Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

"Réduire la dette, ce n'est ni de gauche ni de droite" : le plaidoyer de Pierre Moscovici
information fournie par Boursorama avec Media Services 15/07/2024 à 11:33

Dans un nouveau cri d'alerte sur l'état des finances publiques, le premier président de la Cour des comptes exhorte les forces politiques à faire front commun sur la nécessité de rééquilibrer les comptes de l'Etat, face à la menace d'une paralysie de l'action publique.

Pierre Moscovici, à Paris, le 28 août 2023 ( AFP / ALAIN JOCARD )

Pierre Moscovici, à Paris, le 28 août 2023 ( AFP / ALAIN JOCARD )

"Il est impossible de faire de bonnes politiques publiques, de quelque nature que ce soit, sans finances publiques saines". Dans les colonnes des Echos , Pierre Moscovici a insisté sur la nécessité de réduire la dette, qui constitue un "impératif" qui "doit être partagé" par toutes les forces politiques.

Dans un rapport présenté lundi 15 juillet, les magistrats financiers de la Cour des comptes dressent un bilan préoccupant des comptes publics, susceptibles de pâtir encore de l'incertitude politique post-législatives. "Réduire notre dette est une ardente obligation. Ce n'est ni de gauche ni de droite : c'est d'intérêt général!", souligne Pierre Moscovici, dans un entretien au journal d'actualité économique

Le premier président de la Cour des comptes a enfoncé le clou à l'antenne de France Inter : "Qui que ce soit qui gouverne demain la France, le prochain gouvernement devra s'emparer de cette situation de finances publiques". "Un Etat endetté est un Etat paralysé", juge t-il.

Dans cette optique, "il y a plusieurs façons" de réduire la dette publique. "C'est la démocratie, mais cet impératif doit être partagé". "Je le dis à toutes les forces politiques, à chacun ses remèdes, mais il faut un consensus pour réduire la dette", explique Pierre Moscovici.

"Dérapage"

La France, contre laquelle l'Union européenne compte valider l'ouverture d'une procédure pour déficit public excessif, doit ramener en 2027 dans la limite européenne de 3% du PIB un déficit public ayant dérapé à 5,5% l'an dernier. Le 11 juillet, le ministre de l'Economie et des finances Bruno Le Maire expliquait devoir "dégager 25 milliards d'euros d'économie" pour "tenir" les objectifs de finances publiques. "Si on disait 20 milliards la semaine dernière, et 25 milliards maintenant, c'est qu'il y a 5 milliards de plus", a réagi Pierre Moscovici sur France Inter. "Ces 5 milliards de plus correspondent probablement à un dérapage", note l'ancien ministre de l'Economie et des Finances de François Hollande.

Évolution de l'indice des prix à la consommation, en glissement annuel, en %, selon l'Insee ( AFP / Sylvie HUSSON )

Évolution de l'indice des prix à la consommation, en glissement annuel, en %, selon l'Insee ( AFP / Sylvie HUSSON )

La France doit aussi réduire sa dette qui s'est creusée à presque 3.160 milliards d'euros à fin mars (soit près de 111% du PIB, contre 60% selon les critères européens). Selon Pierre Moscovici, "si le remboursement de la dette absorbe toute marge de manoeuvre, il sera impossible d'investir dans l'avenir, en particulier pour la transition écologique".

"A chacun ses remèdes"

S'il appelle à un rééquilibrage des comptes, l'ancien ministre redit son scepticisme face à des cures trop drastiques. "Je n'ai jamais été un partisan de l'austérité ! Elle appauvrit l'Etat et compromet la croissance", a t-il décrit aux Echos, avant d'affirmer sur France Inter qu'elle "appauvrit, qu'elle dessèche et qu'elle crée des révoltes". "Nous l'avons payé cher après la crise financière de 2008. Et d'une certaine façon, nous le payons encore avec la montée de certains votes qui s'en nourrissent. Ce n'est pas du tout ce que je préconise. En revanche, nous devons faire preuve de sérieux budgétaire pour retrouver des marges de manoeuvre", affirme t-il.

L'ancien ministre voit différentes options pour un objectif commun : "A chacun ses remèdes, mais il faut arriver à un consensus pour réduire la dette", insiste t-il.

"Nous avons deux dettes, une dette financière et une dette climatique", selon l'ancien commissaire européen qui rappelle que l'an prochain la Cour consacrera un nouveau rapport annuel à la question de l'investissement dans la transition écologique. "La contrainte climatique pourrait pousser à la hausse notre dette publique de 5 à 7 points de PIB", estime-t-il, ajoutant que "la prochaine trajectoire budgétaire doit impérativement intégrer les impacts du réchauffement climatique, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui".

25 commentaires

  • 15 juillet 18:15

    Cette discussion doit être basée sur des bases saines. Il est impossible de baisser l'endettement si les déficits persistent. Le déficit 5,5 % de l'année 2023 c'est mignon, mais il représente 154 milliards. le budget annuel "dépenses" est d'environ 350 mds, donc le vrai déficit est de 155/350 = 44 %. Il fait peur. Nos gouvernants sont incapables de le réduire.


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi