A la tête du Conseil d'orientation des retraites pendant neuf ans, Pirre-Louis Bras a été remplacé en octobre dernier.

Pierre-Louis Bras, le 11 juin 2015, à Paris ( AFP / THOMAS SAMSON )
"Les dépenses de retraites ne dérapent pas. C'est ce que j'ai dit, et c'est ce que l'on m'a reproché". A l'antenne de France Inter , le désormais ancien président du Conseil d'orientation des retraites (COR) a livré sa vision de la stratégie employée par le gouvernement pour mener à bien son projet de réforme, par un discours pas toujours aligné avec les travaux de l'institution. Le COR qui regroupe 41 membres (parlementaires, représentants du patronat et des syndicats, membres des grandes administrations et experts) est une instance d'expertise et de concertation, rattachée à Matignon mais qui travaille de façon indépendante.
"Le gouvernement a voulu, pour justifier sa réforme des retraites, construire un discours un peu dramatisant autour de cette question", a décrit Pierre-Louis Bras, mardi 21 novembre. "Cette histoire, qui servait à justifier la réforme, ne correspondait pas parfaitement à ce qui ressort des travaux du COR", a résumé celui qui avait fait l'objet de critiques du gouvernement, qui l'accusait de relativiser l'ampleur des déficits à venir. "J'ai traduit et reproduit ce que disaient les rapports du COR, d'où la tension" avec l'exécutif , juge t-il.
Un "choix sociétal" passé sous silence
Lors d'une audition à l'Assemblée en janvier 2023, Pierre-Louis Bras s'était attiré les foudres du gouvernement et de la majorité qui préparaient la réforme des retraites, en déclarant: "les dépenses de retraites ne dérapent pas". "Bien sûr, la France vieillit, c'est indéniable. Il y a aujourd'hui, 1,7 cotisant pour un retraité, il y en aura 1,4 en 2050. Pour autant, les dépenses ne dérapent pas, la charge ne va pas s'accroitre sur les actifs parce qu'on va donner moins à chacun des retraités demain relativement à ce que gagnent les actifs . Ces deux forces sont contradictoires et aboutissent en gros à une stabilisation voire une diminution de la charge des retraites. C'est pour ça que les dépenses de retraites ne dérapent pas", a t-il expliqué.
Pierre-Louis Bras regrette par ailleurs le choix des termes du débat, portés sur la question de la production plutôt que celle du bien-être. "En contrepartie de cette richesse supplémentaire, il y aura moins de temps libéré pour les loisirs, s'occuper des parents dépendants... C'est ça le choix sociétal, et c'est de ce choix dont on aurait dû discuter. C'est un choix sociétal qu'il faut faire en toute transparence, mais pas sous l'injonction de 'Demain, ça va être la faillite'", estime t-il.
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