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Réforme de l'Assurance chômage : les seniors loin d'être épargnés
information fournie par Boursorama avec Media Services 27/05/2024 à 18:22

Si le Premier ministre a assuré le maintien d'une "protection et de règles spécifiques", les seniors vont aussi être affectés par le projet mené par l'exécutif.

( AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT )

( AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT )

Avec la nouvelle réforme de l'assurance chômage les seniors sont loin d'être épargnés, même si des règles d'indemnisation spécifiques vont perdurer, et les experts se montrent peu convaincus par le "bonus" visant à leur faire reprendre un emploi.

S'ils sont moins au chômage que la population générale (5,1% pour les 50 ans et plus contre 7,5% pour la population générale au premier trimestre), les seniors ont plus de mal à retrouver un emploi. Leur taux d'emploi est inférieur à la moyenne de l'Union européenne (56,9% en 2022 pour les 55 à 64 ans, contre une moyenne européenne de 62,4%).

Pour cette raison, le Premier ministre Gabriel Attal a dit refuser que la "filière seniors soit supprimée, car il est important de maintenir une protection et des règles spécifiques", alors que certains dans son camp, à commencer par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire plaidaient pour aligner leur durée d'indemnisation sur celle des autres chômeurs.

Pour autant, les seniors sont loin d'être épargnés par la réforme.

Actuellement, les salariés âgés de 53 et 54 ans peuvent être indemnisés jusqu'à 22,5 mois et ceux de 55 ans et plus jusqu'à 27 mois (contre 18 mois pour les moins de 53 ans). Des durées déjà rabotées depuis février 2023 avec la précédente réforme.

Avec les nouvelles règles qui doivent s'appliquer au 1er décembre, le premier palier disparaîtra - d'un coup - et le bénéfice d'une indemnisation plus longue sera réservé aux chômeurs de 57 ans et plus (jusqu'à 22,5 mois).

Cette mesure était "un peu un implicite de la réforme des retraites" qui a décalé l'âge de départ, note auprès de l'AFP Eric Heyer, économiste à l'OFCE.

Mais "c'est quand même particulièrement violent" pour les seniors, constate Annie Jolivet, économiste au CEET-Cnam, pointant le fait qu'ils sont "doublement affectés" avant 57 ans et au-delà avec une durée maximale d'indemnisation rabotée.

Les syndicats, qui fustigent globalement une réforme "violente", pointent à l'instar de Solidaires sa "brutalité absolue" pour les seniors, les moins de 57 ans étant "les grands perdants", selon FO, tandis que la CFTC craint qu'ils ne soient "massivement renvoyés au RSA".

"Senior-discount"

Pour favoriser leur reprise d'emploi, le gouvernement crée un "bonus emploi senior" qui permettra de compléter pendant un an un salaire moins élevé que le précédent. Ce complément versé par l'assurance chômage permettra de compenser le manque à gagner pour les salaires jusqu'à 3.000 euros.

"Ce que l'on entend souvent, c'est que les seniors vous disent: retrouver un emploi, peut-être, mais au même salaire, c'est plus compliqué", a expliqué la ministre du Travail Catherine Vautrin lundi sur RMC/BFMTV, vantant un dispositif "effectivement plus incitatif".

Si côté patronal, la CPME y voit "une bonne idée", ce "bonus" est perçu par les syndicats comme "un cadeau au patronat" voire une forme de "senior-discount" pour la CFE-CGC.

Les économistes ne sont pas non plus convaincus, par ce que Bruno Coquet (OFCE) présente comme "encore une fois une solution du vieux monde".

Annie Jolivet relève plusieurs "soucis majeurs" dont le fait qu'"il ne concernera que les personnes indemnisées", soit moins de la moitié des demandeurs d'emploi.

"C'est une petite ristourne" aux chefs d'entreprise qui va avoir "des effets d'aubaine" mais "est-ce une réponse pour les seniors?", questionne Eric Heyer. "On risque de précariser un peu l'emploi des seniors, où finalement on va leur proposer des CDD d'un an et décotés".

In fine, dit-il, le gouvernement était "énormément" attendu sur l'employabilité des seniors, ce qui "manque" à ce stade.

"On est loin du compte au regard du problème" sur les seniors, abonde le vice-président de l'ANDRH Benoit Serre. Il attend "une annonce au moins aussi puissante sur les sujets de formation, de compétence, de deuxième partie de carrière, etc".

Le Premier ministre a promis de nouvelles mesures dans l'"acte II" de la réforme du marché du travail, citant l'index seniors ou le CDI seniors. Il demandera à Catherine Vautrin "de lancer des négociations après l’été, pour un texte de loi d’ici à la fin de l’année" L'occasion aux yeux de Benoit Serre, pour les partenaires sociaux "d'améliorer la copie".

6 commentaires

  • 28 mai 07:10

    Le 9 juin, il faut sanctionner ce gouvernement brutal et cynique qui ne s'en prend qu'aux travailleurs de base. Jamais une mesure restrictive concernant l'assistanat et les aides sociales en tout genre mais leur main ne tremble pas pour retarder l'âge de départ à la retraite ou l'indemnisation du chômage. Une honte.


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