par Humeyra Pamuk
Des représentants de haut rang américains et russes se réunissent mardi en Arabie saoudite pour ouvrir des discussions destinées à mettre fin au conflit entre la Russie et l'Ukraine, un rendez-vous sans précédent depuis que Moscou a lancé en 2022 une offensive dénoncée par Kyiv comme une invasion.
Cette réunion bilatérale s'inscrit également dans le cadre d'une apparente volonté des deux anciens rivaux de la Guerre froide d'améliorer leurs relations et pourrait ouvrir la voie à un sommet entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.
Le rendez-vous de Riyad a été amorcé par une conversation téléphonique entre le chef de la Maison blanche et le chef du Kremlin, alors que la plupart des dirigeants occidentaux s'étaient gardés de tout échange direct avec Vladimir Poutine depuis le lancement le 24 février 2022 de ce que Moscou a présenté comme une "opération militaire spéciale" en Ukraine.
Revenu au pouvoir à Washington il y a moins d'un mois, Donald Trump a opéré un virage significatif par rapport à la position adoptée par son prédécesseur Joe Biden, qui a accordé des milliards de dollars d'aides à l'Ukraine et considérait que la Russie ne voulait pas réellement mettre fin à son offensive.
Des représentants ont fait savoir que la délégation américaine serait composée du secrétaire d'Etat, Marco Rubio, du conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, Mike Waltz, et de l'émissaire spécial pour le Proche-Orient, Steve Witkoff.
Côté russe, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et un conseiller en politique étrangère du Kremlin, Youri Oushakov, prendront part aux discussions organisées à l'hôtel Ritz-Carlton de Riyad.
Avant ce rendez-vous, une réunion d'urgence sur l'Ukraine s'est tenue lundi à Paris à l'initiative d'Emmanuel Macron afin de tenter de convenir d'une stratégie commune de l'Europe, laquelle s'inquiète après la conversation Trump-Poutine d'un accord russo-américain aux dépens de Kyiv et du continent.
L'Ukraine répète qu'aucun accord ne peut être conclu en son nom lors des discussions en Arabie saoudite, auxquelles aucun représentant de Kyiv n'a été convié.
"PREMIER CONTACT"
Donald Trump, investi le 20 janvier pour un second mandat présidentiel, a promis par le passé de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine, sans expliquer comment.
Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a déclaré la semaine dernière lors d'une réunion à l'Otan que l'Ukraine devait abandonner l'objectif d'intégrer l'Alliance et qu'il était "irréaliste" de concevoir un retour aux frontières d'avant 2014 - l'année de l'annexion par la Russie de la péninsule de Crimée.
Washington a présenté la réunion saoudienne comme un "premier contact" destiné à évaluer le sérieux de la volonté de Moscou de trouver une issue au conflit.
S'exprimant devant des journalistes à Riyad, une porte-parole du département d'Etat américain a déclaré que le rendez-vous constituait "un suivi à la conversation initiale" entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour déterminer "si même un premier pas est possible, quels sont les intérêts, si cela peut être géré".
Le Kremlin a pour sa part laissé entendre que les discussions concerneraient l'ensemble des relations russo-américaines et serviraient également à préparer des négociations sur un potentiel accord concernant l'Ukraine, de même que préparer une rencontre entre les dirigeants russe et américain.
Rapportant samedi un entretien téléphonique entre Sergueï Lavrov et Marco Rubio, la présidence russe a déclaré que l'échange a porté sur l'assouplissement des barrières commerciales et les investissements entre les deux pays.
Les alliés de Kyiv, dont les Etats-Unis durant le mandat de Joe Biden, ont imposé plusieurs trains de sanctions contre la Russie pour son invasion de l'Ukraine, avec pour objectif d'affaiblir l'économie russe et les moyens de Moscou pour livrer bataille.
L'Arabie saoudite, citée par Donald Trump comme lieu probable d'une rencontre avec Vladimir Poutine, a joué un rôle dans la prise de contacts entre la nouvelle administration américaine et Moscou, contribuant notamment à la conclusion d'un échange de prisonniers la semaine dernière. Riyad s'implique par ailleurs auprès de Washington sur l'avenir de la bande de Gaza.
(Reportage de Humeyra Pamuk; version française Jean Terzian)
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