Figure connue du paysage médiatique français, le gouverneur François Villeroy de Galhau tient les rènes de la célèbre institution depuis une décennie, avec des transformations multiples.
 
    Francois Villeroy de Galhau, à Francofort, le 22 novembre 2024 ( AFP / KIRILL KUDRYAVTSEV )
Vaste réorganisation, nouvelle imprimerie, réductions d'effectifs: les dix ans du gouverneur François Villeroy de Galhau à la tête de la Banque de France ont changé le visage de l'institution, une évolution volontariste qui a toutefois creusé un fossé avec les représentants du personnel.
Outre ses prérogatives en termes de politique monétaire, l'institution est un acteur économique clé présent partout en France, pour des missions aussi diverses que l'évaluation financière des entreprises, la lutte contre le surendettement ou le recyclage des billets.
François Villeroy a été nommé en 2015 au poste de gouverneur, puis reconduit en 2021 pour un deuxième et dernier mandat, jusqu'en 2027. Son mantra, "rendre le meilleur service au meilleur coût", a permis de rendre la Banque plus performante, mais aussi plus fiable et plus crédible, fait valoir la Banque de France dans un document remis à l'AFP. La présence en région a été fortement remodelée, avec une logique de guichet d'entrée pour les succursales départementales et l'appui de centres régionaux, dont le nombre est passé de 22 à 13 sur la période, pour le traitement des dossiers.
L'activité fiduciaire, chargée du tri et de la remise en circulation des billets, a suivi le même régime, dans un contexte de moindre utilisation du cash: les caisses sont passées de 51 à 14, avec en parallèle un recours à des prestataires privés.
Ces évolutions ont entraîné la réduction de plus d'un quart des effectifs. La Banque comptait précisément 12.269 équivalents temps plein en 2015, contre 8.813 fin 2024, selon ses rapports annuels.
Climat et surendettement
L'institution a également rogné sur la politique d'avancement de ses agents et accéléré le recrutement de contractuels. Une évolution "aux antipodes de la culture de la Banque", déplore Hugo Coldeboeuf, délégué syndical de la CGT.
Les dix ans de Villeroy de Galhau à la Banque de France ont également débouché sur le lancement de la construction d'une imprimerie de billets à côté de la papeterie de Vic-le-Comte, dans le Puy-de-Dôme, en remplacement de l'actuelle, située à Chamalières.
Sur le plan du climat, l'ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn et banquier chez BNP Paribas a fait de la "vieille dame" la banque centrale la plus verte du G20, selon un classement de l'ONG Positive Money. Le gouverneur "a contribué largement à l'éveil des entreprises françaises" en matière de responsabilité sociétale, ajoute Elizabeth Ducottet, membre du conseil général de la Banque.
Il a également œuvré à la féminisation de cette instance et à une plus forte notoriété de l'institution, à la faveur de prises de paroles régulières dans les médias.
Le rôle de lutte contre le surendettement s'est par ailleurs doublé dès le début de son premier mandat par le lancement d'une politique d'éducation financière, avec le programme Educfi.
Dialogue de sourds
Ces transformations multiples n'ont pas reçu un large soutien en interne: seul un salarié sur deux dit adhérer aux orientations stratégiques en cours, selon un baromètre de 2022.
De l'avis partagé des syndicats de la Banque, le climat social s'est dégradé.
A titre d'illustration, le dernier projet d'accord sur la qualité de vie et les conditions de travail présenté par la direction en septembre n'a par exemple reçu aucune signature de la part des principales organisations syndicales, un fait rare.
En dix ans, "j'ai vu quand même une nette évolution, avec un durcissement de l'écoute, avec des passages en force beaucoup plus fréquents", estime le secrétaire général du SNABF-Solidaires Benoît Chauvet, pour qui "le dialogue est devenu impossible".
La filiale gérant la papeterie de la Banque de France, EuropaFi, a trainé en début d'année son propre Comité social et économique (CSE) devant la justice, sans obtenir gain de cause.
Les syndicats regrettent aussi la gestion par la direction de deux cas de suicide parmi les salariés, l'un d'eux ayant laissé une lettre pointant ses conditions de travail. "Le dialogue social est cassé", observe M. Coldeboeuf. Selon lui, "il n'y a plus d'espace de négociation, c'est très frustrant pour tout le monde".
 
                                            
                                            
                                         
                                            
                                            
                                         
                                            
                                            
                                         
                                            
                                            
                                        
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