Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont consolidé jeudi leur mainmise sur la ville d'Uvira dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), rapportent des habitants.
Des coups de feu sporadiques ont retenti dans les faubourgs dans la matinée. En dépit des tensions, des habitants en quête de nourriture se sont risqués à sortir après avoir passé la journée de la veille reclus dans leurs maisons. D'autres ont fui dans la campagne environnante ou vers le Burundi voisin.
Uvira est la dernière grande ville de la province du Sud-Kivu qui échappait encore au contrôle du M23. Elle abrite le siège du gouvernement provincial nommé par Kinshasa depuis la prise de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, par le M23 en février.
"Le gouvernement nous a dit qu'Uvira ne tomberait jamais, que la situation était sous contrôle", témoigne un enseignant, Godefroid Shengezi. "La réalité aujourd'hui est tout l'inverse."
Ce père de famille dit ne plus avoir de nouvelles de ses trois jeunes enfants et redoute qu'ils aient franchi la frontière pour se réfugier au Burundi, où les autorités déclarent avoir comptabilisé des milliers de réfugiés durant ces derniers jours.
L'Alliance Fleuve Congo, coalition rebelle comprenant le M23, assure que les habitants d'Uvira ne craignent rien et peuvent reprendre leurs activités quotidiennes.
La nouvelle percée du M23, qui s'est également emparé en début d'année de Goma, capitale du Nord-Kivu, met à mal l'accord de paix ratifié par les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi sous l'égide de Donald Trump lors d'une cérémonie à Washington il y a une semaine, le 4 décembre.
KINSHASA DÉNONCE L'"AGRESSION" RWANDAISE
Dans un communiqué diffusé mercredi soir, le gouvernement congolais a appelé la communauté internationale à prendre des "mesures urgentes" pour assurer le respect de l'accord, accusant le Rwanda de le mettre en péril par son "agression".
La ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, a exhorté Washington à étendre les sanctions ciblées contre le Rwanda afin de "restaurer la crédibilité" de ses efforts de médiation.
Kigali dément soutenir le M23 et accuse la RDC et le Burundi d'avoir relancé les hostilités.
Les rebelles du M23 n'ont pas participé à la médiation conduite par les Etats-Unis. Ils sont engagés dans des pourparlers parallèles avec le gouvernement congolais, sous l'égide du Qatar.
Selon les Nations Unies, quelque 200.000 personnes ont fui les combats ces derniers jours et des dizaines de civils ont été tués. Près de 25.000 personnes ont rejoint le Burundi entre le 5 et le 8 décembre, a déclaré un porte-parole de l'Onu mercredi.
(Sonia Rolley et la rédaction en RDC; Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet)

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