
Marylise Léon à Paris, le 24 septembre 2024. ( AFP / THOMAS SAMSON )
"Cette mesure de décalage de six mois, c'est un manque à gagner de presque une centaine d'euros sur six mois de revenus pour ces personnes", a calculé la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, au micro de BFM Business ce mercredi 3 octobre.
Que faire pour redresser les finances publiques ? Le projet de budget pour 2025, qui sera dévoilé le 10 octobre, prévoit un effort de 60 milliards d'euros, dont un report au 1er juillet de l'indexation des retraites sur l'inflation, selon une source gouvernementale mercredi 2 octobre.
Au micro de BFM Business ce mercredi, la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon a estimé que "cette mesure générale de cette nature est profondément injuste notamment pour les deux millions de retraités qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté", a déploré celle qui dit "défendre les retraités".
Les montants des pensions de retraite sont habituellement revalorisés au 1er janvier. "Cette mesure de décalage de six mois, c'est un manque à gagner de presque une centaine d'euros sur six mois de revenus pour ces personnes", a calculé la patronne de la CFDT. "Et la question se pose différemment si on gagne 1.000 euros de retraite ou quand on est à 3.000 euros", a-t-elle ajouté. "La question de la justice sociale est extrêmement importante et mon rôle de représentante syndicale c'est de toujours penser à hauteur de situations individuelles. Il y a des retraités qui pourront vivre avec ce décalage, pour d'autres ça va être beaucoup plus compliqué. Il faut être guidé par cette question de la justice sociale", a insisté Marylise Léon.
Une idée dans l'air du temps depuis le printemps dernier
L'idée de jouer sur l'indexation pour ralentir les dépenses publiques était dans l'air depuis le printemps dernier. L'ex-ministre du Budget Thomas Cazenave y avait fait allusion dès février, mais le président de la République avait immédiatement fait part de son opposition. En juin, après la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait répété son opposition. "Je vais être très clair, les retraites seront bien indexées sur l'inflation, le pouvoir d'achat des retraités, ce n'est pas une variable d'ajustement", avait-il assuré.
Selon le directeur de la Sécurité sociale (DSS), Pierre Pribille, auditionné mercredi matin au Sénat, l'indexation des pensions en janvier 2024 (+5,3%) a représenté "une dépense supplémentaire d'environ 15 milliards d'euros". L'idée de sous-indexer les retraites - risquée sur le plan électoral au regard de la part importante de retraités parmi les électeurs actifs - est défendue régulièrement par des économistes et experts. Ceux-ci rappellent que les retraités français jouissent d'un meilleur niveau de vie, par rapport aux actifs, que dans beaucoup d'autres pays.
Selon le rapport 2024 du Conseil d'orientation des retraites (COR), qui a fait une comparaison avec 11 pays occidentaux, la France et l'Italie présentent la situation la plus favorable aux retraités, avec un niveau de vie des 65 ans et plus qui représente respectivement 96 et 98% de celui de l'ensemble de la population. La Belgique et les Pays-Bas sont en queue de classement, avec un niveau de vie égal à 78 et 79% de la population. Le COR note également qu'en France, le décrochage du niveau de vie moyen après 75 ans, observé dans tous les pays, est parmi les plus faibles (-7 points sur le niveau de vie des 65-75 ans, contre -26 points en Suède).
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