"Nous nous sommes trop concentrés sur la résilience au détriment de la croissance", a tranché le président de la FBE, interrogé sur la différence entre les États-Unis et l'Union européenne en matière de réglementation financière.

Slawomir Krupa à Davos, en Suisse, le 17 janvier 2024. ( AFP / FABRICE COFFRINI )
Le "risque zéro, c'est la mort". Le président de la Fédération bancaire de l'Union européenne (FBE), Slawomir Krupa a estimé jeudi 22 mai que l'Europe devait "faire évoluer sa vision du risque" pour assurer une "croissance significative" et la compétitivité des banques sur le continent
"Pour dire les choses franchement : l'état de risque zéro, c'est la mort. Vous ne pouvez pas avoir de croissance, une croissance significative à long terme, si vous ne prenez pas de risques" , a affirmé Slawomir Krupa, également directeur général de Société Générale, interrogé sur la différence croissante entre les États-Unis et l'Union européenne en matière de réglementation financière.
"Nous nous sommes trop concentrés sur la résilience au détriment de la croissance", a-t-il fustigé dans un entretien aux Échos et trois autres quotidiens européens, déplorant "trop de discussions sur la compétitivité et pas assez d'action".
Le patron de Société Générale note entre autres des "signaux croissants" que les règles dites de "Bâle III", vaste éventail de réformes internationales du secteur bancaire engagé après la crise financière de 2008-2009 afin de renforcer la solidité des banques, ne seraient pas pleinement mises en oeuvre aux États-Unis. Une divergence de cadre réglementaire, qui selon lui équivaut de s'"imposer de rouler avec un frein à main".
L'effet Donald Trump
L'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump et son programme très protectionniste font en effet planer un doute sur l'application aux États-Unis de la réglementation bancaire issue des travaux du comité de Bâle.
Slawomir Krupa a également abordé la question des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) à la lueur du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui n'a pas caché son l'hostilité sur la question. "Je ne pense pas que les banques américaines abandonnent l'ESG" , a assuré Slawomir Krupa. "Elles ajustent leur discours, mais je ne vois aucune d'entre elles se lancer dans de nouveaux projets dans le financement du charbon."
Il ajoute que la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), l'alliance bancaire pour le climat, "devrait continuer à travailler davantage comme un groupe de réflexion (...) que comme un organisme émettant des normes".
Slawomir Krupa a succédé en mars à Christian Sewing, président du directoire de Deustche Bank, à la présidence de la Fédération bancaire de l'Union européenne. Il est également président de la Fédération bancaire française (FBF) depuis septembre.
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