
FILE PHOTO: M23 officials attend at the opening ceremony of CADECO in Goma
par Daphne Psaledakis et Sonia Rolley et Robbie Corey-Boulet
WASHINGTON/PARIS/DAKAR (Reuters) -Le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ont signé vendredi à Washington un accord de paix conclu sous l'égide des États-Unis, qui pourrait mettre fin à un conflit qui a fait des centaines de milliers de morts et de déplacés en près de trois décennies.
L'accord a été conclu à l'issue de pourparlers organisés par l'administration Trump afin de mettre fin aux violences et de favoriser des milliards de dollars d'investissements occidentaux dans cette région riche en minerais rares, dont le tantale, l'or, le cobalt, le cuivre ou encore le lithium.
Il a été signé par les ministres des Affaires étrangères rwandais et congolais lors d'une cérémonie présidée par le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio.
Les deux ministres ont ensuite été reçus par Donald Trump à la Maison blanche. Le président américain a prévenu que son pays n'hésiterait pas à imposer des sanctions à l'un ou l'autre pays s'il ne respecte pas l'accord de paix.
Selon une source au fait du dossier, un autre accord visant à accélérer l'intégration économique régionale et à faciliter les investissements occidentaux dans la région sera signé par les chefs d'État des deux pays à une date ultérieure, une fois qu'auront abouti les pourparlers en cours au Qatar entre le gouvernement de Kinshasa et les rebelles du M23 soutenus par Kigali, qui se sont emparés de Goma et Bukavu, les deux grandes villes de l'est de la RDC.
L'émissaire de la Maison blanche pour l'Afrique a confirmé que les États-Unis négociaient un accord sur les minéraux avec la RDC et étudiaient la possibilité d'accords dans d'autres domaines avec le Rwanda.
L'accord de paix signé vendredi avait été approuvé la semaine dernière par des experts des deux pays. Le texte porte sur l'intégrité territoriale, "l'interdiction des hostilités", le désarmement ou encore l'intégration sous conditions des groupes armés aux armées régulières.
Il fait également référence à un mécanisme convenu lors d'une médiation antérieure menée par l'Angola pour superviser et vérifier le retrait des soldats rwandais entrés en RDC dans un délai de trois mois.
Le texte prévoit dans le même temps la fin des opérations lancées depuis quelques mois par l'armée congolaise, sous pression de Kigali, contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé basé dans l'est de la RDC qui comprend d'anciens soldats rwandais et des miliciens hutus qui ont perpétré le génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994.
Kinshasa exigeait dans un premier temps que les soldats rwandais déployés en soutien des rebelles du M23 se retirent immédiatement, mais le gouvernement congolais a finalement assoupli sa demande sur ce point.
Selon des experts et des diplomates, le Rwanda a envoyé au moins 7.000 soldats dans la zone frontalière pour soutenir la progression des rebelles qui se sont emparés de Goma et Bukavu, les capitales régionales du Nord et du Sud-Kivu, à la faveur d'une offensive éclair en début d'année.
La RDC accuse Kigali d'armer et de fournir des troupes au M23, ce que le gouvernement rwandais nie, affirmant que les rebelles majoritairement tutsis se défendent contre les attaques de l'armée congolaise et de miliciens hutus liés pour certains au génocide de 1994.
Selon des sources informées, Washington a fait pression sur le Rwanda pour qu'il retire ses troupes de l'est de la RDC avant la signature de l'accord, mais Kigali, qui considère les groupes armés hutus basés au Congo comme une menace existentielle, notamment les FDLR, n'a pas cédé et pourrait ne pas montrer d'empressement à le faire dans les prochains mois.
(Daphne Psaledakis à Washington, Robbie Corey-Boulet à Dakar et Sonia Rolley à Paris; version française Tangi Salaün, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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