Le viol est systématiquement utilisé comme arme de guerre au Soudan, a déclaré mardi l'organe des Nations unies (Onu) pour l'égalité et l'autonomisation des femmes, alors que le conflit dans le pays entre dans sa deuxième année.
"Nous avons constaté une augmentation de 288% de la demande de services spécialisés pour les victimes de viol et de violences sexuelles. Nous commençons à voir l'utilisation systématique du viol et de la violence sexuelle comme arme de guerre", a déclaré la directrice régionale d'Onu Femmes Anna Mutavati lors d'une conférence de presse à Port-Soudan.
"Le corps des femmes est devenu un champ de bataille", a-t-elle ajouté, sans préciser quelle partie en conflit au Soudan était responsable de ces actes.
La guerre entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) déclenchée en avril 2023, a brisé les espoirs d'une transition civile. Le conflit a déplacé des millions de personnes et ravagé des régions comme le Darfour, où les FSR se battent pour conserver leur bastion face aux avancées de l'armée à Khartoum.
"Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Tout le monde ne se manifeste pas, car la honte et la stigmatisation pèsent sur chaque femme violée ou victime de viol collectif", a déclaré Anna Mutavati.
L'année dernière, une mission d'enquête des Nations unies a qualifié de "stupéfiants" les niveaux d'abus sexuels, y compris les viols d'enfants. La majorité des cas connus ont été perpétrés par les FSR et leurs alliés, avait déclaré la mission, tout en soulignant qu'il était plus difficile de faire des enquêtes dans les territoires contrôlés par l'armée.
Un représentant d'une autre agence de l'Onu a déclaré mardi qu'il avait rencontré des femmes à Khartoum qui lui avaient dit avoir été agressées sexuellement devant leurs maris blessés et leurs enfants.
"C'est la première fois de ma vie que je vois des femmes abusées à ce point", a déclaré Mohamed Refaat, chef de la mission de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Soudan.
Londres accueille mardi une conférence sur la crise au soudanaise. Le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Youssef, a critiqué la présence des Émirats arabes unis et du Kenya à cette conférence, estimant que le Soudan aurait dû y être invité.
(Reportage Olivia Le Poidevin, version française Elena Smirnova, édité par Kate Entringer)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer