Le secrétaire à la Défense est notamment mis en cause dans un rapport d'un organe indépendant du Pentagone au sujet de son utilisation imprudente d'un groupe de discussion portant sur des frappes américaines au Yémen, qui a mis ses propres troupes en danger. Depuis, les actions ordonnées au nom de la lutte contre le narcotrafic, ainsi que ses relations tendues avec les hauts-gradés de l'armée lui valent de nombreuses critiques, au sein même de la majorité républicaine.
Pete Hegseth, le 2 décembre 2025, à Washington DC ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
Une affaire après l'autre. Le ministre américain de la Défense suscite des critiques de plus en plus vives, y compris dans son propre camp, entre légalité contestée de ses actions et légèreté dans son usage du secret défense. Un organe indépendant au sein du Pentagone a estimé que Pete Hegseth, ancien présentateur télévisé, avait potentiellement mis ses troupes en danger avant l'été, en utilisant la messagerie Signal avant des frappes au Yémen, ont rapporté mercredi les médias américains.
Des révélations qui surviennent alors que la légalité de frappes américaines dans le Pacifique et les Caraïbes contre de supposés trafiquants est contestée. Aucune preuve n'a été fournie et Washington est accusé de procéder à des exécutions extrajudiciaires. Par deux fois cette semaine, selon le Washington Post , le chef de la majorité républicaine au Sénat John Thune s'est abstenu de renouveler sa confiance au ministre, estimant que "d'autres pouvaient faire ces évaluations".
Début 2025, Washington avait mené une campagne militaire contre les rebelles houthis du Yémen, au nom de la protection de la liberté de navigation et du commerce international transitant par la mer Rouge. L'ex-conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, avait été écarté début mai, après les révélations d'un journaliste du magazine The Atlantic , ajouté par mégarde à un groupe de discussion sur Signal portant sur ces frappes. Selon le New York Times, l'enquête du Pentagone révèle que l'utilisation de Signal par Pete Hegseth "avait potentiellement compromis des informations (...), ce qui aurait pu mettre en danger le personnel et les missions si elles avaient été divulguées à un adversaire étranger". L'enquête souligne pour autant que le ministre était légalement habilité à lever le secret défense, soit "une exonération TOTALE" du ministre, s'est défendu son porte-parole sur X. "Aucune information classée secret n'a été partagée", a ajouté Sean Parnell. "Affaire classée", a insisté Pete Hegseth sur le même réseau.
Relations glaciales avec les hauts-gradés
Depuis, Pete Hegseth le ministre peine à justifier une opération en septembre au cours de laquelle l'armée américaine a frappé deux fois un même navire en mer des Caraïbes, afin de tuer les survivants de la première salve. Interrogé sur le sujet, Donald Trump a fait montre de prudence, répondant sur la chaîne ABC, qu'il avait donné son feu vert à la publication des images de la seconde frappe, tout en indiquant "ne pas savoir" ce qu'elles montreraient. Approuve-t-il le fait de tuer les survivants de la première frappe ? "Non", a répondu Donald Trump. Mais "je soutiens la décision de détruire les bateaux".
Depuis que cette seconde polémique a éclaté, l'administration Trump a confirmé que le ministre avait donné son feu vert à l'amiral Frank Bradley, commandant des opérations spéciales américaines, soldat aux états de service irréprochables, pour qu'il frappe le bateau une deuxième fois. Selon les médias américains, l'amiral doit être entendu jeudi par des parlementaires sur le sujet. Mais qu'un officier de cette stature puisse ainsi servir de fusible pour son ministre irrite l'opposition, la majorité et l'armée elle même. Les relations semblent désormais au plus bas entre les hauts gradés et le Pentagone.
L'amiral Alvin Holsey, nouveau "purgé" parmi les victimes de l'administration Trump?
Le ministre - et le président - ont limogé un nombre important de hauts responsables militaires depuis janvier et n'ont pas hésité à tancer des centaines de généraux et amiraux lors d'une réunion convoquée en septembre. "Fini les règles d'engagement politiquement correctes et autoritaires, place au bon sens, à une létalité maximale et à l'autorité des combattants", avait notamment asséné d'un ton martial Pete Hegseth. Mercredi, le Wall Street Journal a affirmé que le départ mi-octobre de l'amiral Alvin Holsey, chef des opérations militaires dans les Caraïbes, ne relevait pas d'un classique départ à la retraite. Selon le quotidien, qui cite deux sources au Pentagone, Pete Hegseth lui a demandé de quitter ses fonctions après la détérioration progressive de leurs relations.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer