ils disent que la France est au bord de la ruine. Pour payer nos dettes, on demande à nos enfants de les payer à notre place et on assomme de charges la France qui travaille. A l'arrivée, on est en train de tuer l'activité économique de notre pays", a-t-il mis en garde. "On a le risque d'un suicide économique de l'Europe et on a le risque, à l'intérieur de l'Europe, que la France soit cet enfant malade", a alerté le député LR.
Des mesures "contre-productives" ?
Vendredi, Bernard Arnault est revenu sur ses propos. Accusé de faire du "chantage", il a précisé n'avoir "bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe LVMH. Cette affirmation est fausse", a-t-il déclaré sur X. "C'est précisément parce que j'aime la France et que je souhaite que notre pays continue à rester compétitif que j'ai tenu à alerter sur des mesures qui me paraissent en tous points contre-productives", a-t-il dit.
La semaine dernière, comparant les Etats-Unis et la France en marge de la présentation des résultats annuels de LVMH, il avait dénoncé cette surtaxe : "Quand on revient en France et qu'on voit qu'on s'apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France, c’est quand même à peine croyable, on va taxer le made in France. (...) Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal !". Il avait souligné revenir des Etats-Unis, où il a assisté à l'investiture de Donald Trump avec deux de ses enfants, et où "les impôts vont descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d'Etats".
Sur X vendredi, il a martelé : "Ce que j'ai dit, c'est que les mesures fiscales envisagées sont une incitation à la délocalisation, puisqu'elles taxent le Made in France mais pas les entreprises françaises délocalisées". Il a également rappelé que LVMH emploie directement et indirectement près de 200.000 personnes en France, ce qui en fait "le premier recruteur privé" du pays.
39 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer