Dans un scénario de transition climatique désordonnée, les assureurs estiment que leurs tarifs seraient augmentés en 2050 de 158% en moyenne, voire jusqu'à 200% dans les zones les plus exposées, comme le littoral.

( AFP / ARNAUD FINISTRE )
Sécheresses, tempêtes, inondations... Les risques climatiques pèsent d'ores-et-déjà de plus en plus lourd sur les bénéfices des assurances et sur les primes que payent les assurés. Et la tendance devrait s'accentuer avec les années. L'ACPR, chargée de la surveillance de l'activité des banques et des assurances, a présenté mercredi 22 mai les résultats d'un exercice de stress-test climatique, destiné à vérifier la solvabilité des organismes d'assurance face au changement climatique.
Ce test, mené entre 2022 et 2024 est le second du genre pour l'ACPR, après un exercice pilote conduit en 2020, dont les résultats avaient été publiés 2021. Il s'agissait pour les assureurs de mesurer l'impact sur leurs bilans des principales hypothèses et scénarios de catastrophes, liées au changement climatique, fournis par l'autorité de régulation à court (2027) et long terme (2050). Quinze groupes représentant 90% du total de bilan des assureurs français ont participé à sa réalisation.
Que ce soit à court ou à long terme, les résultats "montrent une exposition significative des organismes d'assurance à des chocs liés au changement climatique , qui confirment la nécessité d'une prise en compte rapide de leur part (de ces phénomènes) à la fois dans leur stratégie, leur gouvernance, et leurs modèles internes le cas échéant", selon un communiqué de l'APCR.
Intégrer la transition climatique dans la stratégie
"Le scénario de court terme est relativement absorbable par les assureurs français, dans la mesure où ils ont des ressources importantes et où ça reste dans des ordres de grandeur significatifs, mais qui ne les mettent pas en difficulté", a indiqué lors d'une visioconférence la secrétaire générale de l'ACPR Nathalie Aufauvre.
L'exercice à plus long terme montre, lui, "la nécessité de réfléchir aux stratégies à mener pour vraiment prendre en compte cette transition climatique et l'intégrer dans la stratégie des entreprises", a-t-elle ajouté.
La question de l'assurabilité - les critères établis par un assureur pour déterminer si un client peut bénéficier d'une couverture ou pas - se pose car la disparité géographique des risques est grande entre les régions, donc "il faudra travailler sur la mutualisation des risques", explique la secrétaire générale. Par exemple, dans les Côtes-d'Armor, dans le cas d'un scénario du pire, celui d'une transition climatique désordonnée, le taux de résiliation pourrait atteindre 7,15% en 2050, selon les assureurs : sept logements sur 100 auraient ainsi des difficultés à s'assurer.
Des primes d'assurance triplées en 2050 ?
Mais "le risque d'inassurabilité est symétrique : il est à la fois du côté des assureurs et des assurés", a expliqué aux Échos le vice-président de l'ACPR, Jean-Paul Faugère. "On peut imaginer, compte tenu des variations de prix, que dans certains cas, les assurés pourraient renoncer à l'assurance", a-t-il expliqué.
Car les assureurs seraient amenés à augmenter les primes, parfois de manière drastique. Ainsi, interrogés sur le scénario d'une transition climatique désordonnée, les assureurs estiment que leurs tarifs seraient augmentés de 158% en moyenne, voire jusqu'à 200% dans les zones les plus exposées, comme le littoral. D'ailleurs, "trois quarts des assureurs interrogés envisagent des distinctions de primes selon les zones géographiques, a indiqué aux Échos Aurore Cambou, chef du service d'Analyse des risques assurance à l'ACPR.
"Les assureurs doivent donc poursuivre leurs efforts non seulement pour respecter les engagements pris en 2019 en faveur de la lutte contre le changement climatique et l'objectif de neutralité carbone à l'horizon 2050, mais également pour (...) faire face aux conséquences anticipées des risques extrêmes sur leur sinistralité et sur leurs actifs financiers", estime l'ACPR.
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