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RSA contre 15 heures d'activités : bientôt généralisé, le dispositif satisfait les collectivités, mais moins les allocataires
information fournie par Boursorama avec Media Services 29/09/2023 à 09:51

La mesure doit permettre d'aider les allocataires à retrouver plus facilement du travail. Ou simplement à offrir un accompagnement social aux plus isolés.

( AFP / - )

( AFP / - )

Bénéficier du Revenu de solidarité active (RSA) en échange de 15 à 20 heures d'activités obligatoires : le dispositif est expérimenté dans 18 départements depuis le printemps, et satisfait les collectivités qui l'ont mis en œuvre. Le bilan est plus mitigé du côté des participants. La mesure devrait bientôt être généralisée.

En vertu de ce contrat, les allocataires du RSA devront effectuer, sauf exceptions, un minimum de 15 heures hebdomadaires d'activités obligatoires pour percevoir cette aide , selon un amendement au projet de loi "plein emploi", voté jeudi à l'Assemblée nationale par la majorité présidentielle et la droite.

Bénéficiaire du RSA et participante à l'expérimentation dans la Creuse, Maud (prénom d'emprunt), 31 ans, a d'abord vu d'un bon œil cet accompagnement. "On m'avait présenté mon conseiller en insertion professionnelle comme une sorte de coach" qui allait "m'aider à lancer mon activité" dans le milieu du spectacle et de l'animation, se souvient-elle. Las. "Quand je suis sortie du premier rendez-vous, j'avais le sentiment de n'avoir rien fichu de ma vie pour en être encore là", s'agace-t-elle. "J'étais tellement déstabilisée que je n'ai pas réussi à dire qui j'étais, quelle avait été ma formation".

Nikita, bientôt 27 ans, qui participe à une expérimentation menée dans le Loiret, dit apprécier le "suivi régulier", au minimum toutes les deux semaines. Mais il décrit sa sortie du RSA comme un long chemin de croix : ce diplômé en langues étrangères appliquées a accepté de reprendre une formation en ressources humaines, mais peine toujours à trouver un emploi. Sa conseillère, Celya Gauthier, n'a pourtant pas chômé, multipliant les coups de fil aux entreprises de la région pour "expliquer la situation" de Nikita... "Mais ça coince". "Peut-être qu'elles ne sont pas assez ouvertes à accueillir une personne bénéficiaire du RSA, qui a un 'trou' dans son CV ?"

"On s'intéresse à vous"

Les pouvoirs publics défendent pourtant le dispositif, à l'instar du président (UDI) du conseil départemental du Loiret, Marc Gaudet, qui mène l'expérimentation depuis cinq mois dans l'agglomération de Montargis. Dans ce bassin d'emploi, quelque 2.700 personnes sont désormais suivies , dont un millier environ touchaient auparavant leur allocation sans même être "connues des services", se réjouit-il. Cet "accompagnement permet de dire aux plus fragiles: 'On s'intéresse à vous'", assure Marc Gaudet.

Pour la députée LFI Catherine Couturier, "qu'on s'adresse à ceux qui sont éloignés et isolés, qu'on fasse un point de leur situation, ça peut être positif". Toutefois, "dans la Creuse, où le tissu industriel a pratiquement disparu, je ne vois pas bien où sont (les) emplois" qui pourraient leur permettre de sortir du RSA, avance-t-elle. Selon l'élue insoumise, derrière l'"obligation d'immersion, qui est en fait du travail non rémunéré dans certains cas, on se retrouve avec un chantage : si on n'accepte pas l'offre, c'est la radiation".

Les 15 à 20 heures hebdomadaires ne correspondent ni à "un travail gratuit ni à un bénévolat obligatoire", a balayé la semaine dernière le ministre du Travail Olivier Dussopt, devant la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. "Parmi les allocataires du RSA, certains sont extrêmement isolés, fragilisés ... et ne sont pas nécessairement en mesure de retrouver un emploi immédiatement", a-t-il relevé. Pour ceux-là, il s'agit d'offrir avant tout "un accompagnement social" avant de les amener vers un emploi "quand la personne aura retrouvé les capacités".

Sanctionner les allocataires du RSA peut toutefois entraîner un "basculement dans la précarité", a mis en garde mercredi soir à l'Assemblée nationale le député (PS) Jérôme Guedj, qui peste contre la "béance de l'étude d'impact" du projet du gouvernement.

Selon des chiffres provisoires, fournis à sa demande par la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), environ 31.500 bénéficiaires du RSA ont été sanctionnés en juin 2022 (soit avant l'expérimentation) pour "non-respect d'une obligation du contrat d'engagement". Quatre mois plus tard, près de la moitié avaient perdu la totalité de leur allocation.

29 commentaires

  • 29 septembre 17:22

    Nos gouvernants ont tellement peu de courage qu après avoir prononcé les mots « activités obligatoires, ils rectifient en parlant de formations et d exemptions. Quand on sait que seulement 40 % des bénéficiaires du RSA sont inscrits à Pôle emploi comme demandeurs d'emploi, on comprend bien que le « a » de RSA veut tout dire sauf « active »! Un nouvel exemple de droits accordés sans devoirs en contrepartie, ce qui explique la mentalité actuelle des Français.


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