L'UE va-t-elle sauver la peau du "burger végétarien" et des "saucisses végétales" ? Les Etats membres et les eurodéputés doivent négocier mercredi sur l'avenir de ces dénominations contestées par les éleveurs ( AFP / Fabrice COFFRINI )
L'Union européenne va-t-elle sauver les dénominations "burger végétarien" et "saucisses végétales" ? Les Etats membres et les eurodéputés n'ont pas réussi à trancher mercredi sur l'avenir de ces appellations contestées par les éleveurs.
De nouvelles discussions auront lieu en 2026, selon des participants à cette réunion de négociation, infructueuse, à Bruxelles.
C'est le Parlement européen qui a mis le feu aux poudres au mois d'octobre en se prononçant pour l'interdiction des termes steak, saucisse ou hamburger quand les produits ne contiennent pas de viande.
A l'origine de la mesure, l'eurodéputée Céline Imart (PPE, droite) dit vouloir éviter "une confusion" avec les produits carnés, afin de mieux valoriser le travail des éleveurs.
Il n'est "aucunement question d'interdire les alternatives végétales mais je suis attachée à la valorisation des termes, à leur sens véritable", affirme cette élue française, également exploitante céréalière.
La femme politique et exploitante agricole française Céline Imart pose près de sa ferme, à Cuq-Toulza, dans le sud-ouest de la France, le 17 mai 2024 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
Le débat est toutefois loin d'être clos, car les discussions sont serrées avec les Etats européens. Certains n'ont pas l'intention de remettre en cause les dénominations actuelles, par exemple l'Allemagne, le plus vaste marché d'Europe pour ces produits veggie.
Jambon végétal ? Foie gras vegan ? Les négociations ont traîné en longueur mercredi et, "malheureusement, nous ne sommes pas parvenus à trouver un accord", a réagi le ministre danois de l'Agriculture Jacob Jensen, dont le pays occupe la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'à fin décembre.
En Allemagne, les supermarchés Lidl et Aldi sont contre l'interdiction votée au Parlement. Ils disent redouter une chute de leurs ventes, les termes employés actuellement étant désormais "familiers" chez les consommateurs.
- Un des Beatles s'en mêle -
Plus inattendu, une légende de la musique a pris position. Sir Paul McCartney, un des ex-Beatles, s'est associé à un courrier de parlementaires britanniques pour défendre steaks de soja et autres saucisses de tofu.
Le musicien est un végétarien revendiqué et son épouse, Linda, avait lancé une marque de produits veggie au début des années 90.
L'Auteur-compositeur-interprète britannique Paul McCartney participe à un événement le 1er février 2014, à New York ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Eugene Gologursky )
Certes, le Royaume-Uni n'est plus dans l'Union européenne mais leurs marchés sont "étroitement liés" et la décision européenne pourrait influer sur le reste du monde, estiment Paul McCartney et la poignée d'élus anglais signataires de cette lettre ouverte.
Au nom de la protection de la planète, ils appellent donc à s'en tenir à la législation existante : "Les consommateurs choisissent intentionnellement des alternatives à base de plantes et ne les confondent pas avec la viande animale", assurent-ils.
L'interdiction de ces dénominations est une revendication des producteurs de viande. Selon l'interprofession française Elevage et viande (Interbev), les alternatives végétales "brouillent les repères et affaiblissent la reconnaissance d’un produit brut et 100% naturel", en "s'appropriant les dénominations de la viande à des fins marketing".
En France, un décret proposant d'interdire ce type d'appellation avait été pris en 2024 pour apaiser la colère des agriculteurs. Mais il avait été annulé par le Conseil d'Etat fin janvier 2025, dans la foulée d'une décision de la Cour de justice de l'Union européenne.
Au Parlement européen, les eurodéputés avaient rejeté un texte de loi sur le même sujet en 2020.
Des drapeaux européens flottant dans le quartier européen de Bruxelles, le 2 décembre 2025 ( AFP / Nicolas TUCAT )
Mais ils ont changé de pied en octobre, à la faveur des nouveaux équilibres politiques à Strasbourg, où la droite et l'extrême droite sont sorties renforcées des élections de juin 2024 et revendiquent leur proximité avec le monde agricole.
L'interdiction du "veggie burger" suscite toutefois des divisions, y compris dans ces groupes.
L'Allemand Manfred Weber, à la tête de la droite européenne, avait balayé d'un revers de la main cette proposition, qui n'est "pas du tout une priorité", car "les consommateurs ne sont pas stupides".
Le sujet avait enflammé l'hémicycle, les écologistes pilonnant l'influence du "lobby de la viande".
Les produits végétariens imitant la viande ont connu un essor au cours des dernières années, portés par le souci des consommateurs de manger sainement, de protéger les animaux ou de réduire leur empreinte environnementale, les élevages étant de gros émetteurs de CO2.

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